Le stoïcisme (Exposé – Art & Littérature – Collège/Lycée)

« LE BONHEUR EN SOl-MEME le stoïcisme, dont le nom vient du Portique peint (Stoo Poikile) sous lequel se tenaient les premières réunions de ses membres , est la dernière grande école de philosophie grecque, après l'Académie de Platon , le lycée d'Aristote et le Jardin d'Épicure.

Fondée à Athènes vers 300 av.

J.-C. , cette école se démarque d'emblée par un caractère pratique, la connaissance théorique trouvant sa finalité dans l'attitude morale du sage .

« Qui veux-tu être?» est la question centrale du stoïcisme.

Couvrant la totalité des périodes hellénistique et romaine, l'école a connu trois phases : • le stoïcisme ancien, dominé par les trois théoriciens majeurs de la doctrine , Zénon , Cléanthe et Chrysippe ; • le moyen stoïcisme coïncidant avec la période d'occupation de la Grèce par Rome, qui voit les idées stoïciennes se «latiniser» et prendre la forme de règles de vie à usage personnel ; • le stoïcisme impérial , le plus connu , qu'incarnent successivement Sénèque , Épictète et l 'empereur Marc Aurèle.

LE STOÏCISME ANCIEN Au début du Ill ' siècle av.

J.-C., la Grèce , affaiblie par des siècles de guerre, est sur le déclin; des politiciens corrompus, des dieux vieillissants, des valeurs et des dogmes (le platonisme et l'aristotélisme) ébranlés.

C'est dans ce contexte que le stoïcisme apparaît, avec cette idée centrale que l'homme ne peut compter que sur lui-même.

les origines du stoïcisme sont assez mal connues ; il ne reste des écrits de cette époque que quelques fragments isolés qui ont été conservés et transmis par Diogène laërce et surtout par les critiques du stoïcisme , Plutarque notamment le fondateur de l'école, Zéa011dt Cltlum {335-264), vient de Chypre à Athènes vers 310.

Il suit l'enseignement de Cratès le Cynique et de Stilpon le Mégarique et entre en relation avec les académiciens, les écoles médicales et les milieux sémites .

Ces multiples influences se retrouvent dans la doctrine qu'il commence à enseigner vers 300.

les successeurs de Zénon à la tète du Portique (nom donné à l 'école stoïcienne) seront Cléanthe d'Assos {264-232) et Cluysippt {232-204), fondateur du stoïcisme ; c'est lui qui en développera la dimension théologique et religieuse en diffusant notamment l'Idée d 'un dieu à l'œuvre à chaque instant et dans chaque être.

C'est également à Chrysippe que l'on doit la triple division de la philosophie en logique , physique et morale.

LA LOGIQUE STOkiENNE Tlléorie de la connaissance le stoïcisme considère que seuls les individus sont réels; les idées générales sont des abstractions de l'esprit Dès lors, la connaissance du monde connaissances : l'ame reçoit de l'objet réel une impression et s 'en fait une représentation ou image à laquelle elle peut donner ou refuser son assentiment le sage et l'ignorant partagent ce premier degré de connaissance, appelé représentation compréhensive (ou compréhension) et qui correspond à une perception vraie de l'objet.

La somme de ces compréhensions est l'expérience .

Néanmoins , seul le sage possède la science , vision unifiée des diverses compréhens ions, en comprenant l'accord rationnel des différentes choses entre elles.

Théorie du langage À côté des choses sensibles, il y a ce que l'on peut en dire par le langage .

la dialectique stoïcienne porte non pas sur les choses , mais sur les énoncés ou jugements relatifs aux choses .

Suivant en cela Aristote , le stoïcisme considère en effet que la vérité réside dans le jugement Ce n'est pas« le jour» qui est vrai, mais l'énoncé« il fait jour».

De là, une volonté assumée de simplicité à ne former des propositions que sur des faits singuliers (Socrate se promène) et des liaisons conditionnelles (s'il fait jour, il fait clair), dérivés de l'expé rience .

En résumé, la logique stoïcienne s'emploie à faire ressortir le caractère nécessaire et constant des relations que les choses ont entre elles .

LA PHYSIQUE STokiENNE le monde stoïcien est totalement dominé par la raison .

le mouvement conspire » dans une sorte de sympathie universelle.

Mais ce déterminisme absolu ne va pas sans poser problème : comment admettre la liberté de l'Individu humain dans un monde si organisé? la réponse semble se trouver dans la nature particulière de l'homme en qui Dieu a placé une part de lui-même : la raison, qui est comme une loi commune aux hommes et à Dieu, et qui permet aux premiers de soumettre toute représentation et tout désir à un jugement avant d 'agir.

