Le genre en France du milieu du XVIIIe a nous
Publié le 26/04/2024
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Histoire des femmes et du genre
Notions dissociées sociologiquement :
-
Sexe biologique : sexe constatable biologiquement
Genre perçu : genre perçu par l’individu
Genre attribué : genre attribué par la société
Orientation sexuelle : catégorie de la population à laquelle un individu se sent attiré
Sexualité : au sens de pratiques sexuelles
19e siècle : volonté de la société de fondre en une norme unique
I.
Les femmes et le genre jusqu’à la Révolution française
A.
Diversité des situations et des statuts
Société très hiérarchisée
-
-
Aristocratie : noblesse titrée, fortement privilégiée socialement et centralisée à Versailles
o Néanmoins, elle perd le pouvoir politique au profit du roi et le pouvoir économique
au profit des bourgeois
Les liaisons dangereuses : mise en évidence du mépris aristocratique des autres classes
sociales
Système juridique marqué par le patriarcat
-
-
Système où la famille domine, et où elle est elle-même dominée par un homme âgé
Effets en droit : impossibilité de se marier sans autorisation des parents, le père peut faire
incarcérer ses enfants
o Exemple dans Don Juan (rébellion contre le père patriarche)
La monarchie absolue est une transposition politique du système patriarcal
o 1768 : discours de la Flagellation de Louis XV ; « L’ordre public tout entier émane de
ma personne
o Modèle qui sera contesté par les Lumières
Le poids du catholicisme
-
-
Création de normes genrées : justification du pouvoir des H sur les F à travers la figure du
prêtre, valorisation de la chasteté H/F
o Mise en valeur de la femme pure (sainte), et dévalorisation forte de la femme impure
(processus moins marqué chez l’homme)
Morale chrétienne de la chasteté contestée par les Lumières
o Hypocrisie de l’Eglise (sachant que la chasteté des prêtres n’est pas remise en cause)
dans La religieuse de Diderot
o Dangerosité pour la société : vision utilitariste du monde, ce qui peut produire doit
produire.
La femme doit donc enfanter et travailler, ce qu’elle ne peut pas faire dans
les communautés religieuses.
B.
Une morale de genre différente selon les groupes sociaux
Le monde paysan
-
70% de la population au 18e siècle avec un fonctionnement structurellement similaire entre
les régions.
La famille est pensée comme une unité productive devant maintenir une réputation dans le
village.
o Les activités et les normes sont genrées
▪
Les hommes labourent, effectuent les travaux des champs et prennent les
décisions dans le foyer.
▪
-
-
Les femmes glanent, s’occupent de la basse-cour, du potager…
Une sexualité banalisée et peu encadrée
o Pas de valeur érotique, de pruderie, ni de tabous (chambre à coucher inexistante)
o Existence d’une activité sexuelle prémaritale acceptée, notamment chez les jeunes
Le mariage, un calcul économique ; on épouse une force de travail et/ou un peu de biens
o Le célibat est une pratique courante (mariage vers 25-30 ans) : permet d’avoir un
capital, d’hériter plus rapidement et d’avoir moins d’enfants.
Le monde des villes
-
-
-
1750 : 15% d’urbains en FR ; mélange d’ouvriers et d’artisans
o Opposition privé fém.
et public masc.
inexistante
o 10% de la population est composée de domestiques, métier non-genré
Le couple, une mutualisation des risques (chômage, crise, baisse des salaires)
o Rôle de la femme important (comptabilité, tient le commerce…)
o Les couples non-mariés sont acceptés, de même que le fait de quitter un homme
pour un autre avec plus de stabilité financière
La prostitution, une activité généralisée (30 000 prostituées à Paris pour 500 000 hab.)
o Mal vue, mais considérées comme un phénomène inévitable pour les jeunes
hommes non-mariés (exutoire prémarital)
o Possibilité de prostitution homosexuelle ; l’activité commence à être réprimée par la
police au milieu du 18e siècle.
La haute société
-
Les salons, des espaces égalitaires dans les rapports de genre
o Omniprésence de l’art de la conversation : égalité entre les hommes et les femmes
(mise à l’écart du pouvoir et de la violence)
o Tenus et normés par des femmes, les salons font et défont des réputations
▪
o
Omniprésence du libertinage : art de la séduction mutuelle.
Une femme peut y
tromper son mari.
▪
-
-
Hume : « Empire des femmes »
Les liaisons dangereuses : critique de ces salons libertins et immoraux
Des stratégies de célibat courantes
o 1/2 des femmes et 1/3 des hommes de la noblesse entre 1600 et 1720 sont
célibataires
o Logique de conservation des biens dans la famille
Une caste créatrice de normes
o
Mépris du monde bourgeois, l’aristocratie est la norme supérieure absolue
C.
