Le Vin des chiffonniers de BAUDELAIRE
Publié le 15/05/2020
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Le Vin des chiffonniers de BAUDELAIRE
Le gout de Baudelaire pour les chansons est la forme que prend en poésie son amour des humbles.
On doit à cetteveine le cycle des Fleurs du Mal inspiré par «Le Vin » qui culmine dans « Le Vin des chiffonniers» :
« Souvent, à la clarté rouge d'un réverbèreDont le vent bat la flamme et tourmente le verre,Au coeur d'un vieux faubourg, labyrinthe fangeuxOù l'humanité grouille en ferments orageux,On voit un chiffonnier qui vient, hochant la tête,Butant, et se cognant aux murs comme un poète,Et, sans prendre souci des mouchards, ses sujets,Epanche tout son coeur en glorieux projets.
»
On a retrouvé de très nombreuses variantes de ce poème, ce qui montre l'extrême importance que Baudelaireattribuait à ce thèmes.
Or la comparaison des trois principales étapes de la genèse du « Vin des chiffonniers »accuse une évolution dans le sens d'un humanisme plus païen que chrétien.
Dans la première version de 1843, le vinétait présenté comme un cadeau que Dieu faisait à l'homme :
« Grandeur de la bonté de celui que tout nomme,Qui nous avait déjà donné le doux sommeil,Et voulut ajouter le Vin, fils du Soleil, »
Dans le deuxième groupe de variantes, on relève l'ajout de la troisième strophe qui décrit ainsi le rêve du chiffonnier:
« Il prête des serments, dicte des lois sublimes,Terrasse les méchants, relève les victimes,Et sous le firmament comme un dais suspenduS'enivre des splendeurs de sa propre vertu.
»
Dans le quatrain conclusif de cette version de 1854, la bonté divine est estompée pour céder la place à l'éloge duvin :
«C'est ainsi qu'à travers l'humanité frivole,Le vin roule de l'or comme un nouveau Pactole.Par le gosier de l'homme il chante ses exploits,Et par ses bienfaits règne ainsi que les vrais rois.Pour apaiser le coeur et calmer la souffranceDe tous les innocents qui meurent en silence,Dieu leur avait déjà donné le doux sommeil :Il ajouta le vin, fils sacré du soleil.
»
Enfin, dans le dernier état du poème qui prend place dans l'édition de 1861, la séparation entre l'Homme et Dieu estconsommée.
Le Vin n'est plus un effet de la miséricorde de « Celui que tout nomme », il est un moyen que l'hommes'est donné lui-même pour apaiser les souffrances qui lui sont infligées par un Maître dont l'autorité est ressentiecomme le principe de toute tyrannie :
« Pour noyer la rancoeur et bercer l'indolenceDe tous ces vieux maudits qui meurent en silence,Dieu, touché de remords, avait fait le sommeil;L'Homme ajouta le Vin, fils sacré du Soleil!»
Les majuscules introduisent un signe d'égalité entre l'Homme et Dieu, représentés comme des puissances rivales.Leur rapport est assimilé désormais à celui qui oppose le Pouvoir et le Peuple.Le Vin n'est plus considéré comme un remède, mais comme la source d'une jouissance et d'une force spirituelle quipermet à l'Homme de lutter contre sa condition.
« Le Vin des chiffonniers » s'inscrit dans la lignée des grandspoèmes de la révolte et de la désillusion..
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