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Le monde romanesque n'est que la correction de ce monde-ci, suivant le désir profond de l'homme. Car il s'agit bien du même monde. La souffrance est la même, le mensonge et l'amour. Les héros ont notre langage, nos faiblesses, nos forces. Mais eux, du moins, courent jusqu'au bout de leur destin et il n'est même jamais de si bouleversants héros que ceux qui vont jusqu'à l'extrémité de leur passion. Commentez ce propos.

Publié le 09/12/2021

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Ci-dessous un extrait traitant le sujet : Le monde romanesque n'est que la correction de ce monde-ci, suivant le désir profond de l'homme. Car il s'agit bien du même monde. La souffrance est la même, le mensonge et l'amour. Les héros ont notre langage, nos faiblesses, nos forces. Mais eux, du moins, courent jusqu'au bout de leur destin et il n'est même jamais de si bouleversants héros que ceux qui vont jusqu'à l'extrémité de leur passion. Commentez ce propos.. Ce document contient 1051 mots. Pour le télécharger en entier, envoyez-nous un de vos documents grâce à notre système d’échange gratuit de ressources numériques ou achetez-le pour la modique somme d’un euro symbolique. Cette aide totalement rédigée en format pdf sera utile aux lycéens ou étudiants ayant un devoir à réaliser ou une leçon à approfondir en : Littérature
Mozart, dans Don Giovanni, pousse la chose à l'invraisemblable en attribuant à Don Juan "mille et trois" conquêtes. Ce héros, allant au bout de son principe libertin, trouvera la mort. Le monde littéraire est tellement peuplé d'archétype qu'il donne lieu à des qualificatifs fondés sur le nom propre des héros : Henri Gouhier signale cela dans Le théâtre et l'existence, en limitant ce fait à la comédie : on peut dire "c'est un Harpagon". Mais cela existe aussi pour le roman : on peut dire "c'est un Rastignac".   II. "Il n'est même jamais de si bouleversants héros que ceux qui vont jusqu'à l'extrémité de leur passion" - Dans Dionysos, Pierre-Aimé Touchard mène une réflexion sur la force du théâtre; il dit par exemple qu'on aime au théâtre la liberté dont on est privé dans la vie : l'homme d'action n'a pas besoin du théâtre. C'est pourquoi il est "bouleversant" de voir se faire ce qu'on ne peut faire à cause des impératifs sociaux : la chose se réalise malgré tout (aboutissement des pulsions violentes par exemple) mais sans danger pour nous ni pour la société : Scapin frappe son maître enfermé dans un sac (ce qui constitue une scène très violente, si on ôte l'atmosphère comique) mais le public peut en rire. Le héros qui ose faire ce que le spectateur ne peut pas faire permet que s'opère une forme de catharsis. - Implications métaphysiques de cette pensée : dans La chute de Sisyphe, Camus plaide pour une réponse à l'absurde qui soit la révolte : l'homme ne peut réagir au sentiment d'absurde qui l'étreint face au monde uniquement par la révolte. Les personnage de son roman La peste obéissent à ce principe : le docteur Rieux s'obstine à combattre cette maladie dévorante, et trace ainsi une figure de la Révolte face à l'absurde.

« Sujet: Le monde romanesque n'est que la correction de ce monde-ci, suivant le désir profond de l'homme.

Car ils'agit bien du même monde.

La souffrance est la même, le mensonge et l'amour.

Les héros ont notre langage, nosfaiblesses, nos forces.

Mais eux, du moins, courent jusqu'au bout de leur destin et il n'est même jamais de sibouleversants héros que ceux qui vont jusqu'à l'extrémité de leur passion. Ce sujet pose comme présupposé que "le désir profond de l'homme" est d'aller au bout de ses passions, mais que lemonde le réfrène; et que le spectacle d'une homme allant au bout de sa passion est bouleversant.

Camus semblelimiter sa réflexion au monde romanesque, mais on peut l'étendre à la littérature pour examiner plusieurs questions :qu'est-ce qui fait la force de la littérature? L'effet que font les héros sur le lecteur semble s'apparenter à la force dela catharsis théâtrale.

D'autre part, la définition de Camus du monde romanesque nous semble-t-elle pertinente ("lacorrection de ce monde-ci, suivant le désir profond de l'homme").

Cette définition amène à une réflexion sur lanotion de mimesis. I.

"Eux, du moins, courent jusqu'au bout de leur destin" - Le monde romanesque présente des personnages archétypaux, qui pousse leur logique à l'extrême, parfois jusqu'àla mort : on a de nombreux exemples de ce type.

