Le Rouge et le Noir Stendhal livre I, chap. XXII. Commentaire
Publié le 19/12/2021
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«
Le Rouge et le Noir Stendhal livre I, chap.
XXII
Intro :
Le Rouge et le Noir retrace l’itinéraire d’un jeune homme ambitieux issu d’un milieu
populaire.
Julien Sorel, c’est son nom, pense réussir dans les ordres puisque la
disparition de Napoléon ne lui permet pas d’espérer une quelconque gloire militaire.
Introduit chez les Rénal comme précepteur, il devient l’amant de Mme de Rênal.
Une
lettre anonyme les compromet, obligeant Julien à s’éloigner quelques temps de sa
maîtresse.
Dans ce passage, il est invité par Monsieur Valenod, l’auteur même de la
lettre, grâce à son habileté.
Problématique : Nous pouvons nous demander comment, à la lecture de ce passage,
s’exprime, dans toute sa complexité la pensée profonde Du personnage qu’est Julien
Sorel ?
I.
Portrait d’un financier de campagne et de son milieu
1) Le portrait de « Monsieur le directeur de dépôt »
Il s’agit de l’homme qui un peu plus tôt dans l’ œuvre a dénoncé la liaison qui unit Julien à
Mme de Rênal.
Dans cet extrait où il est précisément décrit pour la première fois, il
apparaît comme un bourgeois fat et ridicule.
Tout est démesuré dans sa conduite et
marque le désir du personnage de parvenir à égal la noblesse par l’étalage de sa
richesse : « ses gros favoris noirs », « sa pipe immense », « les grosses chaînes d’or
croisées en tous sens sur sa poitrine ».
Mais il parvient tout juste à être ridicule : « son
bonnet grec placé de travers sur le haut de sa tête », « tout cet appareil d’un financier
de province , qui se croit homme à bonne fortune » et à inspirer à Julien l’envie de lui
donner les coups de bâton qu’il lui doit (on pense ici à certaines scènes de Molière)
2) Portrait de Madame
La femme de Valenod semble être son double.
Non seulement Julien assiste à la toilette
du premier « par compensation » du spectacle que lui aurait offert la dame, mais en plus,
elle arbore une « grosse figure d’homme ».
Et le ridicule s’accroît lorsqu’on aperçoit le
résultat de la dite toilette de Mme Valenod.
« cette dame (…) avait une grosse figure
d’homme à laquelle elle avait mis du rouge».
L’adjectif « gros » associé au partitif « du
rouge » accentue l’aspect grotesque du personnage.
On a la sensation qu’elle s’est
littéralement ‘barbouillée’ de rouge.
Cela produit un contraste saisissant avec la mention
du fait qu’elle soit « une des plus considérables (dames) de Verrières » D’autre part, elle
apparaît comme le radical opposé de Mme de Rênal, et ce par la simple présence de la
particule qui fait toute la différence entre la distinction et l’étalage.
3) Une maison « qui sentait l’argent volé »
La demeure est à l’image du couple.
On pourrait déceler dans tout ce passage l’image du
masque, du maquillage qui permet de cacher le laid et le honteux.
On surjoue chez les
Valenod : des « gros favoris » à la figure enduite de rouge jusqu’au valet « en grande
livrée » tout est exagéré : jusqu’à cette demeure qui sent « l’argent volé ».
Finalement
« cette grande cérémonie » ne parvient pas à cacher la médiocrité et la vulgarité du
milieu « nouveau riche », c'est-à-dire du milieu bourgeois en opposition ici avec celui de
la noblesse.
II.
Le point de vue de Julien
Ce qui rend la scène d’autant plus grotesque, c’est que le lecteur adopte ici le point de
vue de Julien, qui bien entendu, est particulièrement hostile non seulement au type
même du bourgeois parvenu, mais qui de plus a une raison toute personnelle de détester
Valenod.
1) Jeu de point de vue
Si au premier abord, naïvement, on pourrait croire que c’est Stendhal qui raconte cette
scène, on comprend bien sur en relisant attentivement la scène qu’il n’en est rien et que
le point de vue adoptée est celui du héros.
Nous sommes ici dans un récit à focalisation.
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