Le Gai Savoir, Friedrich Nietzsche: « la mort de Dieu »
Publié le 15/05/2020
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Le Gai Savoir, Friedrich Nietzsche: «la mort de Dieu»
Nietzsche s’attache tout au long de sa vie philosophique à la religion et à la moralité entérinée par la croyance.
Cetexte est extrait de son œuvre Le Gai Savoir.
Il entreprend ici de suspecter l’idolâtrie véhiculée par la religion.
Eneffet, Nietzsche s’appuie dans cet extrait sur l’opposition entre la volonté de vérité absolue et la vie : vouloir lavérité c’est ne plus vivre, c’est passer à côté de la vie.
C’est Platon puis le christianisme qui ont mis au-dessus detout la vérité, la considérant comme divine, ce que réfute totalement Nietzsche dans son œuvre.
Pour cela, ilaborde le problème de la vérité à partir de la science : pour le scientifique, il y a un ordre, une permanence dans lemonde.
De ce fait, il va développer sa thèse dont la pensée principale est que rien n’est fixe et qui est directementen opposition à l’idée de permanence.
Pourtant l’idée de vérité n’est-elle pas tout de même concevable ? Larecherche incessante de la vérité, ne nous permet-elle pas de vivre et de nous construire ?
Même dans la science qui commence normalement par le doute sur ce qu’on perçoit, il y a une volonté de vérité.Pourtant la science se bâtit, se construit sur l’hypothèse, elle invente une explication provisoire pour rendre comptedes faits.
Il n’y a donc pas, au début du travail scientifique, le primat de la vérité.
Mais ceci n’est qu’apparent, carsi l’homme de science cherche à expliquer, c’est qu’il croit qu’il y a un ordre fixe du réel et que l’intelligence peutêtre adéquate à cet ordre et le découvrir «la science aussi repose sur une croyance, qu’il n’y a absolument pas descience sans «présupposés»» (l 6 à 8).
Or l’adéquation de l’esprit à la réalité, c’est ce qu’on nomme la vérité.
Lavérité implique la permanence, les choses étant ce qu’elles sont elles demeurent et ne changent pas.
Car si toutchangeait à tout moment, la connaissance serait impossible.
Or pour Nietzsche, le monde et tout ce qui existe n’est«qu’une mer de forces en tempête et en flux perpétuel, éternellement en train de changer».
Il s’oppose ici à Kant età son «nummen» : sens profond de chaque chose dont même l’interprétation des phénomènes ne peut faireapparaître.Donc, ce qu’on appelle être, être qui dure, avec une certaine permanence, cela est une erreur.
Nietzsche retrouveici Héraclite, philosophe présocratique, qui affirme avec «pentare» («tout coule») ou encore avec «on ne se baignepas deux fois dans le même fleuve» que rien n’est fixe dans le réel, le monde.
Tout change à chaque instant, lesformes existantes passent, changent et nous-mêmes sommes un élément de ce monde, un élément sansconsistance.
Pour Nietzsche, le monde est donc composé d’apparences fugitives et nous-mêmes sommes uneapparence fugitive, une création fugitive.Pour Nietzsche il n’y a que la volonté de puissance qui est le moteur de l’univers ; c’est une force à la fois créatriceet destructrice qui meut sans but un univers éternel.
La vie est un aspect de cette volonté de puissance : chezl’homme elle se manifeste par des créations de valeurs ou par la domination du fort sur le faible.
La vie est créationperpétuelle, rien n’est fixe, l’homme détruit les anciennes valeurs pour en créer de nouvelles et ceci sans fin.
C’estpourquoi aussi la vie n’est qu’apparence : rien n’est fixe.
Et il n’y a donc pas de vérité absolue.
On a donc dans cetexte l’opposition entre être et apparence.
Notre propre existence n’a pas de densité, nous ne sommes qu’une formefugitive de cette force universelle, de cette volonté de puissance.De plus, Nietzsche proclame ce qu’il appelle «la mort de Dieu», c'est-à-dire que pour lui Dieu n’existe pas, et commeil n’existe pas, il ne peut y avoir ni ordre fixe du monde, ni vérité.
Pourtant, même le scientifique considère la véritécomme une valeur et ne veut également pas du mensonge.
Pourquoi tient-il à la vérité ? Il a donc été habitué àpenser ainsi.
C’est en définitive Platon et le christianisme qui nous ont habilités à considérer la vérité comme Divine,comme une valeur absolue.
Or cette valeur absolue a été inventée par la morale chrétienne.
En effet, pour lechristianisme, il y a un ordre fixe du monde, organisé par une intelligence divine.
Par la même, dans ce monde fixe,toutes les valeurs ont été sécrétées par le ressentiment des esclaves à l’égard des maîtres.Nietzsche affirme que la vie est une lutte «vivre c’est essentiellement dépouiller, blesser, violenter autrui…» et cesvaleurs sont la traduction d’une impuissance.
Sous cette influence, l’erreur est alors considérée comme une faute,ainsi que le mensonge.
Avec «Dieu est mort», Nietzsche fait le choix de s’opposer à la religion judéo-chrétienne.Pour lui, Dieu est illusion ; c’est une consolation pour les faibles et il n’y a donc alors ni vérité absolue, ni valeurmorale.
Croire à la vérité c’est donc se tromper, et surtout aller contre la vie.
Cette morale est alors un crime contrela vie, vie qui est dépassement, désir de dominer et dans sa forme la plus haute désir de se dominer.
La moralejudéo-chrétienne, par l’établissement de ses valeurs morales se basent sur le mépris de la vie et mutilent l’êtrehumain en empêchant son épanouissement, donc sa volonté de puissance.
Vivre devient alors amoral.
La vie étouffesous les valeurs morales sécurisantes et mensongères.
Pour lui, la volonté de vérité est «une secrète volonté demort» puisqu’elle empêche l’élan créateur, dominer, créer et dépasser l’ancien.
La mort est donc l’absence devitalité.
Dans cet extrait du Gai Savoir, Nietzsche condamne l’idée de vérité.
Pour lui la vérité n’est pas concevable dansnotre monde qui, en tout instant, est en perpétuel changement.
Cette valeur, pure création du christianisme n’estselon Nietzsche qu’une invention des faibles pour dominer les forts dans un monde régi par la puissance.
Vivredevient alors amoral car la vie est une lutte avec la domination de l’autre.
Alors, cette volonté de vérité qui bannitle mensonge et le mal, bannit alors cette lutte qu’est la vie.
Au final l’amour et le désir de vérité nous conduisent àne plus vivre et à réfuter la condition même de la vie..
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