Le romantisme

« En 1824, Victor Hugo éprouve le besoin de donner une nouvelle préface aux Odes et ballades.

Il affirme àpropos de l'auteur qu'il est : “ Pour lui, il ignore profondément ce que c'est le genre classique et le genreromantique.

Selon une femme de génie, qui, la première, a prononcé le mot de littérature romantique enFrance, cette division se rapporte aux deux grandes ères du monde, celle qui a précédé l'établissement duchristianisme et celle qui l'a suivie.

”.

Selon Hugo, c'est à Madame de Staël et à son livre De l'Allemagneque l'on doit cette apparition du mot romantique dans la langue française - il ignore que dans ses Rêveriesd'un promeneur solitaire Jean-Jacques Rousseau a eu recours à cet adjectif dès 1781.

Mais Jean-Jacquesne songe alors qu'au caractère pittoresque, qu'à la poésie qui est celle des jardins à l'anglaise où les alléesqui se perdent ménagent des rendez-vous avec des chimères.

C'est à ces chimères mêmes que Madamede Staël songe, comme Friedrich Schlegel qui affirme que “ la poésie est la branche la plus noble de lamagie ” et qui assure encore que “ la poésie romantique, c'est la poésie de la poésie, la poésie universelleprogressive, et aussi la bouffonnerie transcendantale, le paradoxe et l'ironie.

”.L'âme romantique fouille la mémoire ancienne du temps de la chevalerie et du christianisme médiévalcomme les ruines des burgs.

Du romanesque la racine du mot est la même , affaire de péripéties, l'espritromantique privilégie le merveilleux.

L'âme romantique solitaire est hantée par les spectres qu'affrontentLady Macbeth et Hamlet comme elle l'est par les chimères, les elfes ou les djinns.

Les génies et leslégendes que le romantisme fait siens en Angleterre, en Allemagne comme en France appartiennent, àl'Europe du nord et au monde arabe.

Dans le même temps romantique de solitude, de passion et de fouguequi fait sauter le corset des règles et des formes, le classicisme affirme sa fidélité à la Grèce et à Rome. Le romantisme Une remise en cause radicale.

Le romantisme a déjà triomphé en Angleterre et en Allemagne lorsqu'il commence àbriller de ses feux dans la France de la Restauration.

Chateaubriand et Mme de Staël apparaissent comme les grandsinitiateurs du mouvement.

Dans l'émigration et l'exil, ils sont entrés en contact avec le romantisme étranger et ontrenoué avec la sensibilité de leurs précurseurs du XVIIIe siècle, tels Rousseau et Bernardin de Saint-Pierre.

Difficile àcerner dans sa diversité, le romantisme revêt la forme d'une révolte contre le strict classicisme et le rationalismeglacé.

Il veut s'affranchir des conventions, privilégier les émotions et exalter les passions.

Il reflète le désarroi et lesinquiétudes d'une génération enfantée dans la tourmente révolutionnaire.

Le romantique se replie sur lui-même etanalyse ses états d'âme.

C'est aussi un contemplatif qui recherche la communion avec la nature.

Parues en 1820,les Méditations poétiques de Lamartine sont une des premières grandes œuvres romantiques.

Elles divisent le mondelittéraire: pour certains, elles représentent une véritable révélation — «un soleil nouveau», dira Sainte-Beuve —,mais scandalisent les tenants du classicisme.

Le courant romantique s'affirme peu à peu sous la Restauration: Vigny,Hugo, Musset, Gautier se révèlent tour à tour.

Appuyés par l'Académie française, les partisans du classicisme lescouvrent de sarcasmes mais s'inquiètent de leur succès grandissant.

Véritable manifeste du drame romantique, lapréface de Cromwell suscite des controverses passionnées.

Lors de la première représentation d'Hernani (1830), laclaque romantique s'impose par la force à la cabale classique.Les romantiques sont d'abord royalistes et catholiques.

Cependant, à l'épreuve du pouvoir, le royalisme les déçoit;ils ne tardent pas à rallier le camp libéral réuni autour du journal Le Globe.

Dans la préface d'Hernani, Hugo écrit: «Laliberté dans l'art, la liberté dans la société, voilà le même but auquel doivent tendre les esprits conséquents etlogiques.» S'il s'est surtout exprimé par la poésie et le roman — dont le genre a été renouvelé par Balzac, Stendhalou George S and —, le romantisme s'est aussi étendu à la philosophie, à l'histoire et à tous les domaines de l'art.

Ildonne ses chefs-d'œuvre sous la monarchie de Juillet, mais il est déjà traversé de courants antagonistes quiannoncent d'autres temps.

Ainsi, Victor Hugo et George S and se préoccupent de plus en plus de la questionsociale, tandis que Gautier et ses amis se réfugient dans le culte de l'art.

L'échec des Burgraves de Victor Hugo auThéâtre-Français (1843) traduit l'essoufflement du mouvement. Mouvement artistique apparu au début du XIXe siècle à la suite du Siècle des lumières, en réaction à la traditionlatine mise en avant par la France.

Le romantisme s'est d'abord développé en Allemagne, puis s'est divisé en deuxcourants.Le premier, représenté avant tout par les poètes et les philosophes allemands, ainsi que par les artistes enclins au"vague à l'âme", plaçait l'individu au centre du monde.

Pour l'autre courant, lié à la nation et à la religion, c'est lacommunauté qui occupait la place centrale.Le romantisme, en mettant l'accent sur les particularités nationales et sur la renaissance de leur puissanceculturelle, a jeté les bases du XIXe siècle. Beaux-artsLe romantisme est caractérisé par des peintures ayant pour sujet des paysages poétiques (Caspar David Friedrich),des personnages littéraires et légendaires (L.

Richter, Runge, Schwind).

Les nazaréens, par leurs peinturesreligieuses, ont surtout représenté l'aspiration à la fuite hors du monde et le retour au Moyen Age.

En France, on aégalement abordé des thèmes littéraires ou historiques (Eugène Delacroix, Ingres, Gustave Courbet, ThéodoreGéricault). ExemplesCaspar David Friedrich : les Falaises de RügenDelacroix : Chasse au lionBöcklin : Jour de printemps. »