Le Horla de Maupassant. Pourquoi la figure du double comme clivage du moi, est-elle un des thèmes privilégiés fantastiques ?

« Le Horla de Maupassant.

Pourquoi la figure du double comme clivage du moi, est-elle un des thèmes privilégiés fantastiques ? Analyse du sujet et problématisation : Ce sujet prend comme point de départ la nouvelle fantastique de Maupassant, Le Horla , afin de traiter du thème du double dans la littérature fantastique.

Le fantastique est un genre littéraire fondé sur la fiction, racontant l'intrusiondu surnaturel dans un cadre réaliste, autrement dit l'apparition de faits inexpliqués et théoriquement inexplicablesdans un contexte connu du lecteur. La figure du double désigne, de façon générale, tout ce qui fait référence à la dualité de l'être humain.

Dans la littérature fantastique ce double est matérialisé de plusieurs façon : un personnage peut apparaître dédoublécomme une sorte de « janus bifrons » ou de schizophrène ou bien un personnage peut s'avérer le double d'un autre. Le sujet invite ici à considérer la figure du double en tant que clivage du moi.

L'expression « clivage du moi » est issue de la psychanalyse et désigne la séparation de la réalité psychique en deux parties.

Freud évoque ce« clivage du moi » à propos de la psychose dans laquelle se produit un déni de la réalité laquelle est remplacée parle délire.

Freud pense la psychose comme une séparation entre deux parties de la personnalité, l'une percevant laréalité et l'autre la déniant. Problématique : Quels intérêts présente la figure du double envisagé comme un dédoublement de la personnalité, pour la littérature fantastique ? I) Un intérêt narratologique Le premier intérêt que peut présenter la figure du double dans la littérature fantastique est un intérêt tenant à la construction même du récit. 1) Un ressort du suspense de l'intrigue La figure du double, dans les récits fantastiques apparaît comme un ressort privilégié du suspense de l'intrigue.

Elle permet d'ancrer le récit dans une atmosphère étrange car empreinte de duplicité et d'ambiguïté.

Lesuspense provient souvent du doute jeté sur l'existence réelle ou non du double, doute souvent non résoluimmédiatement par le narrateur fantastique, tenant à ménager le suspense.

Par ailleurs, la figure du double permetl'évolution de l'intrigue vers une guérison dans l'unité retrouvée ou vers un basculement dans la démence. Ex : Le double de Dostoïevski , roman qui dépeint un homme, Yakov Petrovich Goliadkine, dont la vie est au bord de la destruction à cause de l'apparition soudaine d'un double de lui-même (appelé M.

Goliadkine cadet)essayant de détruire sa réputation et clamant sa position à la fois dans sa vie publique dans la bureaucratie russeet également dans l'environnement social de Goliadkine.

Tout au long du roman se pose la question de l'existenceréelle de M.

Goliadkine cadet. 2) Une épaisseur psychologique du personnage La figure du double comme clivage du moi permet aussi à l'auteur fantastique d'étoffer la psychologie de son personnage en dévoilant de la même façon ses qualités et ses côtés obscurs.

Le double permet une représentationcomplète du personnage, dans toute la complexité de sa psychologie. 3) Le plaisir de l'angoisse et du spectaculaire La figure du double est une figure angoissante pour le lecteur car elle renvoie à l'impossibilité d'une maîtrise de son propre corps et de son esprit.

Elle revêt souvent la forme de l'hallucination et du risque de la folie quil'accompagne.

Mais cette angoisse, cette frayeur est le ressort du plaisir de tout lecteur de récits fantastiques.

Lafigure du double peut contribuer à créer, par ailleurs, un personnage fascinant et spectaculaire : certains auteursfantastiques ont matérialisé cette figure du double comme clivage du moi par une métamorphose corporelle duhéros. Ex :· Stevenson dans Le Cas étrange du Dr Jekyll et M.

Hyde , propose une véritable métamorphose physique du Dr Jekyll. · La figure du loup garou, emblématique du double dans la littérature fantastique II) Un intérêt psychanalytique La figure du double comme clivage du moi est étroitement liée aux découvertes psychanalytiques. 1) Le double comme reflet de soi-même pris dans la folie La figure du double peut être envisagée comme le résultat d'une dépersonnalisation et d'une identité. »