Emma Bovary se suicide, le héros de la nouvelle de Dostoïevski, Lejoueur, est aspiré par le besoin de jouer à la roulette.

Dostoïevski dit, en parlant de son héros : « le personnageprincipal est très vivant (…) le point principal est que toute sa sève vitale, ses forces, son impétuosité, son audacesont absorbées par la roulette.

C'est un joueur, mais ce n'est pas un joueur ordinaire.

» C'est l'archétype du"Joueur".- Le personnage de Don Juan, qui a donné lieu à des adaptations théâtrales et musicales, est un archétype, ilincarne l'obsession amoureuse.

Mozart, dans Don Giovanni, pousse la chose à l'invraisemblable en attribuant à DonJuan "mille et trois" conquêtes.

Ce héros, allant au bout de son principe libertin, trouvera la mort.

Le monde littéraireest tellement peuplé d'archétype qu'il donne lieu à des qualificatifs fondés sur le nom propre des héros : HenriGouhier signale cela dans Le théâtre et l'existence, en limitant ce fait à la comédie : on peut dire "c'est unHarpagon".

Mais cela existe aussi pour le roman : on peut dire "c'est un Rastignac".

II.

"Il n'est même jamais de si bouleversants héros que ceux qui vont jusqu'à l'extrémité de leur passion" - Dans Dionysos, Pierre-Aimé Touchard mène une réflexion sur la force du théâtre; il dit par exemple qu'on aime authéâtre la liberté dont on est privé dans la vie : l'homme d'action n'a pas besoin du théâtre.

C'est pourquoi il est"bouleversant" de voir se faire ce qu'on ne peut faire à cause des impératifs sociaux : la chose se réalise malgrétout (aboutissement des pulsions violentes par exemple) mais sans danger pour nous ni pour la société : Scapinfrappe son maître enfermé dans un sac (ce qui constitue une scène très violente, si on ôte l'atmosphère comique)mais le public peut en rire.

Le héros qui ose faire ce que le spectateur ne peut pas faire permet que s'opère uneforme de catharsis.- Implications métaphysiques de cette pensée : dans La chute de Sisyphe, Camus plaide pour une réponse àl'absurde qui soit la révolte : l'homme ne peut réagir au sentiment d'absurde qui l'étreint face au monde uniquementpar la révolte.

Les personnage de son roman La peste obéissent à ce principe : le docteur Rieux s'obstine àcombattre cette maladie dévorante, et trace ainsi une figure de la Révolte face à l'absurde.

Cette implicationphilosophique et humaniste du héros donne de la force et de la conviction à son action. III.

S'agit-il "bien du même monde"? - Le mouvement du "nouveau roman" ne suit pas exactement ce schéma : les personnages des oeuvres de MichelButor ou de Nathalie Sarraute ne sont pas dans l'archétype, la caricature; ils semblent au contraire épouserexactement la personnalité d'un être humain moyen.

Le héros de La modification est pris dans un réseaud'exigences, de peurs, de choix à faire : se sachant atteint d'une maladie, il hésite à quitter sa femme pour rejoindresa maîtresse.

Mais après avoir délibéré pendant tout le roman il renonce à ce projet.

Le personnage a les mêmes"langage, faiblesses, force" que le lecteur; mais il ne parvient pas à s'affranchir de ses faiblesses.

Dans ce cas, lasimilitude avec le monde réel est trop grande pour qu'il y ait bouleversement et héroïsme.- La citation donne une définition de la mimesis artistique : l'artiste, lorsqu'il crée, utilise le monde réel commematière première et la modifie.

Selon l'auteur de la citation, cette modification consiste en une "correction" qui tientessentiellement au caractère des personnages.

On peut se demander si cette définition n'est pas limitative :l'univers de Rabelais, par exemple, est fantaisiste, régi par les lois du burlesque et de l'imaginaire; ses liens avec laréalité consistent en un regard critique (par exemple sur les docteurs de la Sorbonne, pris pour des charlatans) ouen une explication de ce que doit être une éducation humaniste.

Nous ne sommes pas dans l'héroïsme ou lacatharsis, mais il y a tout de même création romanesque. La définition que donne Albert Camus du monde romanesque présente plusieurs particularités : il semble donner auroman les mêmes outils que le théâtre : mimesis, et catharsis.

Et il l'investit d'une charge philosophique et humanistetrès grande : le personnage romanesque devient figure de l'Absolu et (par rapport à la philosophie de Camus) de laRévolte face à l'absurde.

On peut cependant nuancer ce propos en examinant plusieurs romans dont la force nerepose pas sur un personnage archétypal; et dans lesquels la mimesis introduit aussi la notion de burlesque etd'imaginaire.. »

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