Un monde harmonieux.

un dieu providentiel et une ame raisonnable , tels sont les éléments sur lesquels la morale stoicienne va pouvoir s'édifier.

LA MOllAU STokiENNE logique et physique ne prennent finalement de valeur et de sens que par la morale , qui est le cœur du système stoïcien .

la logique doit permettre de distinguer le vrai du faux (le bien du mal) et la physique de montrer à l'homme son devoir : suivre sa nature rationnelle et se soumettre au destin.

De fait, la morale stoïcienne se présente comme un parcours initiatique où l'individu s'élève progressivement vers le bien et la vertu .

Partant du stade de l'innocence naturelle où les inclinations dominent (désir s de conservation, de santé et de bien­ être), elle se réalise dans la figure du sage qui agit libremen~ c'est-à­ dire en connaissance de cause et par un effort de volonté réfléchie.

En elfe~ la notion de Bien est conçue comme une compréhension et une acceptation de l'Idée que l'homme est produit par la nature , c 'est-à-dire le destin et la raison universelle .

Dès lors, le Bien n'est plus seulement ce qui est conforme à notre nature individuelle (les inclinations), mais également ce qui est conforme à la Nature en général.

le stoïque n 'est donc pas indifférent aux événements , mais plutôt à lui-même et aux réactions inutiles qu'il pourrait avoir.

Se conformer à l 'ordre universel.

voilà , en définitive , la proposition centrale et ultime de la morale stoïcienne .

Pour y parvenir, le sage vivra vertueusement ; avec prudence , tempérance , courage et justice.

Ainsi, une fois atteint cet accord parfait et inaltérable avec la vie, le sage connaîtra la paix de l'ame (ataraxie), corrélative à une absence de passion (apathie) à l'égard des événements et notamment de la douleur .

LA POUnQUE STolciENNE En conformité avec la situation historique du monde hellénistique où les grandes cités (Athènes , Sparte ...

) ont perdu leur autonomie locale, le stoïcisme ancien définit l'homme comme un individu libre et universel et non plus comme le citoyen d'une communauté définie.

le monde (cosmos) est la cité (polis) du sage stoïcien , d'où l'Idée d'une « cosmopolis » universelle, qui et le changement des êtres sont des 1------------'-----------­ actes à part entière , nécessaires et parfaits .

la raison agit et la matière subit .

Plus encore, à l'Image de l'ame dans le corps, la raison s'étend à tous les éléments du monde sans rien perdre de sa substance ni de ses propriétés .

De plus , les anciens stoïciens croient en l'idée d'un Éternel Retour ; à la fin d'un cycle , ZtiiS absorbe par conflagration et réduit en lui toutes choses ; puis il recommence à animer ce monde ordonné , identique à ce qu'il étai~ avec les mêmes personnes et les mêmes événements .

Vaste respiration cosmique où rien ne se crée, ni se perd , ni se transforme ! le monde (cosmos), au bout du compte , n 'est que l'effet d'une cause unique agissant selon une loi nécessaire qui relie toutes les choses entre elles et fait que « tout AUX SOURCES DU STOkiSME : DIOGiNE LE CYNIQUE Fondé par Antisthène ( 444- 365) en Grèce , le mouvement cynique tire son nom du «chien• (kuon) et revendique un mode de vie «sauvage» et ascétique .

Xénophon, Cratès (qui fut le maître de Zénon), mais surtout Diogène en furent les figures marquantes.

!:Histoire attribue à Diogène (410.323) une foule d'anecdotes et de reparties cocasses.

Célèbre déjà en son temps pour vivre dans un .....,, il aurait répondu à Alexandre le Grand venu le visiter et qui lui demandait ce qu'il souhaitait : • Ote-toi de mon soleil •.

Une autre fois, il aurait traversé Athènes en plein jour, une lanterne allumée à la main, en disant : • Je cherche un homme !• • Socrate devenu fou», selon le mot de Platon, Diogène semble s'être surtout attaché à incarner les principes cyniques .

Avant les stoïciens, qui le tiendront en haute estime, il s'était déclaré« citoyen du monde», ne wyant dans la politique qu'un jeu vain et dangereux .

Pèdagogique, son refus des conventions et des convenances répondait avant tout à une volonté ascétique de retour à la nature où, débarrassé de ses désirs de gloire et de richesse , l'homme n'aurait plus à dépendre que de lui-même.. »