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LE SYMBOLISME

Publié le 03/12/2021

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A la fin du siècle, une vive réaction contre ce monde moderne se produit. Au positivisme d’Auguste Comte répond le pessimisme de Schopenhauer. A la bourgeoisie et sa confiance envers le progrès répondent le dandysme (doctrine de l'élégance, de la finesse et de l'originalité) et le décadentisme (à la limite du symbolisme, et motivé par un rejet du naturalisme). Et enfin au réalisme et à l'impressionnisme répond le symbolisme, marqué par la parution dans le Figaro le 18 septembre 1886 du Manifeste du Symbolisme par Moréas.

Rappel plan

I/Définition :

Le symbolisme est un mouvement littéraire et artistique apparu en France et en Belgique vers 1870, en réaction au naturalisme (une école littéraire qui, dans les dernières décennies du XIXe siècle, cherche à introduire dans l'art la méthode des sciences expérimentales.) . Entre 1880 et les premières années du XXe siècle, le symbolisme intéresse toute l'Europe, jusqu'à la Russie, et atteint les états Unis. SI Moréas écrit le Manifeste du symbolisme, c'est à Mallarmé que l'on doit, dans sa conception du symbole, la vision la plus proche du symbolisme.

II/ En poésie :

. Les symbolistes ne peignent pas fidèlement l'objet, contrairement aux naturalistes, mais recherchent une impression, une sensation, qui évoque un monde idéal et privilégient l'expression des états d'âmes. Les symboles permettent d'atteindre la réalité supérieure de la sensibilité. Plusieurs artistes s'amusent à transposer une image concrète dans une réalité abstraite. C'est en Verlaine que les Symbolistes salueront leur chef de file.

Quelques poètes symbolistes célèbres :

Mallarmé,

• Guillaume Apollinaire (1880-1918).

• Charles Baudelaire (1821-1867).

• Arthur Rimbaud (1854-1891).

Les correspondances : Au-delà des apparences, il y a des rapports entre les choses, des liens entre les êtres, des correspondances (Baudelaire) entre les sons, les images et les parfums. C’est ce que le symbole devrait exprimer. Colombe = paix; oiseau = liberté, un son rappelle une image, une odeur rappelle un lieu, une sensation rappelle un moment du passé, etc. En refusant le rationalisme (Descartes) et le matérialisme (argent et industrialisation), les symbolistes veulent renouer avec le mystère de vivre et de sentir. Comme la réalité n’est pas uniforme, les poètes symbolistes préfèrent le rare au commun, le rêve au réel, l’ambivalence à l’identité, la nuance infinie à tout ce qui est tranché, le changement à la permanence. Elle révèle l’invisible derrière le visible, l’inconnu derrière le connu. Pour exprimer le changement des choses, la fragilité des sensations, le poète utilise l’aspect sonore et sensible des mots (assonance, allitération, rime interne, etc.). A la suite de Verlaine, les symbolistes privilégient la libéralisation des vers : vers impairs, rejets abondants, enjambement, rimes de plus en plus étonnantes, même absence de ponctuation et poème en prose. À partir des symbolistes, le vers français sera libre. Les thèmes de la mort, du crépuscule, de la fin du siècle sont privilégiés.

En littérature, le mouvement du symbolisme trouve ses origines dans Les Fleurs du mal (1857) de Charles Baudelaire. L'esthétique symboliste fut développée par Stéphane Mallarmé et Paul Verlaine durant les années 1860 et 1870.

Mallarmé est né à Paris le 18 mars 1842 à Paris. À l’âge de dix ans, après la mort de sa mère, il est mis en pension dans un établissement religieux. Avant d’être professeur d’anglais (à Tournon, Besançon, Avignon puis Paris), Mallarmé a été employé de bureau. Mallarmé devient célèbre quand Paul Verlaine parle de lui dans Les Poètes maudits (1884), Passionné par la poésie et par Edgar Poe, Mallarmé fréquente les milieux parnassiens et symbolistes. On dit qu’il a exercé sur eux une influence non négligeable et qu’il a été l’inspirateur du mouvement symboliste. L’œuvre de Mallarmé compte :

• des poèmes parus dans des revues, dont L’Après-Midi d’un faune (1876), Hommages et Tombeaux (1877) et le fameux Un coup de dés (1897) ;
• un recueil de poèmes dont le titre est Poésies (1887) ;
• et une traduction des poèmes de Poe (1888).

