Le Roi LearWilliam ShakespeareActe IV, scène 6(Entrent Gloster et Edgar vêtu en paysan)Gloster.
Publié le 23/05/2020
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Le Roi Lear
William Shakespeare
Acte IV, scène 6
(Entrent Gloster et Edgar vêtu en paysan)
Gloster.— Quand arriverons-nous en haut de cette côte ?
Edgar.— Vous êtes en train de la gravir ; voyez comme nous peinons.
Gloster.— Le terrain me paraît plat.
Edgar.— Horriblement abrupt.
Écoutez, vous entendez la mer ?
Gloster.— Non, vraiment.
Edgar.— C'est que vos autres sens sont affaiblis par la douleur de vos yeux.
Gloster.— C'est possible, en effet.
Il me semble que ta voix a changé ; pour la forme
et le fond, tu parles mieux qu'avant.
Edgar.— Vous vous trompez grandement ; il n'y a rien de changé en moi que le
costume.
Gloster.— Non, il me semble que tu parles mieux.
Edgar.— Avancez, monsieur ; voici l'endroit ; halte ! Quel effroi et quel vertige de
jeter les yeux si bas ! Les corneilles et les choucas qui volent à mi-hauteur semblent à
peine aussi gros que des carabes ; à mi-falaise un homme est accroché qui cueille des
perce-pierre, terrible métier ! Il ne me paraît pas plus gros que sa tête.
Les pêcheurs
qui marchent sur la grève ont l'air de souris ; et là-bas ce grand navire est réduit à la
taille de sa chaloupe, sa chaloupe elle-même à une bouée si petite qu'on la voit à
peine.
Le flot murmurant, qui contre les innombrables et futiles galets fait rage, on
ne peut l'entendre de si haut.
Je ne veux pas regarder ; la tête qui me tourne et mes
yeux qui se troublent me précipiteraient en bas.
Gloster.— Place-moi où tu es.
Edgar.— Donnez-moi la main.
Vous voici à un pied du bord extrême.
Pour rien au
monde je ne ferais un bond sur place.
Gloster.— Lâche ma main.
Tiens, mon ami, prends cette autre bourse ; un joyau s'y
trouve qui vaut bien qu'un pauvre homme l'accepte ; que les dieux et les fées t'en
donnent bon profit ! Éloigne-toi, dis-moi adieu et que je t'entende partir.
Edgar.— Adieu, mon bon monsieur..
»
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