Le préféré de MarieMarie venait de remarquer quelque chose qui lui avait échappé jusqu'alors, un jolipetit bonhomme apparut aux yeux de tous.
Publié le 23/05/2020
Extrait du document
«
Le préféré de Marie
Marie venait de remarquer quelque chose qui lui avait échappé jusqu'alors, un joli
petit bonhomme apparut aux yeux de tous.
Il se tenait tout droit, sagement, comme s'il
attendait tranquillement son tour.
On aurait pu le croire bizarrement proportionné : son buste était trop long et
corpulent pour ses jambes courtes et maigrelettes, et sa tête beaucoup trop grosse par
rapport au reste de sa personne.
Il portait une veste de hussard violet chatoyant à la
coupe irréprochable, ornée de galons et de boutons blancs, un pantalon assorti et les plus
jolies bottes qu'un étudiant ou même un officier eût jamais portées.
La petite fille l'aima
au premier coup d' œ il , et plus elle contemplait le charmant petit personnage, plus elle
était enchantée par son air de bonté.
Ses yeux vert clair, quelque peu proéminents,
respiraient eux aussi la gentillesse, et sa barbiche de coton blanc, soigneusement peignée,
était des plus avenantes et faisait ressortir le doux sourire de sa bouche.
« Oh, papa chéri ! s'exclama Marie.
A qui appartient l'adorable petit bonhomme ?
- Ma chère petite, répondit le docteur Stahlbaum, notre ami ici présent se mettra à votre
service à tous : c'est lui qui croquera pour vous les noisettes trop dures, et il appartient à
Louise, aussi bien qu'à toi et à Fritz.
»
Le docteur Stahlbaum apprit à ses enfants que l'adorable petit personnage était un
descendant de la famille Casse-Noisette et qu'il exerçait le métier de ses ancêtres, ce qui
fit s'exclamer joyeusement Marie.
« Eh bien, chère Marie, puisque tu sembles si attachée à notre ami Casse-Noisette, c'est
toi qui seras plus particulièrement chargée d'en prendre soin, mais n'oublie pas, comme je
te l'ai déjà dit, que Louise et Fritz ont autant que toi le droit de s'en servir.
»
Marie prit le petit personnage et lui donna des noisettes à croquer.
Louise se joignit
à elle, et l'ami Casse-Noisette fit son ouvrage pour les deux petites filles.
Il semblait
enchanté de le faire, car il ne cessait de sourire le plus gracieusement du monde.
Cependant, Fritz se lassa de chevaucher avec ses soldats et de les faire man œ uvrer
.
Au bruit des noisettes brisées, il se précipita vers ses s œ urs et rit de tout son c œ ur à
la vue du plaisant petit bonhomme, ce qui lui donna soudain envie de manger, lui aussi, des
noisettes.
Casse-Noisette passa d'une main à l'autre, ouvrant et fermant la bouche
inlassablement.
Fritz choisissait toujours les noisettes les plus grosses et les plus dures,
quand tout à coup trois petites dents tombèrent de la bouche de Casse-Noisette et sa
mâchoire inférieure se mit à trembloter.
« Oh, mon pauvre Casse-Noisette s'écria Marie en l'arrachant des mains de Fritz.
- Ce n'est qu'un pauvre imbécile constata Fritz.
Ça se dit Casse-Noisette avec d'aussi
mauvaises dents! Si tu veux mon avis, il ne connaît même pas son métier.
Donne-le-moi,
Marie ! Il va me casser des noisettes, dût-il en perdre toutes les dents qui lui restent et
s'en déboîter la mâchoire ! Qu'a-t-on à faire d'un bon à rien pareil ?
- Non, non ! sanglota Marie, c'est mon petit Casse-Noisette, tu ne l'auras pas ! Regarde
comme il a l'air triste et me montre sa petite bouche tout endolorie.
Tu n'es qu'un sauvage
sans c œ ur , tu bats tes chevaux et tu es même allé jusqu'à tuer un de tes soldats !
- C'est tout à fait normal, répliqua Fritz.
Tu n'y comprends rien et Casse-Noisette
m'appartient autant qu'à toi, alors rends-le-moi ! ».
»
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