Le Tambour

« GÜNTER RASS Le Tambour apporta à Günter Grass la gloire, que la liberté de ses idées et parfois aussi la crudité de son style semblaient devoir lui refuser.

Ce roman «de jeunesse », écrit lors d'un séjour à Paris, fit l'effet d'une bombe dans les milieux littéraires allemands, puis dans le monde entier (il fut traduit en onze langues).

Grand amateur de gigot d'agneau aux lentilles, Grass, tel Rabelais, dévore la vie avec autant de vivacité et de force qu'il en donne à son langage étourdissant.

Né en 1927 à Dantzig, Günter Grass s'intéresse au dessin et à la scu lptu re avant de s'adonner à la littérature.

Romancier ; il brille par son talent de conteur et de satiriste.

Outre Le Tambour (1959) , qui lui assura une renommée mondiale, il a écrit notamment Le Chat et la Souris , Le Turbot et Propos d'un sans patrie.

Gravures de Günter Grass Le Tambour Une page d'Histoire ...

0 scar Matzerath, le narrateur, nous raconte son hi stoire qui commence en 1899, avec la concep­ tion de sa mère par ses grands-parents et prend fin le jour de ses trente ans, en 1954.

Enfant turbulent, il décide soudain, à trois ans, de ne plus grandir et de parcourir la vie avec, sur le ventre, son tambour de fer-blanc.

Le jour où son père essaye de lui arracher cet instrument, Oscar fait la découverte de son pou­ voir : par un imperceptible cri suraigu, il peut briser le verre, quelle qu'en soit la forme.

Oscar sait et sent tout à la perfection ; simplement, les préjugés, les préoccupations, les ambitions des adultes lui sont étrangers.

Pour Oscar, la vie est un jeu musical et cynique.

Il est, certes, animé de sentiments, mais le recul critique qu'il doit à sa taille lui offre la distance nécessaire pour éviter toute sensiblerie stérile.

Rien de ce qu'il fait n'est normal: il ne pense pas avec les mots qu'on lui a appris, il emmagasine des images depuis le jour de sa naissance, dont il a été avant tout le spectateur, comme de tous les événements qui jalonnent sa vie de lilliputien.

A l'aide de son tambour, avec lequel il parle comme par une seco nde bouche, il est égale- ment capable de peindre ce à quoi il n'a pas assisté.

Et s'il joue bien et C fort, tout s'éclaircit jusque dans les moindres détails .

...

gorgée d'éternité G tinter Grass donne vie à un per­ sonnage merveilleux, dont le re­ gard insatiable court à travers son époque dont il ne rate pas une miette.

Son livre s'organise en une multitude de courts chapitres-nouvelles dont les titres sont les noms qu'Oscar donne aux airs qu'il joue sur son tambour pour se remémorer les événements qui les composent.

Dès lors, l'auteur dis­ /' / / pose de toute la liberté d'un éternel en­ fant-acteur-spectateur pour faire vivre une période, un pays.

C'est la montée du nazisme, et l'adhésion presque unanime d'un peuple au national-socialisme qu'il décrit dans la banalité et la candeur cruelle qui font le quotidien.

XX' · SIH 'LE Û scar interrompt sa croissance à trois ans et porte sur son époque le regard distant et enfantin d'un surdoué de quatre-vingt-dix centimètres.

«Je me cramponnai au tambour et à partir de mon troisième anniversaire je ne grandis plus d'un doigt.

». »