LE ROMANTISME
Publié le 15/05/2020
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LE ROMANTISME
On désigne sous le nom de romantique une période de notre littérature qui commence aux environs de 1820, date de lapublication des Méditations de Lamartine, et s'étend jusque vers 1850, époque où s'annonce un retour vers la littérature impersonnelle.
L'école romantique triomphe dans la poésie lyrique et s'efforce deconquérir le théâtre ; mais, en outre, elle étend son influence sur toutes les autresbranches de la littérature.
Elle compte dans ses rangs tous les jeunes écrivains quideviendront les grands écrivains du siècle.
Chateaubriand en a été l'initiateur, VictorHugo en est le chef reconnu.Les théories romantiques ont été souvent exposées dans les articles de journaux telsque le Globe, et surtout dans la Préface de Cromwell, manifeste bruyant et confus dela nouvelle école (1827).
La critique en a été présentée non moins souvent, maisjamais avec plus d'esprit et de finesse que par un romantique converti, Alfred deMusset, en plusieurs endroits de ses poésies et dans la première des Lettres deDupuis et Cotonet.
Toutefois, aucune des définitions du romantisme données par lesromantiques eux-mêmes n'est satisfaisante, et il ne semble pas qu'ils aient eu sur cequ'ils voulaient faire des idées très nettes.
Une seule apparaît clairement, c'est le partibien arrêté de prendre sur tous les points le contre-pied de la doctrine classique.Aussi le meilleur moyen de donner du romantisme une définition aussi complète quepossible est-il de le définir par opposition avec le classicisme.Le romantisme est un mouvement de littérature personnelle, et par conséquentlyrique, donnant libre essor à l'imagination et à la sensibilité, facultés personnelles parexcellence qui varient d'un individu à l'autre, — par opposition au classicisme qui,reconnaissant la souveraineté de la raison, faculté qui nous fait connaître l'universel,et proclamant que le moi est haïssable, a été une école de littérature impersonnelle etexcellé aux genres collectifs, tels que le théâtre, l'éloquence de la chaire, la philosophie et la morale.Le romantisme s'efforce de peindre ce qui tombe sous les sens, la nature extérieure, le décor de la vie, —par opposition àla littérature classique qui se soucie uniquement de connaître l'homme intérieur.Le romantisme s'attache à ce qui change d'une époque à une autre, d'un pays à tin autre et qui est le domaine del'histoire, — par opposition à la littérature classique pour qui cela seul importe qui demeure le même à travers les temps etvaut pour tous les pays, qu'il s'agisse des lois de la nature humaine ou de celles de l'art.Le romantisme réhabilitera l'art et la littérature du moyen âge ignorés ou méconnus par les classiques, et s'inspirera deslittératures du Nord, anglaise et allemande, — par opposition aux classiques qui prenaient pour modèles les deuxantiquités grecque et latine et s'inspiraient des littératures du Midi, italienne et espagnole.
Le romantisme s'adressant à un public élargi et partant moins délicat, devra recourir à des moyens d'expression quiforcent davantage l'attention, langage plus chargé de matière et de couleur, et visant davantage à l'effet, — paropposition à la littérature classique qui, recherchant le suffrage d'une élite, s'adressait à l'intelligence plus qu'aux sens etfaisait de la simplicité le dernier mot de l'art.Que le romantisme se soit trompé sur bien des points.
qu'il représentât une qualité d'art inférieure à celle du classicisme,et qu'il s'adaptât moins bien à la nature du génie français, on le montrerait aisément.
Mais c'est là une question dedoctrine ; reste la question de fait.
Le fait est que, de même qu'à la fin du XVe siècle la littérature du moyen âge étaitépuisée, de même, les principes auxquels on avait dû pendant deux siècles et demi une si magnifique éclosion de chefs-d'oeuvre, ne produisaient plus que des oeuvres mort-nées.
Sachons gré au romantisme d'avoir infusé à notre littératureun sang nouveau.Les romantiques, tous jeunes gens et qui n'avaient pas tous dépassé les vingt ans, — Victor Hugo, Emile et AntonyDeschamps, Alfred de Vigny, Sainte-Beuve; — se réunissaient chez Charles Nodier (1783-1844) qui en avait quarante.Littérateur aimable et esprit curieux, Nodier venait d'être nommé directeur de la Bibliothèque de l'Arsenal.
Son salon fut lepremier Cénacle, dont Alfred de Musset a dépeint en des vers charmants l'atmosphère de jeunesse et de gaieté.
Gais comme l'oiseau sur la brancheLe dimancheNous rendions parfois matinalL'arsenal...Alors dans la grande boutiqueRomantiqueChacun avait, maître ou garçon,Sa chanson.
Un second Cénacle se réunit par la suite chez Vidor Hugo, rue Notre-Dame-des-Champs.
Composé des admirateurs dupoète et de ses thuriféraires, on y respirait davantage une atmosphère confinée et un encens de petite chapelle.La nouvelle école eut pour organes la Muse française (1823-1824), puis le Globe.
Les dates principales en sont : 1822,Racine et Shakespeare de Stendhal ; 1827, Préface de Cromwell ; 1830, bataille de Hernani.
Vers 1850, un revirement seproduira : un courant réaliste pénétrera la littérature et se fera sentir dans tous les genres, en poésie comme en prose.N'ayons garde d'oublier, au surplus, qu'en dépit des apparences il a toujours subsisté, même chez les plus fougueux desromantiques, un fond de classicisme inséparable du génie français..
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