Le divertissement n'est-il incontestablement pas l'unique fonction du comique ?
Publié le 19/12/2021
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«
Définition :
On distingue classiquement cinq niveaux de comique : le comique de geste (chutes
malencontreuses, gags divers,), le comique de mots (jeux de mots, répliques spirituelles),
le comique d’intrigue ou de situation (quiproquos, rencontres fâcheuses), le comique de
mœurs (satire du milieu social, de certaines professions) et le comique de caractères
(caricature des grands défauts humains, avarice, colère, snobisme, etc.).
Le sujet pose un « faux problème ».
Le divertissement n’est incontestablement pas l’unique
fonction du comique.
Il est donc intéressant d’examiner ses caractéristiques puis de
s’interroger sur la frontière entre comique et critique, entre comique et tragique.
Existe-t-
il toujours une frontière explicitement délimitée ? Enfin que révèle-t-il plus sérieusement?
I/ Le comique : divertissement comme unique intention
· Dès son origine, la comédie met en scène des personnages souvent stéréotypés qui
provoquent le rire dans des actions entravées par des obstacles dus, non plus à la
fatalité (comme dans la tragédie), mais aux m œurs et aux caractères.
On distingue
quatre grands types de comiques, leurs procédés visent à faire rire.
· Jusque vers 1630 la comédie cherche son identité.
Écartelée entre la farce, la
Commedia dell’arte et la Commedia Sostenuta elle doit attendre une nouvelle
génération d’auteurs dramatiques pour trouver sa place.
Corneille, par exemple, va
tenter de relever le genre en le purgeant de ses grossièretés, allant jusqu’à composer
des pièces en cinq actes et en alexandrins, sur le modèle propre à la tragédie.
L’auteur
dramatique oppose sa conception de la comédie à celle décrite par Aristote dans la
Poétique. Son théâtre est inspiré de l’esthétique théâtrale de ses voisins italiens.
Il
mélange le théâtre dit « discipliné » celui de la Commedia Sostenuta à celui de la
Commedia dell’arte , le théâtre sans aucune prétention, un pur divertissement, où seule
compte la virtuosité des acteurs.
· Ainsi jusqu’au XVII esiècle la comédie est un genre risqué, car déprécié dans la
Poétique d’Aristote.
Elle peint une image du monde sans valeur et dénigre l’espèce
humaine.
Qui plus est, oeuvre de la pensée grecque elle demeure le double négatif de
la tragédie, résultant de procédés traditionnels comiques et sans finesse.
Cependant
les poètes latins vont lui offrir une nouvelle voie.
Avec Horace ( castigat ridendo mores )
la comédie doit certes faire rire mais elle doit surtout se conformer le plus possible au
réel, et d’après Térence, elle doit délivrer des intentions moralisatrices évidentes.
II/ Le comique : vers une évolution
· En se complexifiant, la comédie poursuit d'autres fins.
Le comique en particulier
nourrit d'autres ambitions : " Castigat ridendo mores ", il châtie les m œurs en faisant
rire.
Il ne veut plus être un simple divertissement, mais une critique des travers
psychologiques : l'avarice, l'entêtement, l'orgueil… ainsi que des comportements
sociaux : préciosité, hypocrisie, refus de la loi… Le comique devient alors grinçant.
Le
ridicule sert à la prise de conscience et cherche à désolidariser le public de "vices" à la
mode…
· Il est bien évident que certaines oeuvres ne correspondent pas tout à fait à ces
définitions et restent ambiguës : au XVII esiècle, il y a effectivement un mélange des
genres comme dans la tragi-comédie, Dom Juan a gardé quelque chose du théâtre
baroque.
Des comédies peu ambitieuses se contentent de reproduire des schémas
stéréotypés comme le vaudeville qui utilise et use jusqu'à la corde le triangle
mari/femme/amant...
Mais lorsque l'auteur dramatique entend dénoncer des travers
psychologiques ou sociologiques, la distinction se fait plus subtile.
Dans Tartuffe , le
triangle mari/femme/amant sert à montrer les dangers de l'entêtement, du parasitisme
doublé d'hypocrisie...
Si le spectateur rie d'Orgon le couard, confiné sous sa table et
cocu en puissance, il est amené également à réfléchir aux travers à la mode.
· Le XVII esiècle codifie tragédie et comédie, le XVIII esiècle voit apparaître le drame
bourgeois, le XIX e siècle le perpétue et voit naître le drame romantique...
C’est.
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