Le Conte de Monte-Cristo. Lecture linéaire

« I.

Quitter la prison du sac (paragraphes 1 et 2) : Cette scène d'aventure romanesque, très spectaculaire, raconte l'évasion de Dantès.

Symboliquement, la plongée dans l'élément liquide et la sortie du sac annoncent la renaissance du héros. Texte Analyse Une libération héroïque Dantès étourdi, presque suffoqué, eut cependant la présence d’esprit de retenir son haleine, et, comme sa main droite, ainsi que nous l’avons dit, préparé qu’il était à toutes les chances, tenait son couteau tout ouvert, il éventra rapidement le sac, sortit le bras, puis la tête ; mais alors, malgré ses mouvements pour soulever le boulet, il continua de se sentir entraîné ; alors il se cambra, cherchant la corde qui liait ses jambes, et, par un effort suprême, il la trancha précisément au moment où il suffoquait ; _ Le premier paragraphe est constitué d'une seule longue phrase, qui raconte comment Dantès est parvenu héroïquement à s'extraire du sac. _ La présence de nombreux points-virgules et de nombreuses virgules crée un rythme haché, haletant. _ Les actions s'enchaînent sur un rythme rapide, comme en témoigne la multiplication des verbes d'action au passé simple.

Le récit expose la façon dont Dantès « éventra le sac », en « sortit le bras, puis la tête », puis « se cambra » et « trancha » la corde le rattachant à un boulet qui l'entraînait vers les profondeurs, pour finalement « remonter libre » à la surface de la mer. _ De nombreux adverbes permettent de détailler l'enchaînement des actions : « cependant », « puis », « mais alors », « alors », « alors ». De nombreux compléments circonstanciels précisent les circonstances des actions, qui sont longuement détaillées. _ Le suspense est créé par la multiplication des obstacles : il parvient d'abord à se libérer, graduellement : « il éventra rapidement le sac, sortit le bras, puis la tête ».

Mais surgit un nouvel obstacle : « le boulet », qui continue de l'entraîner vers le fond.

Le récit est dramatisé : les marqueurs d'opposition, comme « cependant », « mais alors », « malgré », soulignent les difficultés successives auxquelles il est confronté. _ Le suspense naît également des interruptions du narrateur, qui diffère la résolution de l'action : « comme sa main droite, ainsi que nous l'avons dit, préparé qu'il était à toutes les chances, tenait son couteau tout ouvert ».

Cette interruption crée en outre une complicité avec le lecteur, impliqué dans le récit de l'action. _ Le « couteau » tenu à la main, outil indispensable à la libération, devient le symbole de la lutte menée par Dantès contre l'adversité. _ Le personnage est valorisé dans ses actions pour sa réactivité : il est d'abord qualifié par deux adjectifs, « étourdi, presque suffoqué », qui soulignent qu'il est proche de la mort (gradation, hyperboles) : malgré cela, il « eut la présence d'esprit de retenir son haleine ».

Il est décrit comme étant « préparé à toutes les chances », adjectif montrant son adaptabilité.

Sa rapidité est soulignée par l'adverbe « rapidement ».

Sa détermination est mise en avant par le complément circonstanciel de moyen « par un effort suprême » (hyperbole).

La subordonnée circonstancielle temporelle « il la trancha précisément [au moment où il suffoquait] », précédée de l'adverbe « précisément », crée un effet d'insistance et dramatise le moment, le montre échappant de peu à la mort.

Son action est héroïque et suscite l'admiration du lecteur : on est dans le registre épique. _ L'utilisation du point de vue interne dans le passage fait que le lecteur partage l'émotion du personnage et souhaite sa réussite, tout en ignorant l'issue de ses aventures (suspense). La remontée vers la surface, renaissance symbolique du héros alors, donnant un vigoureux coup de pied, il remonta libre à la surface de la mer, tandis que le boulet entraînait dans ses profondeurs inconnues le tissu grossier qui avait failli devenir son linceul. _ L'adverbe « alors » marque le dernier temps de cette très longue phrase et décrit la remontée de Dantès vers la surface. _ Ce mouvement vers le haut est signalé par les verbes « donnant un vigoureux coup de pied » (impulsion énergique, l'adjectif « vigoureux » connote la force physique), « remonta ». _ Cette remontée, qui s'effectue dans un élément liquide, peut être interprétée symboliquement comme une renaissance du héros. _ L'adjectif « libre » met en valeur cette renaissance du personnage. _ La proposition subordonnée circonstancielle de temps introduite par « tandis que » évoque un mouvement qui va, dans le même temps, en sens inverse : il s'agit du mouvement du « boulet », qui coule et se dirige vers des profondeurs présentées comme angoissantes, cf.

adjectif « inconnues ». _ L'emploi du vocabulaire de la mort, avec « linceul », et l'emploi du verbe « avait failli », insiste une nouvelle fois sur l'idée que Dantès a échappé de peu à la mort, et qu'il aurait pu rester prisonnier du sac de toile.

Ce qui dramatise sa libération et le valorise aux yeux du lecteur. La fuite vers le large Dantès ne prit que le temps de respirer, et replongea une seconde fois ; car la première précaution qu’il devait prendre était d’éviter les regards. _ La négation restrictive « ne prit que le temps de respirer » souligne l'héroïsme du personnage qui, après une libération éprouvante, doit continuer sa lutte contre l'adversité. _ Se dégager du sac n'était qu'une première étape, de nouveaux dangers le menacent, comme le montre l'emploi du terme « précaution » : en point de vue interne, on suit le raisonnement du héros qui replonge par nécessité, pour « éviter les regards ». _ Les verbes d'action au passé simple dont Dantès est le sujet continuent de se multiplier sur un rythme rapide : « prit », « replongea ». II.

Quitter la prison de la mer (paragraphes 3 et 4) Dantès se retrouve seul au milieu de la mer et.... »