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Le cinéma

Publié le 08/12/2021

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LE RAPPORT DU CINEMA A LA RÉALITÉE
Préambule
Le texte et les analyses qui vont suivre ne sont pas un catalogue historique ou thématique des rapports qu’entretient le cinéma avec la réalité mais un regard subjectif autour de quelques extraits de films et avec l’appui d’un certain nombre d’idées qui comme toujours peuvent être discutées et contestées par le spectateur et le lecteur. L’envie est de faire débat auprès des adolescents et de donner à voir autrement des films et le cinéma plus généralement. C’est donc une question de gout et le gout, comme les couleurs, ça se discute.1. Introduction à la problématiqueLe rapport du cinéma à la réalité représente un enjeu essentiel car ce mot de « réalité » parait fuyant ; il charrie un grand nombre d’idées et suscite des perceptions bien différentes dans l’espace et dans le temps depuis 1895 et l’invention à Lyon de l’appareil cinématographique par les frères Lumière. Repartons précisément de l’effet qu’a pu procurer cette invention selon l’expérience de la mère du critique Georges Sadoul rapportée par ce dernier :« En juillet 1896, ma mère, agée de dix-huit ans, quitta pour la première fois sa Lorraine natale, pour visiter Paris avant de se rendre sur une plage bretonne. Elle fut menée par son frère au “cinématographe Lumière”. Le film qui la bouleversa le plus montrait seulement des vagues déferlant. Elle n’avait jamais vu la mer, et quand elle la découvrit quelques jours plus tard, elle fut frappée de sa “ressemblance” avec les photographies animées du Grand Café ». (SADOUL, G., 1964)1La projection du cinématographe produit d’emblée une conviction : pour obtenir une image de la mer, il a fallu mettre en contact l’appareil et la mer elle-même. Dans le défilement de la pellicule naissent le mouvement des vagues, la netteté de leurs ondulations et le vrombissement de la nature. Le rapport entretenu par le cinéma avec la réalité est d’emblée celui de l’empreinte ressemblante.Toutefois, nous ne gardons pas l’intégralité de cette réalité : l’image cinématographique est plate puisque l’écran de cinéma est une toile. L’effet de profondeur est une illusion d’optique, une reconstruction de la réalité. Ensuite, toute image résulte d’une opération de cadrage : dans le viseur, celui qui filme choisit ce qui sera inclus ou non dans le plan. Nous croyons donc au réalisme des vagues déferlant même si au-delà du cadre, la mer disparait brutalement.Cette part invisible de l’image est appelée hors-champ et entretient un rapport singulier avec la réalité. S’il suffit que la caméra pivote vers la gauche ou vers la droite pour que cette portion invisible de la mer apparaisse enfin devant nos yeux, le hors-champ implique tout de même que le spectateur effectue un travail de l’imaginaire pour supposer cette présence continue de la mer, au-delà du visible.161Le cinéma extrait de la réalité un fragment de forme plus ou moins rectangulaire définissant un espace découpé entre ce qui est vu et ce qui ne l’est pas, ainsi que leurs communications : un personnage qui rentre ou sort du champ, un mouvement de...

« LE RAPPORT DU CINEMA A LA RÉALITÉE Préambule Le texte et les analyses qui vont suivre ne sont pas un catalogue historique ou thématique des rapports qu'entretient le cinéma avec la réalité mais un regard subjectif autour de quelques extraits de films et avec l'appui d'un certain nombre d'idées qui comme toujours peuvent être discutées et contestées par le spectateur et le lecteur.

L'envie est de faire débat auprès des adolescents et de donner à voir autrement des films et le cinéma plus généralement.

C'est donc une question de gout et le gout, comme les couleurs, ça se discute.1. Introduction à la problématiqueLe rapport du cinéma à la réalité représente un enjeu essentiel car ce mot de « réalité » parait fuyant ; il charrie un grand nombre d'idées et suscite des perceptions bien différentes dans l'espace et dans le temps depuis 1895 et l'invention à Lyon de l'appareil cinématographique par les frères Lumière.

Repartons précisément de l'effet qu'a pu procurer cette invention selon l'expérience de la mère du critique Georges Sadoul rapportée par ce dernier :« En juillet 1896, ma mère, agée de dix-huit ans, quitta pour la première fois sa Lorraine natale, pour visiter Paris avant de se rendre sur une plage bretonne.

Elle fut menée par son frère au “cinématographe Lumière”.

Le film qui la bouleversa le plus montrait seulement des vagues déferlant.

Elle n'avait jamais vu la mer, et quand elle la découvrit quelques jours plus tard, elle fut frappée de sa “ressemblance” avec les photographies animées du Grand Café ».

(SADOUL, G., 1964)1La projection du cinématographe produit d'emblée une conviction : pour obtenir une image de la mer, il a fallu mettre en contact l'appareil et la mer elle-même.

Dans le défilement de la pellicule naissent le mouvement des vagues, la netteté de leurs ondulations et le vrombissement de la nature.

Le rapport entretenu par le cinéma avec la réalité est d'emblée celui de l'empreinte ressemblante.Toutefois, nous ne gardons pas l'intégralité de cette réalité : l'image cinématographique est plate puisque l'écran de cinéma est une toile.

L'effet de profondeur est une illusion d'optique, une reconstruction de la réalité.

Ensuite, toute image résulte d'une. »

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