Le loup et les bergers

« LA FONTAINE (1621-1695) Les Fables.

Livres VII à XI (1678) Le loup et les bergers (livre X, fable 5) Dans cette fable du livre X du second recueil publié en 1678, la Fontaine présente au lecteur, à partir d’un simple récit, une réflexion sur la nature humaine.

Mais comment, à partir des confidences d’un loup, l'auteur réussit-il à nous faire réagir sur nos propres agissements? En suivant le cours du texte nous verrons comment l’un des maître du classicisme, met en scène des animaux afin de faire prendre conscience aux hommes de leur cruauté.

Cette analyse linéaire permettra également de mettre en valeur, chez le fabuliste, les qualités de conteur dans l'habileté du récit. La première partie de la fable est constituée d’un récit du vers 1 à 22, dans lequel nous assistons à la réflexion approfondie du loup sur ce qu’il est.

La Fontaine nous propose une figure renouvelée du loup.

Il nous fait une présentation paradoxale de cet animal qui est généralement associé à la mesquinerie et à la ruse, tandis qu’il est caractérisé ici par “l’humanité”.

La personnification par la majuscule du mot Loup ainsi que le pouvoir de “la réflexion profonde” au vers 5 renforce cette image empathique du Loup.

Au vers premier nous pouvons repérer une antithèse entre les deux mots rimant “humanité”, qui caractérise le Loup et “cruauté” qui a pour but de nous faire oublier la perception négative que nous avions à l’égard de cet animal.

Cette volonté de l’auteur est renforcée au vers 2 qui évacue délibérément l’image traditionnelle du loup.

La parenthèse atteste de la présence ironique de l’auteur. Le vers 4 a pour rôle de justifier les actes sanguinaires de ce prédateur qui chasse et tue par obligation, par “nécessité” afin de se nourrir.

Au vers 6 nous passons au discours direct avec le monologue du loup qui caractérise la plainte du loup sur la haine qu’il fait ressentir aux hommes.

Nous avons un jeu de questions rhétorique qui montre la lucidité du loup.

Le vers 7 nous permet de comprendre comment les autres, les hommes et les animaux le perçoivent: “le loup est l’ennemi commun”Nous avons un présent de vérité générale.

Le vers suivant expose les principaux ennemis du loup à l’aide d’une énumération dépourvue de déterminant.

Ensuite nous pouvons mettre en avant une hyperbole sur le déchaînement de violence à l’égard du loup qui arrive à étourdir Jupiter.

Au vers 10 nous avons un autre présent de vérité générale sur la disparition du loup en Angleterre.

Les vers 11-12-13-14 et 15 reprennent l’idée de la “tête mise à prix”,l’image du loup bandit, hors la loi.

Il y a également la rime en écho: hobereau avec marmot qui montre que tous les âges et toutes les catégories sociales ont le sentiment de persécuter les loups.

Les trois vers suivants montrent la disproportion entre la haine qu’il reçoit et la cruauté de ses actes.

A l’aide d’une énumération nous pouvons voir que le loup se nourrit de proies malades, faible comme “un âne rogneux, un mouton pourri ou un chien hargneux", ces adjectifs ont une valeur péjorative.

Les vers 19 et 20 nous expose la réflexion, la nouvelle résolution du loup, introduite par “Et bien” expression orale qui précède une décision.

La décision du loup est. »