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le mal analyse analytique

Publié le 27/03/2024

Extrait du document

« L’étude porte sur le sonnet entier Tandis que les crachats rouges de la mitraille Sifflent tout le jour par l’infini du ciel bleu ; Qu’écarlates ou verts, près du Roi qui les raille, Croulent les bataillons en masse dans le feu ; Tandis qu’une folie épouvantable broie Et fait de cent milliers d’hommes un tas fumant ; — Pauvres morts ! dans l’été, dans l’herbe, dans ta joie, Nature ! ô toi qui fis ces hommes saintement !… — Il est un Dieu, qui rit aux nappes damassées Des autels, à l’encens, aux grands calices d’or ; Qui dans le bercement des hosannah s’endort, Et se réveille, quand des mères, ramassées Dans l’angoisse, et pleurant sous leur vieux bonnet noir, Lui donnent un gros sou lié dans leur mouchoir ! Introduction Accroche • Rimbaud lecteur du Candide de Voltaire apprécie son ironie et notamment le passage où la guerre est dénoncée : Candide [...] se cacha du mieux qu'il put pendant cette boucherie héroïque.

Enfin, tandis que les deux rois faisaient chanter des Te Deum chacun dans son camp, il [...] passa par-dessus des tas de morts et de mourants, et gagna [...] un village voisin. • Ce « tandis que » montre une religion absurde et complice de ces massacres.

Cela va inspirer à Rimbaud ce poème « Le Mal ». Situation • Rimbaud poète engagé, se réapproprie l’adage de Voltaire : « écrasons l’infâme ». • Le tableau impressionnant est fait pour marquer et toucher le lecteur. Dénoncer les rois qui raillent leurs sujets. • Message universel qui revendique la dignité humaine et la spiritualité simple et bienfaisante de la Nature. • La religion au service du pouvoir des Rois fait de Dieu un être infâme et contre-nature.

C’est cela « Le Mal » pour Rimbaud. Problématique Comment ce poème inspiré par Voltaire permet à Rimbaud de dénoncer, avec des images impressionnantes et émouvantes, les méfaits d’un pouvoir malfaisant qui dénature la religion ? Mouvements pour un commentaire linéaire Poème entier construit sur une longue phrase, avec une parenthèse au milieu (annoncée par un tiret) : courte louange à la Nature.

Cela dessine trois mouvements : 1) Un tableau épouvantable de guerres absurdes, sur le modèle de ce que fait Voltaire dans Candide. 2) Une Nature qu’on peut tout de suite comparer, à partir du deuxième tiret, avec la religion instituée. 3) La clé et la pointe du sonnet : le poète se rebelle contre le Dieu d’une religion qui participe aux injustices. Axes de lecture pour un commentaire composé I.Dénoncer l'absurdité de la guerre 1) Dénoncer la guerre 2) Un tableau impressionnant 3) La folie des Rois II.

Revendiquer des valeurs humaines 1) Un message universel 2) La parole d'un poète engagé 3) Préserver la dignité humaine III.

Dénoncer une religion contre-nature 1) Nature et spiritualité 2) Dénoncer la religion instituée 3) Vision d'un Dieu infâme Premier mouvement : Un tableau épouvantable de guerres absurdes Tandis que les crachats rouges de la mitraille Sifflent tout le jour par l’infini du ciel bleu ; Qu’écarlates ou verts, près du Roi qui les raille, Croulent les bataillons en masse dans le feu ; Tandis qu’une folie épouvantable broie Et fait de cent milliers d’hommes un tas fumant ; Comment est créé l’effet de tension qui traverse le poème ? • Anaphore rhétorique : « tandis que » revient deux fois.

Donne de l’ampleur au discours.

