Le Proche et le Moyen Orient dans les relations internationales depuis 1945
Publié le 14/05/2024
Extrait du document
«
Synthèse événementielle : "Le Proche et le Moyen Orient dans les relations
internationales depuis 1945"
"Vers l'Orient compliqué, je volais avec des idées simples".
Cette citation de Charles
de Gaulle dans ses Mémoires de Guerre (1954) montre la complexité de cette région
du monde que de Gaulle perçoit lors d'une tournée en Méditerranée orientale, en
mars 1941, afin d'y affirmer la présence de la France libre.
Les expressions de Proche et de Moyen-Orient sont utilisées aujourd’hui sans
distinction pour désigner un espace qui se situe entre l’Asie, l’Afrique et l’Europe.
Elles sont apparues toutes les deux à la fin du XIXème siècle et elles ont des origines
différentes :
-Le Moyen-Orient (« Middle East ») est une expression de la diplomatie britannique.
Elle désigne une région allant de l’Egypte à l’Afghanistan et du Sud du Caucase à la
Péninsule arabique.
-Le Proche-Orient (« Near East ») est une expression de la diplomatie française, par
opposition à l’Extrême-Orient où se trouve l’Indochine.
Elle désigne les Etats
bordiers de l’Est méditerranéen (Egypte, Israël, Liban, Syrie et Turquie auxquels on
ajoute la Jordanie).
Cette région a été longtemps désignée par les Français comme le
Levant.
Le XXème siècle a entraîné de profonds bouleversements de la région en raison de la
disparition de l’Empire Ottoman qui a été entérinée au traité de Sèvres en 1920.
L’apparition de nouveaux États arabes souverains, la création de l’État juif d’Israël en
1948 sont allés de pair avec une montée des nationalismes arabe et juif.
Aujourd’hui, c’est l’une des régions du monde où les tensions et le conflits sont les
plus nombreux.
Ces rivalités sont liées à plusieurs facteurs (politiques, religieux,
ethniques, rivalités pour les ressources naturelles, stratégiques comme le pétrole...)
qui parfois se superposent.
La région fait partie de cet « arc de crises » défini par le
politologue américain Zbigniew Brzezinski
I- Une région stratégique et sous forte influence extérieure (1945-1979)
A- Une région aux forts enjeux
1.
Une mosaïque culturelle et religieuse
La région constitue un véritable carrefour culturel : elle rassemble une mosaïque de
peuples : Arabes, Perses, Kurdes… et a vu naître les trois grandes religions révélées
monothéistes (judaïsme, christianisme, islam).
On y trouve des centres religieux de
1er ordre propres à chaque communauté religieuse comme : Bethléem pour les
Chrétiens, la Mecque ou Médine pour les Musulmans, ou communs aux trois
religions comme Jérusalem, une ville « trois fois sainte ».
Mais cette proximité
s’accompagne aussi de tensions intercommunautaires comme au Liban où se
concentrent 17 communautés confessionnelles et musulmanes.
2.
Un pont entre occident et Orient
Le Proche et Moyen-Orient est une région stratégique convoitée depuis la fin du
XIXème siècle en raison de sa situation géographique, véritable pont jeté entre l’Asie,
l’Europe et l’Afrique.
L'intérêt géostratégique de la région a été renforcé par la
construction du canal de Suez (190 km de long) inauguré en 1869 et détenu jusqu'en
1956 par une compagnie privée franco-britannique.
Il s'agit donc d'une route
maritime de premier plan pour le commerce mondial, mais aussi à des fins militaires
(navires américains durant la guerre du Golfe).
3.
Une région stratégique riche en hydrocarbures
L’intérêt porté à la région s’explique aussi par la découverte de gisements
d’hydrocarbures.
Ainsi les Britanniques sont-ils présents dans la région depuis le
début du XXème siècle.
L'Anglo-Persian Oil Company (1909) et l'Irak Petroleum
Company exploitent alors le pétrole en Iran et en Irak.
Les Américains s'implantent
dès l'entre-deux guerres en Arabie Saoudite et dans les pays du Golfe Persique.
En
février 1945, Roosevelt rencontre le roi Ibn Saoud d'Arabie Saoudite et scelle un
accord toujours en vigueur: pétrole contre protection militaire! En 1953, lorsque le
Premier ministre Mossadegh décide de nationaliser le pétrole iranien, la CIA
organise sa chute et permet l’arrivée au pouvoir de Mohammed Reza Pahlavi, le
Shah, plus enclin à défendre les intérêts américains.
B- La proclamation de l’Etat d’Israël et le bouleversement géopolitique de la
région
1.
L’échec du plan de partage de l’ONU (1947) et la proclamation d’Israël (1948)
Le 29 novembre 1947, l’ONU adopte un plan de partage de la Palestine qui doit
aboutir à terme à la création de deux états indépendants : un état juif, et un état
arabe.
Cette proposition est faite dans un contexte particulier.
Les Britanniques, à qui
la SDN avait confié la Palestine sous forme de mandat à la fin de la Première Guerre
mondiale n’ont su faire face à la montée des tensions entre Palestiniens et migrants
juifs arrivés d’Europe depuis la fin du XIXème siècle ou rescapés de la Shoah.
Cette
solution ne satisfait personne : le 14 mai 1948 David Ben Gourion proclame la
naissance de l’Etat hébreu : Israël.
Cette création est le point d’aboutissement du
mouvement sioniste fondé par Theodore Herzl au XIXème siècle.
