Le traité du BardoUn pays très convoité.
Publié le 17/05/2020
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1 / 2 Le traité du Bardo
Un pays très convoité
Le 12 mai 1881, sous la pression des
troupes françaises, le bey de Tunis,
Muhammad al-Saduq, signe le docu
ment par lequel il reconnaît le protecto
rat français.
Comme la cérémonie a lieu
au palais
de Qasr Sa'id, on parle alors
du traité de Qasr Sa'id; mais l'histoire
retiendra
le nom de «traité du Bardo», ainsi qu'on appelle cette banlieue de Tunis.
Comment en est-on arrivé là? La con
quête de Constantine, en 1837, a renfor
cé la présence française à l'ouest de la
Régence de Tunis.
Pourtant, Ahmad
bey (1837-1855) utilise habilement la
rivalité entre
les Britanniques, qui jouent
la carte turque, et les Français, qui cher
chent à évincer les Ottomans.
Son successeur Muhammad bey (1855-
1859) accentue la modernisation du
pays sur
le plan économique, mais aussi
politique en octroyant une Charte à ses
sujets.
Saduq bey (1859-1882), en ins
taurant la monarchie parlementaire,
provoque une insurrection intérieure, au
moment où, à
ses frontières, la puissan ce coloniale française se fait plus mena
çante.
Il revient sur des décisions par trop libé rales.
Mais, parallèlement, il se laisse
entraîner à des dépenses considérables.
En 1869, année
de l'inauguration du
canal de Suez, la Régence de Tunis est
acculée à la banqueroute.
La France, la
Grande-Bretagne et l'Italie, d'où ressor
tissent
les principaux créanciers, se groupent en un syndicat qui place le pays sous tutelle.
A cette époque, l'opi
nion européenne croit volontiers à un
12 mai 1881
protectorat britannique: le représentant de la France, Léon Roches, ne fait pas le poids face à sir Richard Wood.
La défaite française de 1871 semble ren
forcer cette éventualité, mais elle donne en même temps des espoirs à l'Italie.
Une démonstration navale de cette der
nière avorte pourtant devant la détermi
nation des Britanniques, des Français et
de la Sublime-Porte.
Un firman du 18 novembre 1871 ren
force l'autonomie tunisienne à l'égard de Constantinople, mais il affaiblit la situa
tion du bey en l'isolant.
En 1877, la dis
grâce de Khayr al-Din laisse le bey aux
prises avec Mustafa ben Isma'il, très
francophile.
L'année suivante, la Grande-Bretagne,
en intervenant à Chypre, laisse les mains libres à la France.
Enfin, en 1881,
Jules Ferry, inquiet des revendications
italiennes sur la Régence, saisit le pré
texte d'une incursion de Kroumirs en Algérie pour envahir la Tunisie.
Le suc
cès est rapide; le traité du Bardo, renfor cé par la convention de La Marsa
(1883), en est la conséquence.
L'Italie, ulcérée de voir lui échapper une
terre où elle a tant d'intérêts, se jette
dans les bras des Austro-Allemands.
Cette Triplice, qui laisse la France com
plètement isolée
en Europe, est un effet
direct du coup de main sur la Tunisie.
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