« Le rat qui s'est retiré du monde » de Jean de La Fontaine analyse complète
Publié le 05/12/2021
Extrait du document
« Le rat qui s’est retiré du monde » de Jean de La Fontaine
Les Levantins en leur légende
Disent qu'un certain Rat las des soins d'ici-bas,
Dans un fromage de Hollande
Se retira loin du tracas.
5 La solitude était profonde,
S'étendant partout à la ronde.
Notre ermite nouveau subsistait là-dedans.
Il fit tant de pieds et de dents
Qu'en peu de jours il eut au fond de l'ermitage
10 Le vivre et le couvert : que faut-il davantage ?
Il devint gros et gras ; Dieu prodigue ses biens
A ceux qui font voeu d'être siens.
Un jour, au dévot personnage
Des députés du peuple Rat
15 S'en vinrent demander quelque aumône légère :
Ils allaient en terre étrangère
Chercher quelque secours contre le peuple chat ;
Ratopolis était bloquée :
On les avait contraints de partir sans argent,
20 Attendu l'état indigent
De la République attaquée.
Ils demandaient fort peu, certains que le secours
Serait prêt dans quatre ou cinq jours.
Mes amis, dit le Solitaire,
25 Les choses d'ici-bas ne me regardent plus :
En quoi peut un pauvre Reclus
Vous assister ? que peut-il faire,
Que de prier le Ciel qu'il vous aide en ceci ?
J'espère qu'il aura de vous quelque souci.
30 Ayant parlé de cette sorte.
Le nouveau Saint ferma sa porte.
Qui désignai-je, à votre avis,
Par ce Rat si peu secourable ?
Un Moine ? Non, mais un Dervis :
35 Je suppose qu'un Moine est toujours charitable.
A propos de mon poème :
Jean de La Fontaine a publié plusieurs recueils de fables. En tout, il en sortit deux recueils de chacun 6 livres. Le premier contient ses textes les plus connus. Dans le deuxième, on y retrouve des textes plus réfléchis, « la métaphore» des animaux est, par contre, moins présente. « Le rat qui s’est retiré du monde » est le troisième poème du livre VII. Nous nous trouvons donc dans le début du deuxième recueil .
Cette fable a été écrite en 1678. Elle nous parle d’un rat qui s’est retiré de la société pour pouvoir être seul et méditer. En réalité ce rat est un glouton qui s’empiffre de fromage de Hollande et qui ne veut pas aider ses semblables.
Analyse de mon poème (fable) :
Le poème est constitué de 35 vers de différentes taille (octosyllabes ou alexandrins). L’œuvre est continue. Je veux dire par là qu’il n’est pas séparé en paragraphes (strophes). On rencontre des rimes masculines et féminines. On y retrouve 13 rimes différentes qui sont soit croisées (comme illustré par quatre premiers vers), soit plates (comme par exemple aux vers 9 et 10 ou aux vers 11 et 12 ).
Jean de la fontaine utilise dans ses fables des animaux pour décrire une catégorie de personnes qui constitue la société de son époque. L’animal dont il s’agit ici est un rat. Le fait qu’il représente une catégorie d’individus est prouvé par le fait que le rat est humanisé. En effet, il parle. On retrouve également d’autres caractères humains tels que l’hypocrisie (vers 27) et l’égoïsme (vers 30/31).
Cette fable est écrite en rimes ce qui lui donne un certain rythme. On observe que cette fable suit un schéma narratif : vers 1 à 12, situation initiale : le rat part en exil.
vers 13, l’élément perturbateur : une quête est menée par d’autres
rats
vers 14 à 31, différentes actions
vers 32 à 35, morale de l’histoire qui conclut le texte.
La Fontaine utilise ce schéma clair pour convaincre et persuader. Le plus important c’est que son implication dans ce texte est presque invisible.
La moralité est construite sous forme de devinette. La Fontaine nous invite à réfléchir avec le « à votre avis » . Il utilise également le présent (et non plus d’autres temps qu’il utilise du vers 1 à 32 ) pour montrer qu’il nous enseigne quelque chose.
Dans cette fable, Jean de La fontaine utilise l’ironie pour formuler ses critiques. En effet, l’ironie est une forme d’exagération. On peut d’ailleurs en retrouver dans le texte : « solitude (…) profonde » . Ces critiques concernent le Clergé de cette époque. Le rat a une fonction symbolique. Les endroits sordides dans lesquels il vit dénoncent un certain vice dans la personnalité de l’animal. Le rat représente une symbolique négative qui porte atteinte aux personnes représentées par celui-ci. Selon La Fontaine, le clergé est hypocrite car il profite de la société en trompant le peuple. Dans le texte ce fait est illustré par le vers « dans un fromage de hollande » car le fromage est l’aliment préféré du rat (il ne se préoccupe que de ses intérêts). Dans les citations suivantes : « le rat qui s’est retiré du monde » , « Las des soins » et « loin du tracas » on montre que les hommes d’église ne s’occupent pas des problèmes de la société. Pour finir on observe que le rat est égoïste quand ses semblables viennent lui demander de l’aide.
Le genre de ce texte est la fable. On a observé que celle-ci a été utilisée à des fins argumentatives. Derrière un récit structuré qui mélange cadre réaliste et personnages de fiction, l’auteur délivre une critique voilée d’un groupe social en l’occurrence le clergé. Différents moyens sont employés tels que les procédés du registre satirique (ironie, exagération…) dont le but est de discréditer leur statut.
Pourquoi ai-je choisi ce poème ?
Le rat qui s’est retiré du monde m’a tout de suite plus. Dès ma première lecture j’avais compris que derrière ce rat se cachait un membre de notre société et je me suis amusé à la chercher en vain. De ce fait je voulais approfondir le sujet pour savoir qui était cette catégorie de personnes qui était remplacée métaphoriquement dans cette fable par le rat et en apprendre plus non seulement sur ce poème mais également sur son auteur, Jean de La fontaine, son courant littéraire, à savoir le classicisme et son époque.
Comparer ce poème avec un vu en classe :
Je vais comparer mon poème avec un poème de jean de La Fontaine vu en classe : Les animaux malades de la peste.
Premièrement, les deux poèmes ont été écrits par le même auteur. Un des élément essentiel est, je crois, que ces deux poèmes ont été écrits à peu de temps d’intervalle. En effet, « Les Animaux malades de la peste » est le premier poème du livre VII alors que « Le rat qui s’est retiré du monde est le troisième. Par ailleurs on retrouve un élément essentiel dans les deux œuvres : la morale. On observe que dans les deux cas, la morale sert de constat à l’histoire.
Un autre point sur lequel on peut faire un rapprochement est la métaphore des personnages aux animaux. Oui, dans les deux (comme dans toutes les fables de La Fontaine) les animaux sont la métaphore d’une catégorie de personnes dans la société, dans le cas de la fable analysée en classe les personnages principaux sont :
1) le roi qui est représenté par un lion
2) les ministres qui sont représentés par des tigres ou des ours
3) les paysans qui sont représentés par des ânes
Sur un plan tout à fait formel, les deux poèmes peuvent être considérés comme long (35 vers pour le poème que j’analyse et 64 pour celui analyser en classe) si on prend comme référence la taille d’un sonnet ou d’un rondeau. Ensuite, on voit que dans les deux poèmes, la longueur des vers est différente mais qu’il s’agit souvent d’une alternance entre des octosyllabes et des alexandrins. Dans les deux œuvres, la fable n’est pas divisée par des strophes de ce fait, le poème n’est pas coupé.
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