Deux subordonnées temporelles. • Référence à Voltaire Candide : « Tandis que les deux rois faisaient chanter des Te Deum ». • La locution conjonctive de subordination temporelle « tandis que » exprime la simultanéité. • On se demande : que se passe-t-il au même moment ? Tout le poème est une longue phrase qui ménage le suspense. ⇨ Absurdité de la guerre mais aussi absurdité de la religion. Comment est parodié le registre épique ? • Les pluriels « écarlates … verts … les bataillons » et les chiffres élevés « cent milliers d’hommes ». • Tout cela devient un simple « tas fumant » au singulier. • Le lien logique d’alternative « écarlates ou verts » peu importe la couleur de l’uniforme, tous meurent. • Ces couleurs peuvent aussi être le sang et l’herbe mélangés. ⇨ Tout ce qui est humain est détruit. En quoi ce tableau est-il impressionnant ? • L’enjambement « les crachats // sifflent » imite le vol des boulets de canon d’une ligne à l’autre. • L’allitération en F « sifflent … infini » nous fait entendre les boulets de canon qui traversent le ciel. • Allitérations en R pour les bataillons qui « croulent ». • L'adjectif participe présent « fumant » résultat en mouvement. ⇨ C’est une hypotypose (description saisissante et animée). Comment la guerre devient-elle une immense moquerie ? • Métaphore des « crachats rouges » projectiles qui sont aussi des moqueries du Roi qui les « raille ». • La conscription des soldats est une grande moquerie.

Ainsi, la rime « mitraille / raille » est signifiante. • On peut penser aussi à une maladie qui fait cracher du sang : cela renvoie au titre « Le Mal ». ⇨ La guerre ne respecte aucune dignité humaine. Comment Rimbaud accuse-t-il la monarchie ? • Majuscule au mot « Roi » : n’importe quel roi agit ainsi. • Proximité accablante « près du Roi » : tout le monde meurt autour de lui, qui reste sain et sauf. • La mitraille sort de la bouche des canons, les railleries sortent de la bouche du roi, c’est lui l’instrument de mort. ⇨ La monarchie conduit à la tyrannie et à la guerre. Comment se traduit cette dimension universelle de la dénonciation ? • Les verbes « siffler … railler … crouler … broyer … faire » mêlent les valeurs du présent : le présent historique de narration peut tout aussi bien être un présent de vérité générale. • Le pronom « les raille » vient avant les « bataillons » : c’est une cataphore (le pronom précède le nom qu’il désigne.) • Personnification de « la folie » qui « broie » les hommes. ⇨ Rimbaud dénonce l’absurdité de la guerre comme une folie. Comment est filée l’allégorie de la folie ? • L’article indéfini « une folie » indique qu’il y en a d’autres, en d’autres temps et d’autres lieux. • Adjectif « épouvantable » : registre fantastique. • L’action « broyer cent milliers d’hommes » monstre géant. • Le CC de manière « en masse » annonce déjà le « tas fumant ». • Chronologie dans le lien logique « broie et fait ». ⇨ Cette folie déshumanise les soldats. Rimbaud donne-t-il son avis explicitement ? • Le premier quatrain est factuel : les crachats sifflent, les bataillons croulent. • Le jugement du poète passe par les connotations : « siffler, railler » : les verbes révèlent la moquerie du poète. • Le rythme avec la césure après la 5e syllabe « sifflent tout le jour // par l’infini du ciel bleu » crée une dissonance. • Le 2e quatrain est explicite avec l’adjectif « épouvantable » la guerre devient un véritable monstre. ⇨ Le tableau est bien un enfer sur terre. Comme la guerre s’oppose-t-elle déjà à la Nature ? • La couleur des uniformes et des armes humaines « rouges … écarlate » s’oppose au « bleu » du ciel. • La rime « bleu / feu » accentue encore cette opposition. • « Tout le jour » : moments où le soleil brille.

Le ciel est « infini ». ⇨ La guerre est contre-nature.

dimension spirituelle de la Nature qu’on retrouvera plus loin dans le poème. Deuxième mouvement : Une religion instituée contre-nature — Pauvres morts ! dans l’été, dans l’herbe, dans ta joie, Nature ! ô toi qui fis ces hommes saintement !… — Il est un Dieu, qui rit aux nappes damassées Des autels, à l’encens, aux grands calices d’or ; Qui dans le bercement des hosannah s’endort, La structure laisse découvrir un jeu complexe.... »

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