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Leçon n°5: Le travail et la technique nous aliènent-ils ?

Publié le 02/06/2022

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philosophie

« Leçon n°5: Le travail et la technique nous aliènent-ils ? Lien avec les précédentes leçons: la technique est développée par la science et mise à son service, elle augmente le champ de notre perception autant que le champ de notre action.

Toutefois, la technique est également récupérée par la guerre et reçoit donc une application militaire qui semble la détourner de la bonne fin qui pourrait être la sienne.

A la manière d'un outil, sa qualification morale dépend de l'usage que l'on en fait, elle peut servir l'humanité dans son ensemble par la science ou détruire l'humanité dans son détail par la guerre.

C'est donc dans certains cas spécifiques que la technique est susceptible de devenir délétère, ce qui ne serait pas le cas si elle était subordonnée au principe fondamental de la médecine par exemple: Primum non nocere ("premièrement, ne pas nuire"). Littéralement, l'aliénation c'est rendre étranger à soi-même, notamment dans le domaine patrimonial (céder, vendre, détruire).

Elle a également un sens médical comme égarement d'esprit, privation de la pleine disposition des facultés intellectuelles et mentales.

En outre, elle désigne la privation de ce qui constitue notre raison d'être, notre raison de vivre. Le terme "travail" renvoie en vieux français à un effort pénible et douloureux, dans la continuité de son étymologie (trepalium) qui correspond à un instrument de torture.

De façon générale, il s'agit du fait d'être appliqué à une tâche, qu'elle soit intellectuelle ou physique, afin de produire quelque chose.

De façon plus restreinte, il renvoie à une activité professionnelle, à un emploi.

Par extension, il désigne également le résultat, le produit, de cet effort. Au sens large, la technique désigne un savoir-faire particulier qui conditionne la réalisation réussie d'un ouvrage.

Toutefois, en un sens plus strictement philosophique, c'est l'ensemble des outils, moyens ou instruments dont l'homme dispose au gré de ses intentions.

C'est pourquoi il existe un glissement terminologique de ce dernier sens vers le mot "technologie". Le lien entre le travail et la technique est assez manifeste: le travail produit la technique et la technique est le corollaire du travail.

En effet, l'homme produit des outils (homo faber) et se sert de ces outils pour produire.

Dès lors, si le travail développe la technique et que la technique développe le travail, nous pourrions dire qu'il n'y a pas aliénation mais, au contraire, libération.

Car le travail, grâce à la technique, semble devenir moins pénible, plus rapide, moins coûteux en termes d'effort, davantage fiable et davantage rentable: il est optimisé.

Ainsi, la technique contribue à libérer l'homme du travail qui est une nécessité au motif que l'homme a des besoins qu'il doit sustenter par le travail. En outre, la mécanisation des ouvrages humains a permis l'allongement de l'espérance de vie, la réduction des périls au travail ou encore la disposition de davantage de temps libre à consacré à des actives non-productives mais essentielles à l'homme. Est-ce à dire que l'homme reste toujours maître de la technique et que le travailleur reçoit bel et bien toujours les fruits de son travail ? C'est là que le bât blesse.

En effet, la révolution industrielle n'a pas amené que des jours heureux.

Si l'espérance de vie a augmenté, ce n'est toutefois pas forcément en bonne santé.

Au Moyen-Âge, il y avait beaucoup plus de jours fériés, sans travail.

A cet égard, la distinction traditionnelle entre otium (le temps libre) et negocium (le temps travaillé) a connu une inversion à l'échelle des connotions: autrefois, l'otium était le lieu proprement humain alors que le negocium était le lieu de la nécessité et de la servilité; aujourd'hui, l'otium est apparenté au loisir, à l'oisiveté, à un temps perdu, propre aux fainéants, car non-productif.

Si les périls au travail diminuent, d'autres cependant apparaissent à l'image du syndrome d'épuisement professionnel.

Ceci n'est pas sans lien avec la façon dont sont traités les travailleurs: on parle de "ressources humaines" dans les entreprises, c'est une réification de l'humain.

De nombreux emplois se robotisent et cela va de pair avec le licenciement d'un certain nombre de travailleurs et, par conséquent, avec l'augmentation du chômage et de la pauvreté.

Un travail plus rapidement et efficacement réalisé devrait naturellement. »

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