Le monde n'est-il qu'une idée ?
Publié le 10/01/2023
Extrait du document
«
« Avec nos pensées, nous créons le monde ».
Bouddha
Cette conception du monde vient donc contredire.
Le Monde comme « totalité englobante supposant un certain ordre organisé autour d'un principe
commun d'intelligibilité », selon la définition du Dictionnaire des concepts philosophiques, est
l'héritier du « Cosmos » de l'antiquité grecque.
« Pythagore aurait été le premier à appeler cosmos, ,
l'enveloppe de toute chose, à cause de l'ordre qui s'y trouve »
Le concept de Monde qui progressivement lui succède est fortement théologisé par le Moyen Âge
pour être déthéologisé au XVIIe siècle par la tradition cartésienne, puis lui-même remis en question
au début du XXe siècle par la phénoménologie qui inverse la direction du regard en faisant de
l'homme l'origine absolue du sens.
Dans la modernité, après Emmanuel Kant, on peut considérer que le Monde est une idée de la
raison visant la totalité.
Le Monde ainsi défini dépasse les possibilités de la connaissance.
C'est une
idée régulatrice permettant de stabiliser la pensée lorsque l'on veut désigner la totalité.
Mais, le
Monde n'est pas que la totalité, sans quoi le concept de totalité suffirait : il est la totalité de ce que
l'on suppose exister, il désigne l'existant pris dans son ensemble.
Nous utilisons le terme de Monde noté avec une majuscule pour le distinguer de celui de "monde"
notée avec une minuscule qui a trait, non à la totalité, mais au contraire à des domaines limités.
Dans ce cas, le monde désigne souvent la subjectivité individuelle (le monde de telle personne, sens
que l'on retrouve dans l'expression "vivre dans son monde").
On désigne ainsi la manière subjective
dont chacun perçoit et conçoit sa vie, son entourage.
L’idée étant une conception de l’esprit, une
représentation abstraite, chacun aurait son propre monde, qu’il perçoit à sa manière
Le monde se réduit-il à l’idée que l’on s’en fait ?Se réduit-il à la manière dont on le perçoit ?
Existe-t-il une une réalité objective, matérielle du monde ? Si oui, est-il possible de
l’appréhender ?
I/ Monde sansible
II/ Monde réel
III/ L’interaction entre l’homme et le monde.
MONDE SENSIBLE :
Nous n’admettons d’existence qu’à partir de quelque élément sensible.
Ou bien nous parlons plutôt
de croyance, de foi, et renonçons dès lors à obtenir consensus général par démonstration ou
expérimentation.
Cela reviendrait à dire que « monde sensible » et « monde » tout court sont une
seule et même chose.
Exister, c’est être perçu, directement ou indirectement.
Cela semble aller de
soi.
Il n’est donc de monde que sensible, cette conviction reviendrait à rallier le matérialisme
philosophique, c’est-à-dire l’affirmation que le monde existe hors de notre esprit, indépendamment
de lui et comme objet de toute connaissance.
L’ennui, c’est que cette proposition (« exister c’est être perçu ») est le point de départ de
l’immatérialisme de Berkeley, lequel montre dans ses Trois dialogues entre Hylas et Philonous
que, par voie de conséquence, les objets existent pour nous sous la forme exclusive de perceptions,
c’est-à-dire d’idées dans notre esprit.
En témoigne le fait que les qualités « premières » ou «
secondes »
Les « qualités premières » sont celles sans lesquelles les objets sensibles s’avèrent relatives à l’état
ou la position du sujet et ne présentent donc ni stabilité ni objectivité.
Ainsi, l’idée même de «
matière » existant hors de notre esprit apparaît totalement arbitraire, indémontrable, donc
inadmissible en philosophie rationnelle.
Paradoxe de ce texte de Berkeley : d’un côté, le sens commun conduit à nier l’existence du monde
matériel hors de notre esprit, tandis que, de l’autre, croire à l’existence objective de ce monde, de
mon corps, de cet arbre en face de moi, relèverait de la métaphysique la plus abstraite.
Il ne s’agirait pas de nier l’existence des objets, mais de nier leur existence matérielle hors de notre
esprit : cette fontaine et son eau existent bien, Berkeley ne le nie pas, mais elles n’existent que dans
mon esprit, comme perception de fontaine et perception d’eau.
Tout se passe comme si elles
existaient en elles-mêmes, puisque je n’en connais de toute façon que les perceptions.
Je puis donc
vivre comme si elles existaient matériellement, mais je dois savoir qu’il n’en est rien.
Ce qui pourrait découler du simple bon sens, à savoir que réduire le monde au seul « monde
sensible » revient à revendiquer une position matérialiste, relève ainsi d’un contresens.
Ce « monde sensible » est en effet réductible à l’ensemble de nos sensations, lesquelles n’étant
nulle part ailleurs que dans notre esprit, nous coupent ainsi de toute prétention à connaître le monde
tel qu’il existe hors de cet esprit, jusqu’à nous interdire d’ailleurs d’en affirmer l’existence
objective.
Le principe de tout empirisme philosophique, l’affirmation que toutes nos idées dérivent
de l’expérience sensible, conduit ainsi directement à l’immatérialisme berkeleysien, forme la plus
radicale de l’idéalisme philosophique.
Si pour nous il n’est de monde que « sensible » et qu’il en découle une incapacité humaine à
démontrer que la matière existe, il demeure une possibilité philosophique et pratique : affirmer cette
existence, la poser sans démonstration, en se plaçant du strict point de vue de la pratique : « la
preuve du pudding, c’est qu’on le mange », lancera plus tard Friedrich Engels
C’est en effet la seule possibilité philosophique qui reste pour qui refuse d’admettre, derrière le «
monde sensible », soit un Dieu omniprésent et facteur de superstitions, soit un « autre monde » qui
en fait demeure à son tour inconcevable sans un tel Dieu.
Encore une fois, l’idée d’un « monde
sensible » est bel est bien impensable sans cet « autre monde », cet « arrière-monde » où seraient
fondées les « vérités » absolues de la métaphysique comme de « La Science » héritée de la physique
mathématique
Mais y-at-il donc un monde concret, un monde réel ?
MONDE REEL :
Le récit philosophique naturaliste est né avec le XVIIe siècle.
Selon ce récit, nous sommes dans un
monde naturel constitué d'objets perceptibles : les planètes, les hommes, les pierres, les arbres, etc.
Les objets infiniment grands comme les galaxies, ou infiniment petits comme les atomes, sont de
nature double, à la fois phénoménale et substantielle.
Les phénomènes sont les manifestations
perceptibles, sensibles, de la substance du Monde.
Ce Monde extérieur à l’homme constitue la
Nature.
La Nature est homogène.
Les lois découvertes localement sont valables partout et de tout temps,
elles sont universelles.
Il y aurait une unique substance matérielle constitutive de la Nature.
Cette
substance est primitive, elle existe en soi, sans cause.
Elle est éternelle et infinie.
Elle obéit à des
lois immuables.
Le récit moderne nous met en garde contre une partie de la réalité qui serait illusoire, la réalité
sensible.
Celle-ci doit être mise de côté pour accéder à la vraie réalité, celle des qualités premières.
On trouve cette opposition entre qualités premières et secondes chez Descartes et Locke.
Le compliqué, le coloré, le sonore, sont remplacés par la simplicité....
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