Le progrès scientifique peut-il abolir les croyances irrationnelles et les préjugés ?
Publié le 15/05/2020
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Montrez d'abord que la connaissance scientifique se distingue de la croyance grâce à la certitude qu'elle apporte :quand elle progresse la croyance recule car celle-ci est irrationnelle (c'est-à-dire qu'elle demande une adhésion sanscompréhension : elle ne peut rendre compte de ses raisons).
Cependant montrez qu'un tel recul ne deviendra uneabolition que si la connaissance scientifique touche tous les objets de la croyance.
Demandez-vous alors s'il n'existepas des objets qui échappent par nature à la connaissance scientifique, car ils ne peuvent être soumis àl'expérience (c'est ce qu'on appelle la métaphysique).
Montrez ainsi que par exemple religieuse n'est jamaistotalement abolie par les progrès scientifiques.
Demandez-vous enfin si la science elle-même ne recèlerait pas unecertaine forme de croyance.
[Vouloir percer les secrets de la nature, c'est commettre un crime de lèse divinité.
Celui qui cherche àmaîtriser la nature par ses propres lumières se rebelle implicitement contre la toute-puissance de Dieu.]
La science est un défi à la croyanceVouloir connaître les secrets de la nature, c'est outrager Dieu.
C'est dérober le feu des dieux commeProméthée.
En effet, celui qui croit pouvoir percer le mystère de la création par ses propres lumières tente enfait de s'approprier un savoir qui n'appartient qu'au créateur.
Il se rebelle contre la toute-puissance divine.
Ledésir d'une connaissance interdite est la cause de la Chute: c'est pour avoir voulu goûter aux fruits de l'arbrede la connaissance qu'Adam et Eve ont été chassés du Paradis.
La science rend athéeLa connaissance scientifique aboutit nécessairement à l'athéisme.
Celui qui ne se satisfait plus de la Bible pourexpliquer la création est amené à rejeter la religion et à préférer les explications rationnelles aux explicationsirrationnelles.
Force est d'ailleurs de le constater: depuis la Renaissance, à mesure que la science progresse,les gens croient moins.
On pourra se référer ici aux analyses de Freud ou de Marx.
Pour Freud, par exemple, la religion n‘est pas la compensation illusoirede la misère économique et sociale, mais de la misère psychologique.Dans « L'avenir d'une illusion », Freud montre que les exigencesrépressives de la « civilisation » entrent en conflit avec les instincts,les désirs sexuels et agressifs qui caractérisent la « constitutionanimale » de l'homme.
Le « secret » de la force des « illusionsreligieuses » tient précisément à la force de ces désirs frustrés.
Lareligion a une fonction consolante parce qu'elle offre la perspective d'unau-delà dans lequel le désir trouvera sa satisfaction.
Mais elle répondaussi au besoin de protection et d'amour de l'homme par l'image d'uneProvidence bienveillante sous la forme de Dieu le Père : « Nous lesavons déjà : l'impression terrifiante de la détresse infantile avait éveilléle besoin d'être protégé –protégé en étant aimé- besoin auquel le pèrea satisfait : la reconnaissance du fait que l'homme s'est cramponné àun père, à un père cette fois plus puissant.
L'angoisse humaine en facedes dangers de la vie s'apaise à la pensée du règne bienveillant de laProvidence divine.
» Ainsi, donc, pour Freud, la religion est une illusionengendrée par le désir et c'est de l'image paternelle que provient l'idéede Dieu.
Le scientisme a remplacé la religionAujourd'hui, le scientisme s'est substitué à la croyance, et c'est de la science qu'on attend des miracles.
On pense volontiers que grâce aux progrès de la cosmologie, on connaîtraun jour l'origine de l'univers.
De même, médecine et génétique poursuivent un vieux rêve inavoué, celui del'immortalité.
S'ils ne craignent plus la nature ni la mort, les hommes n'auront plus besoin de Dieu.
Comtedécrira l'évolution de l'homme à travers sa fameuse "loi des trois états":
Énoncée très tôt dans l'oeuvre de Comte, la loi des trois états est formulée comme suit : « Parla nature mêmede l'esprit humain, chaque branche de nos connaissances est nécessairement assujettie dans sa marche àpasser successivement par trois états théoriques différents : l'état théologique ou fictif ; l'état métaphysiqueou abstrait ; enfin, l'état scientifique ou positif » (Plan des travaux scientifiques nécessaires pour réorganiserla société, 1822)..
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