Lecoin (Louis)

« 1 / 2 6 septembre 1967 Série C-45 Fiche N° 1961 Lecoin (Louis) 1.

La vie de M.

Louis Lecoin a souvent été proposée comme un exemple de fidélité active et constante à un idéal.

Cet anarchiste conséquent a suscité en diverses occasions des mouvements d'une ampleur gigantesque et a su forcer l'estime des milieux les plus divers.

On a pu dire qu'il fut, à diverses reprises, « un moment de la conscience humaine ...

Pourtant l'intransigeance de ses principes n'a pas stérilisé son action.

2.

Fils d'un pauvre journalier illettré, Louis Lecoin, né en 1888 à Saint-Amand­ Montrond, eut une enfance misérable mais réchauffée par la tendresse compréhen­ sive de sa mère.

Les humiliations subies par ses parents déposent en lui les germes de la révolte et nourriront sa fierté de les avoir vengées.

Lecoin va passer trois ans (de 13 à 16 ans) dans une ferme-école, formation illusoire car les élèves ne servent guère que de valets de ferme.

A partir de 1905, il travaillera à Paris comme jardinier.

Ses compagnons l'initient aux problèmes sociaux.

Anarchiste de cœur dès 1905, il se cultivera peu à peu avant que la prison ne lui donne, amplement, le loisir de fai_re son éducation d'autodidacte.

3.

Il participe à sa première grève en 1906, manifeste le 1er Mai de la même année et est arrêté.

Dès lors, Lecoin sera de tous les mouvements revendicatifs, assistera à toutes les réunions socialistes et anarchistes.

Après quelque hésitation, il répond à l'appel sous les drapeaux; mais, en octobre 1910, il refuse de marcher contre les cheminots en grève.

Il passe en conseil de guerre, récolte six mois de prison.

Démobilisé en 1912, il travaille dans le bâtiment, adhère à la Fédération communiste anarchiste.

La haine de la guerre animera alors toute son action.

La propagande pacifiste qu'il avait déjà commencée à la caserne et ses refus successifs de rejoindre son régiment lui vaudront à partir de 1912 huit ans .de prison (Louis Lecoin a passé, au total, douze ans dans diverses geôles).

4.

Après la première guerre mondiale, Lecoin provoquera de vastes campagnes en faveur d'Ascaso, Durutti et Jover, anarchistes espagnols qu'il sauva de l'extra­ dition, et, surtout, en faveur de Sacco et Vanzetti, remuant, en vain, ciel et terre pour sauver les deux hommes.

En septembre 1939, il lance l'appel pacifiste «Paix immédiate! " signé par des personnalités dont bon nombre le renieront.

Arrêté, il reste interné deux ans sans jugement.

Pendant six ans (1957-1963) il lutte pour l'adoption d'un statut légal des objecteurs de conscience qu'il finira par arra.cher après avoir fait la grève de la faim pendant vingt-deux jours en 1962.

5.

Louis Lecoin continue de lutter.

Il lutte contre tout ce qu'il considère comme iniquités, quelles qu'en soient les victimes.

Mais surtout, il lutte contre la guerre, contre toutes les guerres (le but principal fixé à son action est la fin des armées) par le truchement de son organe mensuel «Liberté" créé en 1958.

Foncièrement optimiste, Louis Lecoin est sensible: «Si un bon révolutionnaire doit demeurer insensible à la souffrance qui l'environne, qu'il voit ou devine, je suis un mauvais révolutionnaire ...

dit-il.

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