Le mythe de la destinée des âmes chez Platon
Publié le 02/02/2022
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En effet, le prestige de la profession ou l’accumulation de biens luxueux peuvent être un avantage afin d’éviter un jugement trop sévère. Pire que cela, certaines personnes parlent alors en faveur de l’homme jugé car la fortune peut servir d’aide pour faire appel. Toutefois, ces biens matériels ne sont que des illusions qui permettent de se raccrocher à sa condition d’humain. L’homme est misérable et tellement faible qu’il essaye de se rassurer avec des biens éphémères. Paradoxalement, ce sont ces facteurs extérieurs qui corrompent l’âme de l’homme sur terre. Afin d’éviter toute injustice lors du jugement divin, Zeus va mettre un terme à cette situation. En effet, la connaissance de la mort doit être annihiler pour que l’homme puisse être juger de façon juste. Zeus va donc dire que « les hommes doivent être jugés nus, dépouillés de tout ce qu’ils ont. C’est pourquoi on doit les juger morts, qu’il laisse sur la terre tout de décorum » (523b-524a). Le nouveau jugement présenté par Zeus est assez intéressant. Effectivement, l’homme se présente nu devant la mort comme lorsqu’il apparait au monde à travers la naissance. De plus, les biens matériels ne sont plus présents et les proches restent sur terre. Il n’y a donc aucun intercesseur possible entre l’âme et les juges. Seules les actions plaident en faveur de l’homme concerné. Le jugement est alors plus impartial et on ressent un aspect suprême. Les hommes ne sont plus vivants mais morts lors du jugement donc nous pouvons parler de transmigration des âmes voire de transcendance divine à travers le nouveau jugement de Zeus. Les juges sont alors morts comme le présente cette phrase « et leur juge doit être également mort, rien qu’une âme qui regarde une âme » (523b-524a). Cette citation est profondément marquante car le jugement s’apparente enfin à une volonté divine. Le fait que ce soit une âme qui juge une autre âme accentue les problématiques métaphysiques mais renforce le rôle d’un jugement. L’âme, concept spirituel, devient alors maîtresse du destin de l’homme.
«
Le mythe de la destinée des âmes
Gorgias est un dialogue de Platon, ayant pour sous-titre De la rhétorique même s'il ne
s'agit pas d'un traité sur l'art d'écrire, parler ou composer un discours.
Il s'agit d'examiner la
valeur politique et morale de la rhétorique.
Notre réflexion n’aura pas pour dessein d’analyser les différentes formes de la rhétorique
mais d’étudier la fin du dialogue avec le mythe présenté par Socrate.
En effet, ce dernier
transmet à Callicles sa pensée sur le futur des âmes de chaque être humain.
Le mythe que nous présente Socrate relève de la métaphysique car l’âme est souvent liée à la
connaissance d’un créateur divin qui aurait façonné les âmes des humains.
La métaphysique provient de deux mots grecs « méta et phusika ».
Elle questionne la
connaissance du monde, des choses et des processus en tant qu’ils existent « au-delà » et
indépendamment de l’expérience sensible que nous en avons.
Le terme métaphysique est
apparu avec l’œuvre d’Aristote au 4 ème
siècle.
Qu’est-ce que l’âme ? est-elle obligatoirement liée à un esprit créateur ? est-ce une illusion
de l’esprit ?
Le mythe que révèle Socrate est aussi sujet à l’ontologie puisque ce dernier invite à réfléchir
sur « l’être » et la connaissance pure de l’Homme et de son âme.
L’ontologie désigne aussi
l’étude des propriétés de l’être telles que l’existence, l’avenir de l’homme.
Martin Heidegger qualifiait l’ontologie « de compréhension de l’être ».
Qu’est-ce que l’existence ? l’existence de l’homme se poursuit-elle après la mort ? l’être est-il
synonyme de néant ?
Socrate nous invite également à nous questionner sur la place de la morale avec l’âme.
En
effet, l’idée d’une vie postérieure pourrait restreindre voire contrôler les désirs les plus
puissants des hommes.
Si l’âme est jugée par des divinités, l’homme se doit de garder de la
pureté, de la lumière dans son existence afin de ne pas subir la punition divine.
Le vice et les passions humaines sont alors à éviter car l’âme se fait corrompre et la noirceur
prend la place de la pureté.
La morale est alors prépondérante dans la question
métaphysique de l’âme.
La conception de l’âme peut-elle restreindre le vice de l’homme ? le châtiment divin exerce-t-
il une pression positive sur la conduite de l’homme ? l’immatérialité de l’âme permet-elle de
se rassurer sur sa condition humaine ?
Le mythe que nous présente Socrate est aussi liée à la notion de justice.
Effectivement, l’âme
est une affaire de justice.
Cette notion a un double sens, la justice divine et la justice des
hommes.
Cette dualité impacte grandement l’existence de l’homme sur terre mais aussi dans
« l’au-delà ».
L’âme se présente comme étant le spectre intérieur de l’homme.
La justice des
hommes a pour dessein de soigner l’âme en tant que notion métaphysique afin d’effacer le
délit et de ne pas souiller l’homme.
Cette notion est un remède miracle pour l’homme car
elle soigne les maux de l’âme et les souffrances humaines.
La justice divine, quant à elle, est
souvent résumée avec « le jugement dernier ».
L’idée d’un jugement suprême est alors invoquée par Socrate.
De nombreuses religions, qui
prêchent le monothéisme pur, possèdent cette vision du futur de l’âme.
Doit-on subir plutôt que commettre l’injustice ? l’idée d’une justice divine ne serait pas le
fruit d’une illusion collective ? la justice a-t-elle un impact sur la transcendance de l’âme ?
Socrate ne l’évoque pas explicitement dans Gorgias mais la politique est liée à l’âme.
Cette idée est davantage reprise dans « la République »..
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