Le libre arbitre est-il une illusion ?
Publié le 21/02/2021
Extrait du document
«
Le libre -arbitre est -il une illusion ?
Introduction : Comment peut -on accepter l’idée que, parfois, nous avons une liberté de décision (un
libre -arbitre) absolu e – lorsque nos décisions nous paraissent avoir été prises sans contrainte –, et que
parfois, cette liberté soit entravée – lorsque par exemple nous cédons à la colère ? Si réellement je suis
libre, alors « céder » à la colère n’est -il pas un choix ? Si je ne suis pas libre, alors pourquoi me croire tel ?
Toutes les choses sont soumises à des règle s qui en déterminent le comportement.
Pourquoi pas moi ?
Suis -je réellement libre, ou suis -je prisonnier d’une illusion qui me pousserait à me croire libre ?
A – L’erreur de la croyance en la délibération
1 – Qu’est -ce que « délibérer » ?
Délibérer, ce n’ est pas simplement « peser le pour et le contre », comme on le dit parfois ; il arrive même
de délibérer entre deux « pour », ou entre deux « contre ».
Dans l’Ethique à Nicomaque , Aristote définit la
délibération ( bouleusis ) comme l’activité de la raison qui, par l’intermédiaire de la volonté (boulesis ),
détermine les moyens les plus appropriées à atteindre un certain but .
Bien que ce but soit considéré
comme fixé par la volonté, Aristote ne se pose absolument pas la questio n de savoir si la volonté choisit ce
but ou si il est inscrit dans la volonté, s’il la détermine.
Selon toute vraisemblance, il semblerait que ce soit
la nature qui, en chaque chose, fixe son but.
L’homme ne ferait donc que prendre conscience de ses buts,
qui seraient fixés par la nécessité naturelle, et son choix porterait sur les moyens.
Pour comprendre la thèse d’Aristote, il faut distinguer quelques concepts : La Nécessité – qui contient le
nécessaire et l’impossible –, et la Contingence – qui contient le possible et l’accidentel.
Le nécessaire est ce
qui, en vertu d’une cause antérieure ou d’une règle logique, ne peut pas ne pas arriver ; l’impossible est ce
qui, pour les mêmes raisons, ne peut pas arriver ; le possible est ce dont la configuration actu elle des
choses n’interdit pas l’apparition ; l’accidentel est ce dont la configuration passée n’a pas rendu l’apparition
nécessaire.
On voit donc que l’ordre de la Nécessité recouvre tout ce qui ne contient aucun « trou », aucun
« hasard », aucune « liber té » ; au contraire, la contingence serait permise par des « trous » dans la
Nécessité, trous causés par le hasard ou causés par la liberté.
Or, dit Aristote, on ne délibère pas sur la Nécessité , à moins d’être fou.
Par exemple, si je lance une pierre,
ce n’est pas par hasard ou par liberté qu’elle tombe : c’est la gravité combinée à la force de mon lancer.
La
chute est donc nécessaire. On délibère seulement à propos du Contingent , ce dont l’issue ne sera
déterminée que par la délibération elle -même.
Par ex emple, si je veux gagner une guerre (but), je peux
mener une bataille demain ou battre en retraite (moyens), et ce qui arrivera demain est déterminé par ma
délibération. Attention , Aristote ne voit pas la liberté comme supérieure à la Nécessité, mais comme
inférieure : l’imperfection de la raison humaine l’expose au doute, à l’ignorance sur le meilleur moyen
d’objectivement atteindre son but ; si sa raison était parfaite, l’homme n’aurait pas besoin de délibérer, et
sauterait mécaniquement des buts qu’il po ursuit aux moyens les plus adaptés, et il n’y aurait ni liberté ni
Contingence.
La délibération « délivre » donc du poids du doute.
2 – Pourquoi confond -on délibération et libre -arbitre ?
L’intervention de la volonté peut laisser croire que la décision qui a lieu dans la délibération est un « choix »,
un acte de libre -arbitre.
Par ailleurs, une erreur d’étymologie nous égare : « délibérer » provient non pas
du latin « libertas » (qui signifie « sans chaîne » et a donné « liberté »), mais du latin « libr a » (qui signifie
« balance », d’où l’idée de « peser le pour et le contre »). Ce qui, enfin, le fais croire, c’est l’idée fausse
selon laquelle choisir, c’est décider entre des options qui existent déjà avant mon choix..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Le libre arbitre de l’homme, autrement dit sa conscience n’est-elle finalement pas une illusion de liberté ?
- Aide à la dissertation: libre arbitre et nécessité
- Le roman, écrit Alain, est le poème du libre arbitre. En étudiant un roman du 19e siècle à votre choix, vous montrerez l'influence des caractères sur le développement de l'action. Et vous chercherez ensuite si, par un effet inverse, le cours des événements n'est pas, de son côté, un facteur essentiel de l'évolution des personnages ?
- Encyclopédie littéraire: libre arbitre
- Spinoza, Descartes et le libre arbitre