Les deux
superpuissances ne se sont pas opposées à cette création.
L’URSS espère notamment
profiter du départ britannique de Palestine afin de renforcer sa présence au ProcheOrient.
2.
La première guerre israélo-arabe (1948-1949)
Le 15 mai 1948,au lendemain de la proclamation de la naissance d'Israël, 5 armées
arabes (Egypte, Transjordanie, Syrie, Liban, Irak) attaquent l'Etat hébreu.
Le manque
de coordination militaire explique la défaite des arabes le 7 janvier 1949.
Israël a
gagné 6000 km2 de plus que le plan de partage prévoyait.
Cette défaite arabe est vécue comme une catastrophe "Naqba".
Des milliers d'Arabes
de Palestine se réfugient soit à Gaza, soit en Cisjordanie, soit dans les pays arabes
voisins (Liban, Jordanie, Syrie, Égypte).
En tout, près de 620 000 Palestiniens ont
quitté leurs villages en 1948-1949.
Ils vivent dans une cinquantaine de camps de
réfugiés dans des conditions misérables.
3.
La crise de Suez (1956) précipite la région dans la Guerre froide
Le président égyptien G.
A.
Nasser qui dirige le pays depuis 1954 veut moderniser le
pays, et souhaite notamment construire un barrage à Assouan qu’Américains et
Européens refusent de financer.
Lors de la Conférence de Bandung en 1955, il s’est
affirmé comme leader du Tiers-Monde non-aligné.
En juillet 1956, Nasser annonce la
nationalisation du canal de Suez détenu par une compagnie franco-britannique.
La
France et la Grande-Bretagne décident de s’entendre avec Israël pour protéger leurs
intérêts économiques et stratégiques : Israël attaque l’Égypte et des troupes francobritanniques sont parachutées.
Les protestations des États-Unis et de l’URSS mettent
fin à la crise.
Les casques bleus de l’ONU interviennent en Novembre 1956.
Nasser est le grand vainqueur de la crise et s’impose comme un leader du monde
arabe.
Face au nouveau refus américain de financer le barrage d’Assouan, Nasser se
tourne vers l’URSS qui devient le protecteur des pays arabes à régime « progressistes
socialistes ».
Les États-Unis se rapprochent d’Israël, de la Jordanie, de la Turquie et
de l’Arabie Saoudite.
Depuis 1955, une alliance militaire : le Pacte de Bagdad entre
les Etats-Unis, l’Iran, l’Irak, la Turquie, le Pakistan et le Royaume-Uni doit permettre
de contenir l’influence de l’URSS dans la région.
C- Les conflits israélo-arabes et la déstabilisation des relations internationales
1.
Guerre des Six Jours (1967) et guerre de Kippour (1973) continuent d’opposer
Israël et les pays arabes voisins
Dans un contexte de montée des tensions, Israël déclenche une « frappe préventive »
en juin 1967.
La guerre aboutit en six jours à la destruction de 70% de l’artillerie
syrienne et égyptienne.
L’aviation est détruite au sol.
Israël agrandit son territoire :
elle annexe le Sinaï égyptien, le plateau du Golan, et les territoires palestiniens de
Cisjordanie, et de la Bande de Gaza.
L’armée israélienne, Tsahal reprend le contrôle
de la vieille ville de Jérusalem avec le Mur des Lamentations.
Le conseil de sécurité
de l’ONU vote la résolution 242.
La résolution n’est pas respectée par Israël qui
s’isole diplomatiquement, les États-Unis devenant son seul soutien d’envergure.
En août 1967, lors du Sommet de Khartoum, l’hostilité des pays arabes envers Israël
est réaffirmée.
En octobre 1973, le successeur de Nasser, A.
El-Sadate veut effacer l’humiliation
subie par les Arabes en 1967.
Une guerre est déclenchée sans préavis le jour du Yom
Kippour, importante fête juive.
Les Israéliens, d’abord surpris parviennent à rétablir
la situation grâce à un important pont aérien des États-Unis.
Les Égyptiens et les
Syriens sont approvisionnés en matériel par l’URSS.
L’ONU impose difficilement un
cessez-le-feu.
Pour faire pression sur les puissances occidentales, les pays arabes producteurs de
pétrole, membres de l'OPEP décident le quadruplement des prix du pétrole : de 3$ à
12$ le baril! C’est le premier « choc » pétrolier.
2.
Le « problème palestinien »
Depuis la « Naqba » de 1949, le mouvement palestinien se structure avec pour
objectif la libération de la Palestine et la création à terme d’un véritable état
palestinien indépendant des voisins arabes.
Yasser Arafat jeune ingénieur, crée en
1959 le Fatah qui rejoint avec d’autres mouvements l’OLP créée en 1964.
Il choisit
d’abord la lutte armée pour libérer la Palestine, et refuse toute reconnaissance
d’Israël.
En Jordanie, en 1970, le roi de Jordanie fait bombarder les camps de réfugiés
palestiniens : c’est le « septembre noir » suite à un attentat contre des....
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Le Moyen-Orient dans les relations internationales
- Le Moyen-Orient dans les relations internationalesde 1945 à nos jours ?
- LES RELATIONS INTERNATIONALES (1945-1975)
- Le Moyen-Orient par Jacques FreymondDirecteur de l'Institut Universitaire de Hautes Études Internationales, Genève La Première Guerre mondiale s'est achevée sur une démonstration nouvellede la pérennité du système " copartageant ".
- Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés dePalestine dans le Proche-Orient - relations internationales.