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Le stoïcisme: LIBERTÉ ET NÉCESSITÉ

Publié le 18/06/2020

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« ? Le cours des choses, la marche de l'univers ne connaissent pas le hasard. Tout suit la stricte nécessité de l'enchaînement des causes. C'est le destin (eimannénè), terme stoïcien pour notre moderne déterminisme. Nullement aveugle, ou vengeur, le destin est réglé par la providence divine, qui pourvoit à l'harmonie des êtres. Ce qui nous apparaît comme un mal est au service d'un bien plus grand ; mais la limitation de notre point de vue nous empêche souvent de le voir. C. Corps et incorporels ? Âme active ou matière passive, tout est corps, même Dieu. Ce matérialisme diffère du matérialisme moderne, les corps ont ici quelque chose de spirituel, d'animé. ? Mais si tout est corps, il y a pourtant des « incorporels » : le premier est 1' « exprimable ». Quand je dis « soleil », je mets en jeu deux corps : le mot (les sons sont des vibrations de l'air) et la chose (le soleil). L'exprimable, c'est ce qu'un étranger qui entendrait le mot ne pourrait pas saisir : sa signification incorporelle. On voit ainsi que le matérialisme, comme discours ayant un sens, suppose lui-même de l'immatériel, du « spirituel » : la signification. ? Un autre incorporel est le temps. Le temps n'est rien, il est à la surface des choses, il n'est pas un milieu dans lequel elles baignent, mais un effet de l'activité des choses, un phénomène de surface. À chaque type d'être correspond son rythme de vie et donc sa temporalité propre. ? Le temps et la parole passent à la surface des choses, mais le monde est toujours le même. D. La tension, âme des choses ? Le monde est fait d'individus singuliers, de corps absolument uniques, tous dissemblables. Chacun se distingue par la « tension » intérieure (tonos) qui le constitue, et lui donne son unité. Elle est en tous une part de l'énergie divine. ? À chaque degré d'unité correspond un type d'être. On distingue ainsi, dans un ordre croissant, la simple structure (hexis), propre au minéral, la force de croissance (physis), propre au végétal, l'âme (psyché), propre à l'animal, enfin l'esprit (noûs), propre à l'homme. 2. Logique et morale A. Représentation du monde et liberté de la volonté ? L'âme humaine est capable de représentation (phantasia) : elle est modifiée par les choses extérieures qui impressionnent ses sens. Ce choc ...»

« Le stoïcisme (me S.

av.

J.-C.) LIBERTÉ ET NÉCESSITÉ A u III" siècle av.

J.-C., les cités grecques ont perdu leur indé­ pendance ; la vie civique recule ; le monde se globalise.

Dans ce contexte troublé, naît une philosophie pour temps de crise : l'école du portique (stoa).

Le but n'est plus la recherche du meilleur régime par le citoyen, mais la quête du bonheur par l'individu, dans un monde qui ne dépend pas de lui.

La pensée se replie sur l'existence individuelle, confrontée à la nécessité extérieure.

Le stoïcisme connu une longue postérité : après le premier stoïcisme ( de Zénon, Ch rysippe et Cléanthe), le plus brillant fut le stoïcisme impérial (sous l'Empire romain), qui se consacra essentiellement à l'étude de la Morale (Sénèque, Épictète, Marc Aurèle).

1.

Le système de la philosophie et le système du monde A.

Le premier système ■ La philosophie compte trois parties intimement liées : logique, physique et morale.

Toutes s 'enseignent en même temps.

Par exemple la morale consistant à vivre conformément à la nature suppose une théo­ rie de la nature (physique) et l'art de se conformer à elle, de s'y rappor­ ter de manière adéquate (logique). ■ Toutes les parties se soutiennent mutuellement, et se présupposent les unes les autres.

La philosophie, disaient les stoïciens, est comme un champ fertile : la physique est la terre, la logique la clôture, et la morale le fruit. ■ Le monde lui-même est systématique.

Tout est dans tout.

Le moindre événement a une influence sur la totalité.

Dans la sympathie universelle, tous les êtres concourent à l'harmonie générale, orchestrée par la providence divine, qui pénètre toute chose de son intelligence. B.

Le monde et Dieu ■ Le monde, en sa totalité, est nature (physis), c'est-à-dire vie et croissance.

Dieu est l'énergie première, indestructible, inengendrée (souffle et feu), qui engendre la nature et donne vie, forme et force à toutes choses.

Tout est traversé, habité, dirigé par Lui.

Cette énergie est aussi raison universelle (Logos).

Le monde est comme un corps dont les individus sont les organes, et dont Dieu serait l'âme. ■ Le monde, en ses éléments, passifs (eau et terre) et actifs (air et feu), n'est qu'une sorte de condensation de cette énergie.

Dieu n'est donc pas autre que le monde, il devient monde.

Mais si Dieu, comme éner­ gie, est immortel, le monde, lui, est périssable : il retourne cycliquement. »

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