Baudelaire naît à Paris en 1821. Il perd son père à l'âge de six ans. Après des études secondaires à Lyon puis au lycée Louis le Grand, Baudelaire mène une vie marginale et de bohème dans le Quartier latin. En 1841, sous la pression de sa famille, il embarque pour les côtes d'Afrique et de l'Orient. Il séjourne à l'île de La Réunion et, en rentrant à Paris en 1842, écrit ses premiers textes. En 1844, sa famille s'indigne de sa vie de débauche. Baudelaire devient alors journaliste, critique d'art et critique littéraire. 1857 est l'année de publication des Fleurs du Mal. Baudelaire est attaqué en justice pour « immoralité « et condamné : plusieurs poèmes sont retirés du recueil  et l'auteur doit payer une amende. Baudelaire est très affecté par cet échec et sombre dans la misère (et dans la maladie). Le poids des dettes s'ajoutant aux souffrances morales, Baudelaire est frappé en 1866 d'un malaise qui le rendra paralysé et aphasique. Il meurt en 1867.

Paul Verlaine est né à Metz en mars 1844. Sa famille quitte Metz pour Paris en 1851. Verlaine obtient son baccalauréat en 1864, s’inscrit en droit, mais c’est la poésie qui l’attire. Verlaine renonce à ses études et travaille de prime abord pour une compagnie d’assurances et ensuite comme expéditionnaire à l’Hôtel de Ville de Paris. À l’âge de vingt-deux ans, il publie à compte d’auteur les Poèmes saturniens (1866) et, en 1869, Fêtes galantes. En juillet 1873, Verlaine tire sur son ami Rimbaud après un voyage en Angleterre et en Belgique, et est emprisonné en Belgique. Lorsqu’il sort de prison, il est seul car sa femme Mathilde Mauté a obtenu la séparation de corps. Il part alors de nouveau en Angleterre où il est professeur. En 1877, il quitte l’Angleterre pour enseigner à Rethel. En mars 1884, il publie un essai, Les poètes maudits. À partir de 1887, la célébrité de Verlaine est incontestable mais il mène une vie de débauche (alcool, etc.) et séjourne régulièrement à l’hôpital... Il meurt dans un certain dénuement en janvier 1896.


Renouveau

Le printemps maladif a chassé tristement
L'hiver, saison de l'art serein, l'hiver lucide,
Et, dans mon être à qui le sang morne préside
L'impuissance s'étire en un long bâillement.

Des crépuscules blancs tiédissent sous mon crâne
Qu'un cercle de fer serre ainsi qu'un vieux tombeau
Et triste, j'erre après un rêve vague et beau,
Par les champs où la sève immense se pavane

Puis je tombe énervé de parfums d'arbres, las,
Et creusant de ma face une fosse à mon rêve,
Mordant la terre chaude où poussent les lilas,

J'attends, en m'abîmant que mon ennui s'élève...
- Cependant l'Azur rit sur la haie et l'éveil
De tant d'oiseaux en fleur gazouillant au soleil.

Critique Renouveau : Ce poème, avec quelques autres des débuts de Mallarmé, décrit un état d'âme. Le poète découvre l'impuissance qui accompagne le métier de poète. La teinte propre du poème est une certaine tristesse, presque un désespoir : triste tombeau - las - fosse, répétition lancinante des sons "an" des participes présents. L’opposition croît entre l'impuissance douloureuse du poète et l'exubérance ironique de la nature printanière qui symbolise l'idéal inaccessible. Les deux premiers vers sont consacrés à la succession des saisons et aux correspondances qu'elles provoquent chez le poète. La saison que préfère Mallarmé c'est l'hiver qui empêche la nature de gêner les méditations du poète. Mallarmé applique à l'hiver l'adjectif qui le caractérise, lui et son art : "lucide". Le printemps rompt la stérilité de la nature et la sérénité de Mallarmé. L'adjectif "maladif" caractérise autant l'état physique et moral de Mallarmé que le lent retour à la vie de la nature. Les vers 3 et 4 évoquent plus directement l'effet du printemps sur le poète : "spleen printanier". Le deuxième quatrain développe ce thème de l'impuissance du poète en termes baudelairiens : L'image du "crâne" comparé à un "tombeau", le "cercle de fer" rappelant le couvercle, le "crépuscule blanc", couleur de spleen.  C'est la mort du rêve qui fait la tristesse du poème.  Après la lassitude, le premier tercet est celui de la chute. La juxtaposition des mots face et fosse, le retour des participes présents, creusant, mordant, rendent particulièrement forte et douloureuse l'image de l'exigence qui tue le rêve. Le deuxième tercet marque l'anéantissement et donne la clef de l'impuissance évoquée depuis le début du poème. C'est en alexandrins, assez classique, mais on observe des rejets, contre-rejets et enjambements : la première strophe correspond à une phrase entière,

