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LECONTE DE LISLE

Publié le 09/12/2021

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Né à l'île Bourbon (La Réunion), Charles LECONTE DE LISLE y passe ses premières années. Il y fera ensuite deux longs séjours, dont le dernier se termine en 1845. A cette date, il s'installe à Paris comme rédacteur d'un journal fouriériste, La Démocratie pacifique. Il végète dans le journalisme, et connaît des difficultés matérielles d'autant plus grandes, que l'abolition de l'esclavage pour laquelle il a lutté, entraîne la ruine de ses parents, qui cessent de lui envoyer des subsides. Le coup d'État de 1851 lui ôte ses illusions sur la possibilité d'éduquer le peuple. Il se laisse gagner par le pessimisme, renonce à l'action, et se consacre entièrement à la littérature. Bien que les poètes du Parnasse contemporain le considèrent comme le plus grand d'entre eux, il reste jusque vers 1870 relativement ignoré. La Troisième République lui apporte enfin avec la célébrité l'aisance matérielle, en faisant de lui le bibliothécaire du Sénat, et veut bien oublier que sous le régime précédent, il ne s'est pas gardé pur de toute compromission. Hautain, d'une froideur extrême, « glorieusement inabordable », il joue son rôle de grand homme. C'est à lui qu'échoit l'honneur, en 1886, de remplacer Victor Hugo à l'Académie française.

« LECONTE DE LISLE Né à l'île Bourbon (La Réunion), Charles LECONTE DE LISLE y passe ses premières années.

Il y fera ensuite deux longsséjours, dont le dernier se termine en 1845.

A cette date, il s'installe à Paris comme rédacteur d'un journal fouriériste, LaDémocratie pacifique.

Il végète dans le journalisme, et connaît des difficultés matérielles d'autant plus grandes, quel'abolition de l'esclavage pour laquelle il a lutté, entraîne la ruine de ses parents, qui cessent de lui envoyer des subsides.Le coup d'État de 1851 lui ôte ses illusions sur la possibilité d'éduquer le peuple.

Il se laisse gagner par le pessimisme,renonce à l'action, et se consacre entièrement à la littérature.

Bien que les poètes du Parnasse contemporain leconsidèrent comme le plus grand d'entre eux, il reste jusque vers 1870 relativement ignoré.

La Troisième République luiapporte enfin avec la célébrité l'aisance matérielle, en faisant de lui le bibliothécaire du Sénat, et veut bien oublier quesous le régime précédent, il ne s'est pas gardé pur de toute compromission.

Hautain, d'une froideur extrême, «glorieusement inabordable », il joue son rôle de grand homme.

C'est à lui qu'échoit l'honneur, en 1886, de remplacer VictorHugo à l'Académie française. PRINCIPALES OEUVRES Poèmes antiques (1852; édition définitive : 1872).

L'inspiration de ce recueil se partage entre l'antiquité grecque (Niobé, Hélène, Khirôn) et l'antiquité hindoue (Bhagavat, La Vision de Brahma). Poèmes barbares .

Le premier titre (1862) était Poésies barbares.

L'édition définitive date de 1878. Quelques-uns de ces poèmes décrivent la nature tropicale, telle que Leconte de Lisle l'avait connue et aimée à l'îleBourbon.

La plupart racontent des légendes ou des mythes empruntés aux pays scandinaves (Le Cœur d'Hialmar, LeJugement de Komor), à l'Espagne (La Tête du comte), à l'antiquité biblique (Qaïn), à l'Orient.

Dans l'histoire religieuse del'humanité, objet essentiel de son étude, le poète ne trouve que fanatisme et massacres.

Cette constatation renforce sonpessimisme (Le Vent froid de la nuit), le désir qu'il a de son propre anéantissement (Fiai nox) et de la fin du monde(L'Anathème, Solvet saeclum). Poèmes tragiques (1884). Ce recueil est surtout constitué de légendes cueillies çà et là dans l'histoire des civilisations pour montrer la cruauté deshommes et le fanatisme des religions.

Le ton est parfois d'une extrême violence, comme l'atteste cette définition du moyenâge : "hideux siècles de foi, de lèpre et de famine". SON GÉNIE POÉTIQUE Ce poète apparaît d'abord comme un pur artiste, très proche de Théophile Gautier par sa préoccupation constante de labeauté, son style d'une rare plénitude, son mépris pour tout ce qui est improvisation et facilité.

Il dessine des tableauxsans doute académiques, mais d'un tel relief qu'ils matérialisent à nos yeux le monde exotique ou barbare, la légende et lerêve.

Estimant que « l'art et la science doivent tendre à s'unir étroitement », il oppose aux débordements de l'imaginationromantique une méthode fondée sur l'observation et la documentation.

Son effort vers la poésie savante ne va pas sansquelque pédantisme.

Il a, par exemple, une manière étrange et qui n'appartient qu'à lui d'orthographier les noms propresde l'antiquité.Selon Jean Moréas, son art est « tout caparaçonné, tout pesant, ignorant du sacrifice ».

Notre génération lui reprochel'abus de la déclamation, le goût d'une fausse grandeur.

Assurément ses conceptions poétiques sont à l'antipode desnôtres.

Il n'en représente pas moins un moment important dans l'histoire de notre poésie. SA PENSÉE Il fut dans sa jeunesse, l'adepte du romantisme humanitaire, puis le disciple de Fourier.

L'échec de la révolution de 1848 lepénétra d'amertume sans entamer ses convictions républicaines, qui lui ont inspiré plusieurs ouvrages de vulgarisationpubliés après 1870.Il n'avait reçu dans sa famille aucune formation religieuse.

Son indifférence se changea en hostilité, lorsqu'il vit l'Église fairealliance avec l'Empire.

Il se laissa donc entraîner par le grand courant de pensée rationaliste qui traverse son époque.

Uneimportante partie de son oeuvre est consacrée à une critique passionnée des religions.

Il s'en prend surtout à la religionjudéo-chrétienne.

Se plaçant dans le cadre de la tradition biblique, il dénonce la cruauté de Jéhovah et dresse en face delui « Qaïn, » meurtrier irresponsable, porte-parole de l'humanité injustement maudite.Son pessimisme accru par de nombreuses déceptions fit de lui un adepte de la philosophie hindoue, dont il doit larévélation à l'orientaliste Burnouf.

Il pense que tout est illusion, écoulement sans fin.

Rien ne s'arrête, rien n'existe que lamort.

Le sage ne peut, selon l'enseignement de la religion hindoue, que souhaiter « le néant divin », « la paix impassibledes morts ». LIMITES DE SON INSENSIBILITÉ Comme il le dit.

dans la préface des Poèmes antiques, il réprouve « l'aveu public des angoisses du coeur et de sesvoluptés », les effusions lyriques.

Pourtant, une émotion discrète, mais poignante affleure parfois dans son oeuvre (LeManchy, L'Illusion suprême).

D'autre part, s'il s'interdit le plus souvent les confidences sentimentales, il se permet lesconfidences intellectuelles.

Sa conception du monde, sa philosophie religieuse transparaissent à travers les imageséclatantes de ses somptueux poèmes.

On ne doit donc parler de son impersonnalité qu'avec prudence.

Convenonsd'ailleurs qu'il s'élève au-dessus de lui-même, dans la mesure où son oeuvre traduit des préoccupations et des angoissesqui furent celles d'une partie de l'élite intellectuelle française, sous le Second Empire et au début de la TroisièmeRépublique.. »

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