Le langage n'est-il qu'un instrument de communication ?
Publié le 26/04/2021
Extrait du document
«
Le langage n’est-il qu’un instrument de communication ?
Commençons par quelques éléments de définition.
Le mot « langage » a deux sens principaux.
Au
sens large, il désigne tout système ou dispositif qui permet de communiquer et donc de transmettre
des informations.
On parle par exemple de langage du corps, de langage de l’art ou bien de langage
informatique.
Au sens strict, le langage est la faculté qui permet à l’homme de s’exprimer et de
communiquer avec ses semblables, grâce à un système de signes vocaux et graphiques.
Depuis
Saussure, on distingue le langage, la langue et la parole.
Tous les hommes possèdent le langage,
c’est-à- dire la capacité de s’exprimer et de communiquer.
Mais, à l’évidence, ils ne parlent pas tous
la même langue.
Chaque communauté a sa propre langue, c’est-à- dire son propre système de
signes.
Chaque individu apprend une langue et l’utilise pour communiquer.
L’usage singulier qu’il
fait de la langue constitue la parole.
Ensuite, le langage définit notre humanité.
Depuis Aristote, on
considère le langage comme le propre de l’homme : « seul parmi les animaux l’homme a un
langage ».
Aristote en déduit que l’homme est fait pour vivre dans une cité et donc qu’il est un «
animal politique ».
Selon lui, les animaux ne parlent pas.
Le langage, non seulement nous distingue
des animaux, mais fait de nous des êtres sociaux.
Langage et société vont de pair ; d’abord, il n’y a
pas de langage sans société.
C’est parce qu’il vit en société que l’homme parle : c’est la présence
d’autrui qui rend à la fois possible et nécessaire le développement du langage.
Inversement, il n’y a
pas de société sans langage.
C’est parce que l’homme parle qu’il vit en société.
Le langage fonde le
lien social.
Que le langage soit un instrument de communication, cela semble évident.
Grâce au
langage, les hommes peuvent transmettre des messages, échanger des informations.
Pourtant, une
telle conception du langage, aussi évidente soit-elle, n’est-elle pas réductrice ? Plusieurs difficultés
apparaissent.
La communication est l’une des fonctions essentielles du langage, mais elle n’est pas
la seule : quelles sont donc les autres fonctions du langage ? Peut-on réduire le langage à ses
fonctions purement utilitaires ou présente-t-il d'autres intérêts qui en font une fin en soi et pas
seulement un moyen? Les animaux aussi communiquent entre eux.
Si parler revient à
communiquer, on peut être tenté d’accorder aux animaux une forme de langage.
En quoi le langage
est-il spécifiquement humain ? Lorsqu’on parle, on cherche les mots adéquats pour exprimer ce
qu’on pense.
La pensée semblerait précéder le langage, et exister indépendamment de celui-ci.
Mais
est-ce le cas ? Loin d’être un simple instrument de communication, le langage n’est-il pas une
condition de la pensée elle-même ? Une autre difficulté vient du mot « instrument ».
Considérer le
langage comme un instrument, c’est le réduire au statut de simple moyen, plus ou moins utile et
efficace, pour atteindre les fins qu’on vise.
C’est implicitement le déprécier.
Peut- on considérer le
langage, non comme un moyen, mais comme une fin en soi ?
Premièrement, analysons les fonctions du langage comme instrument de communication, un outil
nécessaire et efficace.
La communication est la fonction première du langage.
Si les hommes
parlent, c’est d’abord pour communiquer, c’est-à-dire étymologiquement mettre en commun,
partager leurs propres pensées.
Selon Locke, les hommes ont besoin du langage pour une double
raison.
Dans un premier lieu, les pensées sont des états mentaux privés.
Seul celui qui pense sait ce
qu’il pense.
Ensuite, la vie en société n’est possible et n’a d’intérêt que si les hommes échangent
leurs pensées.
Parler, c’est donc extérioriser ses pensées, afin de les faire connaître.
Grâce au
langage, autrui peut connaître mes pensées, et je peux connaître les siennes.
Le langage apparaît
comme un outil efficace.
Si les hommes parlent, c’est parce qu’ils n’ont pas trouvé de meilleur
moyen pour communiquer.
La transmission du message se fait de manière instantanée, les locuteurs
ont peu d’efforts à fournir et ils peuvent communiquer une infinité de messages différents.
Il leur
suffit d’être à faible distance, d’avoir leurs appareils de phonation et d’audition en bon état de
fonctionnement, de maîtriser une langue commune.
Le langage humain a différentes
caractéristiques.
Apparaît alors la notion du signe linguistique, l’union arbitraire d’un signifiant et
d’un signifié.
Le signifiant désigne l’image acoustique et le signifié le concept.
L’union est
arbitraire, c’est-à-dire immotivée.
Par exemple, on n’a aucune raison d’utiliser le mot « sœur » pour
signifier l’idée de sœur ; on aurait pu choisir un mot différent.
Ensuite, on parle de double.
»
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