III/ En peinture :

Le symbolisme peut profiter de l'existence de nombreuses revues qui répandent sa nouvelle esthétique comme la Pleiade devenue ensuite le Mercure de France. Le symbolisme, à la charnière du XIXe et du XXe siècle, est une véritable étape dans l'évolution de nombre d'artistes vers la modernité, l'abstraction ou le surréalisme. Le symbolisme se définit essentiellement par l'idéalisme d'artistes en réaction à un monde trop matérialiste, celui issu des mutations de la révolution industrielle, voué au progrès technique, à la recherche du profit, aux luttes sociales. Les symbolistes rejettent le positivisme d'Auguste Comte comme le socialisme de Karl Marx. En art, ils refusent l'académisme (un goût très fort pour les thèmes historiques et le goût pour l'orientalisme) , s'opposent au naturalisme bourgeois qui privilégie le réalisme social, dédaignent l'impressionnisme qui nie le sujet et les allégories.

Attachés à la liberté de leur création, individualistes, souvent angoissés par le destin de l'homme dans un monde qui leur semble abandonné de Dieu, les symbolistes privilégient le subjectif, valorisent l'imaginaire, le rêve, les hallucinations. Ils sont attirés par le mystérieux, l'étrange, le fantastique, les zones d'ombre, les correspondances entre le visible et l'invisible. Refusant la peinture narrative, la recherche de la vraisemblance, la perspective illusionniste, les proportions, s'inspirant des légendes bibliques et médiévales, d'une antiquité nostalgique, d'un Orient imaginaire et cruel, ils multiplient les recherches formelles : espace délibérément plat...

En France, les artistes symbolistes les plus représentatifs sont Pierre Puvis de Chavannes, Gustave Moreau, artiste fasciné par les mondes anciens, véritable créateur de mythologies mystérieuses et raffinées, grand dessinateur, coloriste subtil.

Pierre Puvis de Chavannes (1824-1898), élève lyonnais d'Ary Scheffer, puis de Couture, traduit le spirituel dans une forme stylisée où chaque détail prend valeur de symbole. Après des études à l'Ecole polytechnique, Pierre Puvis de Chavanne décide de se lancer dans la peinture à l'issue d'un séjour en Italie à l'âge de 23 ans. Il expose au salon de 1850, mais ses peintures sont refusées plusieurs fois à la suite. C'est à partir 1854 qu'il bénéficie d'une réelle reconnaissance, après avoir réalisé des peintures murales au Panthéon et à la Sorbonne de Paris. Son obsession de la Beauté et de l'Idée pure lui attirent la sympathie et l'admiration de Mallarmé, d'Alfred Jarry et de Jules Verne. Il meurt à Paris le 24 octobre 1898, auréolé d'une gloire exceptionnelle.

Critique l’Espérance : Le peintre représente l'Espérance sous les traits d'une jeune fille nue, assise sur un tertre recouvert d'une draperie blanche. Elle se détache sur un paysage de désolation où l'architecture en ruine et les croix de fortune des cimetières improvisés évoquent le conflit. Cependant, plusieurs éléments du tableau indiquent qu'une ère nouvelle, pleine de promesse, est là. Le brin d'olivier que tient la jeune fille symbolise la paix retrouvée tandis que la clarté que l'on devine derrière les collines évoque l'aube d'un jour nouveau. Les fleurs qui poussent au travers des cailloux du tertre témoignent également de cette renaissance. L'absence de tout détail historique donne à la peinture valeur de symbole universel.

IV/ Le symbolisme en Europe :

En communion avec le mouvement littéraire du même nom qui est particulièrement bien représenté en France (Verlaine, Rimbaud, Mallarmé, etc.) et en Belgique (Verhaeren, Maeterlinck).

A partir des années 1880/1900, le symbolisme connaît son apogée. Et connaît un développement rapide grâce aux nombreux salons et cercles artistique : les XX à Bruxelles, les Salons de la Rose+Croix à Paris, ainsi qu'à Munich ,Berlin ou Vienne, où des lectures, conférences, concerts et expositions sont organisés dans un mélange de cultures, d'idées et de modes d'expressions artistiques.

Conclusion :

Rappel plan

Ouverture : en 1914, c'est la fin du symbolisme : la guerre ouvre les esprits, c'est un dur rappel à la réalité.

 

 

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