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Le Pont Mirabeau - Guillaume Apollinaire- Alcools

Publié le 09/12/2021

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Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours
Faut-il qu'il m'en souvienne
La joie venait toujours après la peine

Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure

Les mains dans les mains restons face à face
Tandis que sous
Le pont de nos bras passe
Des éternels regards l'onde si lasse

Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure

L'amour s'en va comme cette eau courante
L'amour s'en va
Comme la vie est lente
Et comme l'Espérance est violente

Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure

Passent les jours et passent les semaines
Ni temps passé
Ni les amours reviennent
Sous le pont Mirabeau coule la Seine

Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure

Guillaume Apollinaire (1880 - 1918)
Introduction.
Cette courte pièce est tirée d'Alcools, oeuvre principale d'Apollinaire : un coin de paysage urbain suscite une méditation lyrique, qui semble banale au premier abord, mais devient poignante à force de simplicité et de pathétique.
Le texte.
Le poème est composé de strophes séparées par un refrain. Chaque strophe est constituée de trois décasyllabes sans césure fixe; mais les quatre premières syllabes du second vers sont isolées par un artifice typographique. Les deux vers du refrain sont coupés après la quatrième syllabe.
Première strophe. Sous le pont Mirabeau coule la Seine : ce vers est le seul, dans toute la pièce, qui décrive la réalité extérieure. Le poète songe-t-il à une aventure vécue jadis dans ce cadre ? rien ne permet de le supposer. Aussitôt, il s'enferme dans son monde personnel : à la fuite de l'eau, il associe la fuite du temps; et nous voilà transportés dans son passé. Pourtant, il semble redouter cette évocation : Et nos amours faut-il qu'il m'en souvienne; l'inflexion du tour interrogatif engendre une impression d'inquiétude lasse. A cette mélancolie s'oppose en apparence l'affirmation du dernier vers : La joie venait toujours après la peine; mais le souvenir de cette joie n'est qu'une amertume de plus. Le triplement de la rime féminine crée dès cette première strophe une atmosphère musicale de complainte, qu'entretient la rime également féminine du refrain. Les deux subjonctifs vienne et sonne traduisent la résignation du poète devant les jours qui s'en vont; mais, douloureusement, il constate : je demeure; seul, il est exempt du changement universel, mais il n'y échappe que pour souffrir.


« Le Pont Mirabeau - Guillaume Apollinaire- Alcools Sous le pont Mirabeau coule la SeineEt nos amoursFaut-il qu'il m'en souvienneLa joie venait toujours après la peine Vienne la nuit sonne l'heureLes jours s'en vont je demeure Les mains dans les mains restons face à faceTandis que sousLe pont de nos bras passeDes éternels regards l'onde si lasse Vienne la nuit sonne l'heureLes jours s'en vont je demeure L'amour s'en va comme cette eau couranteL'amour s'en vaComme la vie est lenteEt comme l'Espérance est violente Vienne la nuit sonne l'heureLes jours s'en vont je demeure Passent les jours et passent les semainesNi temps passéNi les amours reviennentSous le pont Mirabeau coule la Seine Vienne la nuit sonne l'heureLes jours s'en vont je demeure Guillaume Apollinaire (1880 - 1918) Introduction. Cette courte pièce est tirée d'Alcools, oeuvre principale d'Apollinaire : un coin de paysage urbain suscite une méditation lyrique, qui semble banale aupremier abord, mais devient poignante à force de simplicité et de pathétique. Le texte. Le poème est composé de strophes séparées par un refrain.

C haque strophe est constituée de trois décasyllabes sans césure fixe; mais les quatrepremières syllabes du second vers sont isolées par un artifice typographique.

Les deux vers du refrain sont coupés après la quatrième syllabe. Première strophe.

Sous le pont Mirabeau coule la Seine : ce vers est le seul, dans toute la pièce, qui décrive la réalité extérieure.

Le poète songe-t-il à uneaventure vécue jadis dans ce cadre ? rien ne permet de le supposer.

A ussitôt, il s'enferme dans son monde personnel : à la fuite de l'eau, il associe la fuitedu temps; et nous voilà transportés dans son passé.

Pourtant, il semble redouter cette évocation : Et nos amours faut-il qu'il m'en souvienne; l'inflexion dutour interrogatif engendre une impression d'inquiétude lasse.

A cette mélancolie s'oppose en apparence l'affirmation du dernier vers : La joie venait toujoursaprès la peine; mais le souvenir de cette joie n'est qu'une amertume de plus.

Le triplement de la rime féminine crée dès cette première strophe uneatmosphère musicale de complainte, qu'entretient la rime également féminine du refrain.

Les deux subjonctifs vienne et sonne traduisent la résignation dupoète devant les jours qui s'en vont; mais, douloureusement, il constate : je demeure; seul, il est exempt du changement universel, mais il n'y échappe quepour souffrir. Seconde strophe.

Le souvenir se précise; l'impératif restons traduit le désir de rendre présent le passé, de tirer du fond de l'ombre l'image du couple que lepoète formait avec l'être aimé.

Face à face est lourd de mélancolie; par ces mots déjà, le paysage devient symbole, car les deux personnages sont l'un enface de l'autre comme les deux rives du fleuve; le décor se confond presque avec le couple, se charge de la signification du geste humain, tandis que lecouple prend l'immobilité inhumaine du décor.

Ainsi, le pont de nos bras et l'onde des éternels regards ne sont pas seulement des images précieuses ou bizarres; ces mots expriment l'âme même du poète, accablé sous le poids de sa permanence.

Le refrain, quand il revient, se charge d'une lassitude accrue,et comme de la souffrance de ne pouvoir passer et finir. Troisième strophe.

Le poète semble incapable de contenir sa peine.

Il poursuit à mi-voix un soliloque involontaire.

L'oeil fixé sur le fleuve, il remâche la lugubre constatation : L'amour s'en va comme cette eau courante L'amour s'en va.

Puis, dans un sursaut d'amertume saisissant, il reporte son attention surlui-même : la vie est lente fait écho à je demeure; l'existence est monotone et pénible à supporter, puisqu'il est seul désormais; et l'espérance, qui malgrélui l'entraîne violemment à vivre, est une force mauvaise, car elle le raccroche à une illusion.

A cet instant, la reprise du refrain atteste la permanence duregret. Quatrième strophe.

Les derniers vers traduisent, avec des incorrections imitées de la poésie populaire, un désabusement ironique : pour échapper aux prestiges cruels de l'espérance, le poète se répète que l'amour est fini, et que passent les jours et passent les semaines; mais ces jours et ces semainessont les fragments d'un temps extérieur à lui : son temps intérieur, celui de sa nostalgie et de sa peine, ne pasâe pas.

La répétition finale du premier vers,Sous le pont Mirabeau coule la Seine, comme celle des rimes de la première strophe, nous ramène au point de départ : le cercle est fermé, il n'y a pasd'espoir.

Les mots si simples de ce vers et du refrain prennent la valeur d'une constatation désespérée : l'amour a passé; seul subsiste, nouveauProméthée, le poète pétrifié dans sa souffrance. Conclusion. Malgré son modernisme apparent (absence de toute ponctuation, suppression de tout repère logique, suites d'images et de termes imprécis), ce poème estau fond très clair et très suggestif : une ligne générale s'en dégage, une forte unité de sentiment est créée par les sonorités, les rimes féminines assourdies et lasses, les répétitions, la présence d'un refrain.

Il se rattache d'ailleurs avec son vocabulaire pauvre et simple, ses mots familiers, ses négligencesvolontaires, à toute une tradition poétique, qui va des chansons de toile à Verlaine.. »

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