Le monde bourgeois, une nouvelle morale de genre
Texte : Emile ou De l’éducation, Rousseau (1762)
Rejet des mœurs aristocratiques (Rousseau est le seul penseur des Lumières n’étant pas lui-même
aristocrate) ; mais morale compatible avec la bourgeoisie
-
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🡺
La femme est cantonnée à cette dimension privée
Exaltation de la pudeur chez les femmes (qu’on retrouve dans l’Eglise), opposée au
libertinage des salons.
Une femme qui n’aurait pas de pudeur ne serait pas une femme
morale
Obligation à la fidélité et à l’amour (sinon déshonneur du mari)
Les hommes ne sont pas naturellement aimants contrairement aux femmes.
o Naissance de l’idéal de l’amour conjugal complet
Complémentarité inégale de l’homme et de la femme
o La femme a une supériorité morale sur l’homme qu’elle doit éduquer et moraliser
(rôle d’autant plus important chez ses enfants)
o L’homme domine sa femme par sa force
o « L’un doit être actif et fort, l’autre passif et faible »
La religion donne des normes morales indiscutables au même titre que la parole du mari
o « Elles doivent recevoir la décision des pères et des maris comme celle de l’Eglise »
o La religion est une manière pour les êtres faibles (en l’occurrence les femmes) d’être
encadrés moralement
Renvoi perpétuel de la femme à son sexe
o « Le mâle n’est mâle qu’en certains instants, la femelle est femelle toute sa vie »
o Incapacité de la femme à dépasser sa nature, ce qui légitime son rôle dans le couple
de porter la vie et la domination du mari, être doué de raison.
Ce texte marque aussi une pensée utilitariste.
La femme doit enfanter et éduquer ses
enfants dans une visée future de production.
1
Ce texte crée un différentialisme qui débouche, in fine, sur une inégalité.
D.
La question des homosexuels
1760’ : inquiétude autour de cette population
-
Pas de classification d’époque comme « homosexuel » (terme anachronique) ; catégorisation
fluctuante (sodomite, inverti, tribade)
Intérêt pour la sexualité qui émerge avec les premiers recensements.
Néanmoins, allégement des sanctions.
o La crise du modèle religieux des Lumières vient mettre fin au crime de sodomie (la
loi ne peut plus défendre Dieu)
o Crise du modèle de gouvernement exclusivement répressif ; nouveau paradigme de
gouvernance à travers de nouveaux principes (utilité, droits, devoirs…).
Passage d’un
monde de contrainte à un monde de normes.
II.
Les femmes et le genre : de la Révolution au Consulat
A.
Les grandes ruptures de la Révolution
Rejet de la religion, mais souhaite mettre l'Église au service de la Nation
-
Juillet 1790 : vote de la Constitution civile du clergé
o L’Etat prend une grande partie des biens d'Église, mais prend en charge le salaire des
prêtres.
Selon les principes de la DDHC, les évêques et les prêtres sont élus.
o Refus de la réforme par le pape ; 50% de prêtres et 80% d’évêques réfractaires.
1792-1802 : mise en place de politiques anticléricales et persécution des prêtres
réfractaires
o Première politique anticléricale d’Europe s’attaquant aux populations
-
o
mais aussi aux dogmes.
Rupture dans le paradigme juridique et social
-
« Les H naissent et demeurent libre et égaux en droit » : fin de la suprématie politique et
sociale de l’aristocratie et de la noblesse
Uniformisation de la société : la loi est la même pour tous.
Pose les bases du futur Code Civil
-
Grandes périodes de la Révolution :
-
-
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Jusqu’en Sept.
1792 : monarchie
1792 : assemblée unique qui gouverne, pas de chef d’Etat mais présence d’un gouvernement
1795 : fin de la convention
o Les équilibres changent au sein de l’assemblée
Jusqu’à avril 1793 : convention girondine (bourgeois favorables à l’esclavage)
o Succédés par les Montagnards (bourgeois moyens, antiaristocrate) jusqu’en aout 1794
o Nombreuses attaques sur la France (période de dictature provisoire avec une
suspension d’une partie de la constitution) ; l’assemblée délègue ses pouvoirs à divers
comités (ex : comité de salut public)
Retour à une majorité plus modérée (les Thermidoriens)
o Le vote devient plus ou moins censitaire, le suffrage universel direct disparaît
o Fin du temps des sans-culottes
1795-1799 : Directoire, 5 directeurs élus par les deux chambres
o Période plus libérale, moins démocratique, le pays est moins menacé, plus de liberté à
l’extérieur.
1799 : prise de pouvoir par Napoléon
B.
Impact sur le statut des femmes
La Révolution, un processus impliquant tout ou partie du peuple, y compris les femmes
-
-
5-6 octobre....
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