Le Maoïsme

« 1 / 2 11 janvier 1967 Série C-11 Fiche N• 1549 Maoïsme 1.

Pour la première fois en Chine, l'expression de mao-tsé-tounguisme, qui corres­ pond à celle de maoïsme utilisée à l'étranger, a été employée à la fin de 1966 par les Gardes rouges dans leurs publications.

Jusque-là, on ne parlait que de la pensée de Mao Tsé-toung, à la lumière de laquelle s'est faite la révolution culturelle.

La rupture ouverte avec les Soviétiques a conduit les Chinois à répéter à l'envi que Mao Tsé­ toung est ..

le plus grand marxiste vivant ..

, voire le seul et que la filiation marxiste directe va de Marx à Mao en passant par le seul Lénine.

Le néol9gisme maoïsme signifie qu'au stade actuel de leur révolution, les communistes chinois prennent comme idéologie un marxisme-léninisme complété par Mao.

2.

Tout au long de sa carrière, Mao Tsé-toung a été contraint de résoudre les problè­ mes idéologiques et philosophiques de la révolution chinoise en même temps qu'il élaborait sa politique.

C'est toujours en liaison avec la réalité concrète, parfois la plus immédiate, qu'il a repensé et modifié les conceptions de Marx et de Lénine.

Sa pensée ne se réduit pas à ce qu'il est actuellement convenu d'appeler le maoïsme.

Elle déborde largement le contenu des articles et discours publiés dans les quatre tomes de ses "Œuvres choisies ..

(1919-1949), mais elle a été simplifiée, condensée, de manière à la rendre plus facilement assimilable par des masses peu cultivées, et plus facilement transformable en mots d'ordres.

3.

La campagne d'étude des œuvres de Mao Tsé-toung, généralisée dès la fin de 1963, consiste pour l'essentiel en l'apprentissage, par petits groupes, de textes courts, de formules, de commentaires stéréotypés, de phrases détachées, de manière à favo­ riser la persuasion par la répétition, et à faire pénétrer dans tous les esprits des notions claires qui aient l'apparence de l'évidence et suppriment le doute.

Dès l'école primaire, trois textes, appelés les Trois Sages, doivent être appris par cœur.

Ils expri­ ment l'idée messianique que l'homme communiste doit servir le peuple, sans considé­ ration de race ou de nation, de génération en génération, quelque impossible qu'appa­ raisse la tâche.

Cette base acquise, quatre opuscules sont destinés à permettre d'acquérir la réussite dans le travail: ..

De la contradiction .....

De la pratique "• ..

De la juste solution des contradictions au sein du peuple "• " D'où viennent les idées justes "· Ils doivent inciter chacun à rechercher par lui-même les lois qui régissent la vie et le travail quotidiens.

De la sorte, tous les citoyens, depuis le plus jeune âge, seront guidés dans leur conduite par les Cinq Amours (patrie, peuple, science, travail manuel, propriété publique) et les Quatre Conceptions de classe (rôle du prolétariat, travail manuel, amour du peuple, matérialisme athée).

4.

Si le maoïsme apparait avant tout pour les masses chinoises comme un code de bonne conduite et de valeurs morales nouvelles, qui exalte dans le comportement social un idéal de refus absolu des tentations égolates, et qui dans le comportement du travail encourage l'égalitarisme et le sens du collectif, il peut également apparaTtre comme l'idéologie combattante du moment, la seule qui puisse permettre aux peuples opprimés d'entreprendre la lutte révolutionnaire et de là mener à bonne fin.

Dans les guerres, nationales ou internationales, la pensée de Mao doit fournir aux révolution­ naires les armes de la victoire. 2 / 2. »