Le vocabulaire de la poésie

« 43 Le vocabulaire de la poésie Concepts clés ALLITÉRATION ET ASSONANCE •Une allitération est la répétition, dans une phrase ou un vers, d'un son identique.

La tradition scolaire dis­ tingue généralement l'allitération, ré­ pétition d'un son consonne, de l'asso­ nance, conçue alors seulement comme la répétition d'un son voyelle. • L'allitération peut s'apparenter à une harmonie imitative.

Ainsi, dans un célèbre vers d'Andromaque, Racine écrit : « Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ? » L'allitération en [s] fait entendre et imite le siffle­ ment des serpents. DIÉRÈSE •La diérèse influe sur le décompte des syllabes.

Elle concerne l'associa­ tion de deux voyelles.

Dans le langage courant, on prononce ces associations en une seule syllabe : « nuit » en une syllabe, « union » en deux syllabes, etc. En versification, le poète a le choix : soit il adopte le mode courant, soit il désire une prononciation en deux syl­ labes, nommée diérèse.

Par exemple, dans un vers d'Hernani, Victor Hugo écrit : « Vous êtes mon lion superbe et généreux ».

Pour obtenir les douze syllabes de cet alexandrin il faut pro­ noncer « li/on » en deux syllabes bien distinctes. ENJAMBEMENT, REJET •Dans un poème, on appelle enjam­ bement le fait que la fin d'un vers ne coïncide pas avec une unité syntaxique. Le rythme de la phrase est alors déca­ lé par rapport au rythme du vers : la phrase « enjambe » sur l'autre vers. De cette liberté permise par l'enjam­ bement, l'écriture tire de nombreux effets expressifs.

•On appelle rejet un enjambement qui porte sur un mot nécessaire à la compréhension du sens : le mot est alors rejeté au vers suivant.

On parle de contre-rejet lorsque le mot est rejeté au vers précédent. ÉPÎTRE •L'épître est une lettre en vers.

Forme poétique alliant l'utile à l'agréable, elle permet au poète de s'adresser à un protecteur ou à une femme aimée.

Très en vogue aux xv1• et xv11• siècles, l'épître est typique d'une poésie spirituelle qui se donne pour objet de « bien dire ». HÉMISTICHE •En grec, le mot hémistiche signifie « demi-vers ».

En poésie, ce terme est donc employé pour désigner la moitié de l'alexandrin, soit six syllabes.

La césure marque la fin de l'hémistiche.

•Boileau l'illustre parfaitement dans son Art poétique : « Que toujours dans vos vers/ le sens, coupant les mots, Suspende l'hémistiche/, en marque le repos.» MADRIGAL •À l'origine, un madrigal est une pièce vocale chantée à plusieurs voix sur un sujet profane.

À partir du xv11• siècle, le terme désigne en France un poème court illustrant un sujet galant d'une manière ingénieuse.

La forme appartient à la littérature pré­ cieuse.. »