Le rouge et le noir analyse linéaire de la conquête de la main
Publié le 28/01/2022
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On retrouve avec « tous les dangers » et « l’affreux combat » le vocabulaire guerrier et la métaphore filée du duel : la conquête de Mme de Rênal est toujours vue comme un affrontement. On peut voir que Julien voit cette conquête comme un combat à travers le champ lexical de la guerre, « mortelle angoisse », « affreux combat »,« danger » et « violence » ce qui crée une atmosphère pesante qui angoisse aussi le lecteur. On a l’impression que Julien se sent obligé de conquérir cette main, cette première aventure amoureuse se transforme en torture morale. Il semble vouloir se prouver quelque chose. En effet, il utilise le champ lexical de l’obligation « obligeât », « obligé » et « le devoir ». Julien ne se laisse pas être heureux il cherche toujours à contrôler. L’angoisse de Julien devient trop forte. L’adverbe « profondément » témoigne de son combat intérieur qui commence à avoir des répercussions physiques. On ne sent aucun fluide amoureux entre le héros et Mme de Rênal. L'amour est étouffé par l'ambition de Julien . De plus, Madame de Rénal est elle-même angoissée : elle « devint tremblante ». Cependant, les raisons sont toutes autres. Celle-ci est déstabilisée par Julien et se sent probablement coupable d’être attirée par lui alors qu’elle est mariée. Julien mène un combat contre lui-même, il tente de vaincre sa timidité mais n’est probablement pas véritablement intéressé par Madame de Rénal. Il se doit de vaincre sa timidité. Nous pouvons le constater à travers la phrase « L’affreux combat que le devoir livrait à la timidité » ainsi qu’avec l’hyperbole et le registre épique.
«
LA8 : La conquête de la main :
On s’assit enfin, madame de Rênal à côté de Julien, et madame Derville près de son amie.
Préoccupé de ce qu’il allait tenter, Julien ne trouvait rien à dire.
La conversation languissait.
Serai-je aussi tremblant et malheureux au premier duel qui me viendra ? se dit Julien ; car
il avait trop de méfiance et de lui et des autres, pour ne pas voir l’état de son âme.
Dans sa mortelle angoisse, tous les dangers lui eussent semblé préférables.
Que de fois ne
désira- t-il pas voir survenir à madame de Rênal quelque affaire qui l’obligeât de rentrer à la
maison et de quitter le jardin ! La violence que Julien était obligé de se faire, était trop forte pour
que sa voix ne fût pas profondément altérée ; bientôt la voix de madame de Rênal devint
tremblante aussi, mais Julien ne s’en aperçut point.
L’affreux combat que le devoir livrait à la
timidité était trop pénible, pour qu’il fût en état de rien observer hors lui-même.
Neuf heures
trois quarts venaient de sonner à l’horloge du château, sans qu’il eût encore rien osé.
Julien,
indigné de sa lâcheté, se dit : Au moment précis où dix heures sonneront, j’exécuterai ce que,
pendant toute la journée, je me suis promis de faire ce soir, ou je monterai chez moi me brûler la
cervelle.
Après un dernier moment d’attente et d’anxiété, pendant lequel l’excès de l’émotion
mettait Julien comme hors de lui, dix heures sonnèrent à l’horloge qui était au-dessus de sa tête.
Chaque coup de cette cloche fatale retentissait dans sa poitrine, et y causait comme un
mouvement physique.
Enfin, comme le dernier coup de dix heures retentissait encore, il étendit la main, et prit
celle de madame de Rênal, qui la retira aussitôt.
Julien, sans trop savoir ce qu’il faisait, la saisit
de nouveau.
Quoique bien ému lui-même, il fut frappé de la froideur glaciale de la main qu’il
prenait; il la serrait avec une force convulsive ; on fit un dernier effort pour la lui ôter, mais enfin
cette main lui resta.
Son âme fut inondée de bonheur, non qu’il aimât madame de Rênal, mais un affreux supplice
venait de cesser.
Pour que madame Derville ne s’aperçût de rien, il se crut obligé de parler ; sa
voix alors était éclatante et forte.
Celle de madame de Rênal, au contraire, trahissait tant
d’émotion, que son amie la crut malade et lui proposa de rentrer.
Julien sentit le danger : Si Mme
de Rênal rentre au salon, je vais retomber dans la position affreuse où j’ai passé la journée.
J’ai
tenu cette main trop peu de temps pour que cela compte comme un avantage qui m’est acquis.
Au moment où Mme Derville renouvelait la proposition de rentrer au salon, Julien serra
fortement la main qu’on lui abandonnait.
Stendhal, Le Rouge et le Noir - Livre I, chapitre 9
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