Le théâtre présente souvent des familles en crise, depuis les tragédies antiques jusqu’aux pièces les plus contemporaines. Pourquoi? S’agit-il uniquement de nous plonger dans une intimité familiale, ou bien cela dépasse-t-il ce cercle?

« DISSERTATION Le théâtre présente souvent des familles en crise, depuis les tragédies antiques jusqu’aux pièces les plus contemporaines.

Pourquoi ? S’agit-il uniquement de nous plonger dans une intimité familiale, ou bien cela dépasse-t-il ce cercle ? Pour répondre à cette question, vous vous appuierez essentiellement sur Juste la fin du Monde de Lagarce mais vous ferez aussi appel à votre culture littéraire.

Dans Juste la fin du Monde, Lagarce nous plonge dans une crise familiale.

La famille est un sujet privilégié du théâtre, depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours.

A travers les pièces étudiées dans le cadre du parcours « Crise personnelle, crise familiale », on peut s’interroger sur l’omniprésence de ce thème : la description d’une intimité familiale est-elle une fin en soi ou simplement un cadre pour développer d’autres thèmes plus profonds et plus chers à l’auteur ? Nous commencerons par analyser en quoi la famille est un terreau privilégié pour le développement d’une histoire puis nous verrons comment l’auteur dépasse et exploite ce cadre familial, pour y développer une thèse plus personnelle, mais universelle par sa portée.

Ainsi, la famille constitue, à travers toutes les époques, un matériau qui inspire la production théâtrale.

Le cadre familial donne à l’auteur la facilité de respecter, sans trop de contraintes, la règle des trois unités en vigueur dans le théâtre jusqu’au XVIII ème siècle, permettant au spectateur de se concentrer sur la source de l’intrigue.

Notamment, la famille, qui peut être définie comme l’ensemble des personnes vivant sous le même toit, offre un cadre spatial naturel satisfaisant à l’unité de lieu : il peut être un palais, celui de Créon à Thèbes où se déroule toute l’action de la pièce Antigone de Jean Anouilh, ou encore la maison familiale dans laquelle a vécu le héros Louis dans la pièce Juste la fin du Monde.

Mais, plus encore, en plongeant son histoire dans une crise familiale, l’auteur respecte l’unité d’action, se servant des relations complexes et riches entre membres d’une famille comme outil d’enjeu dramatique qui explique et fait avancer l’action, comme par exemple la rivalité fraternelle opposant Louis à son frère.

En décrivant des crises personnelle et familiale, l’auteur fait du spectateur un « voyeur » qui assiste à ce qui est d’ordinaire caché et qui relève de l’intime, mais qui, tout extraordinaire que soit la dramaturgie utilisée, lui est familière ; car la famille est une structure commune à tous dans laquelle chacun – le spectateur notamment – peut se projeter, s’identifier.

Même si les sentiments ou les actes sont souvent exacerbés au théâtre, il nous parle car nous sommes tous l’enfant, le parent ou le frère.

Ainsi, à l’exemple de Louis, personnage principal de la pièce évoquée précédemment, chacun est amené à s’affirmer et à trouver son identité propre, s’inscrivant et/ou se confrontant à cet ensemble plus vaste qu’est la famille.

Le désir de Louis est d’être reconnu par les siens et ce souhait est partagé par tous même si sa réalisation est partielle ou, à l’image de Louis, totalement manquée, comme le souligne durement son frère Antoine dans la scène 11 de la partie 1 : « Tu ne sais pas qui je suis, / tu ne l’as jamais su,/ ce n’était pas ta faute et ce n’est pas de la mienne non plus,/ moi non plus, je ne te connais pas […] / on ne se connaît pas » Enfin, la famille, par sa temporalité et son histoire, est un lieu de sentiments forts et contradictoires, dans lequel l’auteur trouve d’innombrables sources d’inspiration.

Parce qu’on y. »