Le rappel du parlementLa première erreur de Louis XVI.
Publié le 17/05/2020
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La première erreur de Louis XVI 1774
La grande réforme judiciaire du chance.:
lier Maupeou le 23 février 1 771 a sup
primé la vénalité des charges parlemen
taires et
le droit de faire des remontran
ces avant l'enregistrement des édits
royaux.
Les parlements, à
Paris et dans les provinces, ont été remplacés par des
conseils supérieurs dont les membres
sont nommés et payés par l'Etat.
Les anciens magistrats récalcitrants ont été
éloignés par lettres de cachet.
A son
avènement, le 11 mai 1774, Louis XVI
trouve donc réglée la mauvaise affaire
de l'opposition parlementaire qui, à par
tir
de 1750, a empoisonné le règne de
son grand-père.
Mais, aux côtés du
jeune souverain, lui souffiant sa condui
te,
se trouve le mentor qu'il s'est lui même choisi, le vieux comte de Maure
pas.
Par ses origines et ses amitiés,
Maurepas tient à la caste parlementaire,
entêtée dans ses privilèges.
Avec lui, les princes et toute la cour souhaitent le retour des anciens parlements; le peuple
également, car les parlementaires qui
ont eu l'audace de tenir tête au roi repré
sentent, à ses yeux,
le seul corps de
l'Etat capable de contrebalancer le pou
voir absolu.
Le lent travail de sape de Maurepas
consiste d'abord à se débarrasser du
chancelier Maupeou encore en place.
C'est chose faite dès
le 24 août et l'on
peut supposer que la réforme du
ministre tombera avec son auteur.
Mais
Louis XVI hésite: s'il a détesté Mau
peou,
il apprécie la souplesse des con
seillers installés par l'ex-chancelier; dé
vot,
il en veut aux parlements ennemis
des jésuites.
Mais il est soumis à l'influence
des princes,
au poids de l'opi
nion publique, au harcèlement des ministres qui le chambrent en comités
secrets.
Maurepas est soutenu par Miro mesnil et par Sartine.
Turgot, tout occu pé par sa réforme sur la circulation des grains, laisse faire.
Vers la mi-octobre, les fortes têtes parlementaires qui ont
senti le vent tourner reviennent à Paris.
Le 9 novembre, Louis XVI, pour répon
dre, pense-t-il, au vœu général et parce
qu'il «veut être aimé», accepte le rappel des parlements.
Une ordonnance, mise au point par Malesherbes, les rétablit,
tout en gardant en réserve le Grand
Conseil qui pourrait s'y substituer en cas de nouvelle crise.
Le 12 novembre, le roi, entouré de ses frères et des princes, Orléans, Conti,
Condé, tient un lit de justice en la Grand-Chambre du Palais de Justice; il rend les anciens parlementaires «à des fonctions qu'ils n'auraient jamais dû quitter».
Le même jour, la Cour des aides est réinstallée.
La capitale est en liesse.
Dès le mois de décembre, le parle
ment a retrouvé son meneur, le prince de Conti; dès janvier, il adresse au roi des revendications qu'il appelle des «re présentations».
«Le parlement, écrit un contemporain, veut être le roi vis-à-vis de la nation, et la nation vis-à-vis du roi.» Louis XVI s'est laissé prendre au piège.
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