Lecture analytique d'Oedipe
Publié le 23/05/2020
Extrait du document
«
I.
Une scène de dénouement : épilogue qui dénoue la crise et rétablit l'ordre
1.
Scène de l'apaisement : les énigmes ont trouvé leurs solutions
- le sort des personnages est déjà réglé avant cette scène : Œdipe a compris qu'il était le meurtrier
de son père et qu'il couchait avec sa mère, Jocaste est déjà morte, Œdipe s'est crevé les yeux = sc ène
d'apaisement car le départ d'Œdipe signe la fin de la peste d an s Thèbes (l.
23), puisqu'il en éta it
cause.
- moment de la journée est symbolique : le jour cf Œdipe dit "La journée sera rude" (l.
20) =
s'opp ose à t ou t le reste de la pièce, qui se déroulait la nuit (acte I sur les remparts p our la rencontre
avec le fantôme, acte II à la tombée de la nuit p ou r la rencontre a ve c le sphinx, acte III la nuit de
noces) : c'est d on c le moment de la vérité : "J'y vois clair, Tirésias" (l.
19), alors qu'avant l'obscurité
signifiait l'ignorance
- le lieu est symbolique aussi : aspect cyclique de la pièce : Œdipe quitte Thèbes, mais il quitte
aussi la scène + descend les escaliers, aidé par sa mère et Antigone cf acte I où Jocaste, aidée par
Tirésias, montait les escaliers à la rencontre du fantôme de Laïus et les redescendait en compagnie
du jeune soldat.
Si au 1er acte Jocaste montait vers la vérité mais ne la trouvait pas, ici Œdipe
desc en d l'escalier la vérité connue.
La boucle est bouclée.
2.
L'instauration d'un nouvel ordre
Il y a un renversement des rôles :
- Œdipe est déchu , diminué : il inspire la terreu r et la pitié cf réaction de Créon : "Pourquoi,
pourquoi a -t-il fait cela ? Mieux valait la mort."
- Créon devient régent et prend son rôle très au sérieux cf ne cesse de donner des ordres : termes
jussifs et futurs autoritaires : « Il est impossible qu’on laisse...
» ( l.
21) ; « Je vais donner des
ordres...
» (l.
31) ; « Je n’autoriserai pas cette petite...
» (l.
56) ; « Je ne te laisserai pas [...] sortir en
liberté.
»(l.
83 -84) ; « J’ai le devoir...
»(l.
84).
L’interpellation d’Antigone : « Antigone ! Antigone !
Je t’ appelle » (l.
58), comme la graphie, détachant les syllabes « C’est im -pos -sible » (l.
83) font
entendre le ton impératif du personnage, imbu de son nouveau pouvoir, — ce que dénote également
la récurrence de l’indice personnel « je ».
- Tirésias, malmené t out au long de la pièce, retrouve la dignité due à sa fonction et use de son
autorité acceptée et reconnue. Lorsque Créon veut passer en force pour retenir Œdipe, Tirésias
s’interpose impérativement, lui intimant un ordre sans réplique : « Halte ! » (l.
1) .
Il ose empoigner
le régent — c’est le verbe employé par la didascalie — et même le faire taire en lui mettant la main
sur la bouche sans égards pour sa dignité.
Il use de son autorité pour le convaincre de laisser partir
Œdipe accompagné d’Antigone :
« I ls ne t’appartiennent plus, ils ne relèvent plus de ta puissance » (l.
85 -86), le présupposé étant
qu’ils appartiennent à une autre puissance, celle du monde invisible que lui, aveugle, voit, — et, de
mauvais gré, Créon s’exécute.
- Cette dignité retrouvée est sensible dans ses nouveaux rapports avec Œdipe.
Il lui offre son bâton
d’augure, on peut dire fraternellement : ne sont -ils pas l’un et l’autre aveugles et voyants ? = sorte
d'identité qui se f ait entre les deux pers onnages , qui montrent qu'Œdipe se rapproche un peu des
Dieux.
Le futur dénote la certitude du devin qu’Œdipe est promis à un avenir autre que le malheur
présent : « il lui portera chance »
(l.
13 -14).
L’échange entre les deux hommes est amical, apaisé.
« J’accepte » (l.
16) est répété deux
fois et c’est le moment où, de lui -même, Œdipe reconnaît son aveuglement d’autrefois : « Souvenez -
vous, autrefois, il y a dix -huit ans, j’ai vu dans vos yeux que je deviendrai aveugle et je n’ai pas su
comprendre.
J’y vois clair.
» (l.
17 -19 ) L’opposition passé/prés ent, l’exploitation de la polysémie
du verbe « voir » expriment avec concision le renversement de la situation d’Œdipe et sa nouvelle
relation avec Tirésias..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Lecture analytique du poème "Le goût du néant" de Charles Baudelaire
- Lecture analytique Les justes Albert Camus/ Acte II
- Lecture analytique Les justes Albert Camus/ Acte I
- lecture analytique Molière La mort d’Argan- Le malade imaginaire- Molière
- Lecture analytique n° 8 Le Malade imaginaire de Molière, Acte I, scène 5 (1673) SCÈNE 5 - ARGAN, ANGÉLIQUE, TOINETTE