Le Césarisme
Publié le 16/05/2020
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Le Césarisme
Le terme « césarisme » fut employé pour la première fois par François Auguste Romieu dans L'Ere des Césars, en1850.
Il désigne un système de gouvernement comparable à celui qui fut instauré par César: le pouvoir d'originedémocratique est exercé sans partage par un homme.
Il diffère donc de la monarchie française en ce qu'il a sonfondement non point dans le droit divin, mais dans une désignation populaire.Le concept a été utilisé par Mommsen dans son Histoire romaine et, au XIXe comme au XX° siècle, par ceux quientendaient disqualifier un pouvoir qu'ils réputaient trop personnel.
Ainsi, le reproche de césarisme a été souventadressé au premier et au second Empire français.
Le mot évoque évidemment d'abord Jules César, qui d'ailleurs futdictateur sous la république, et tous ceux qui lui succédèrent après un intervalle d'une quinzaine d'années, mais ilporte aussi à réfléchir sur la notion plus ancienne et plus générale de tyrannie, et d'abord sur le type de royauté queconnut l'antiquité gréco-romaine.
La royautéLa royauté primitive avait, en Grèce comme en Italie, un caractère sacerdotal.
Les premiers rois ne s'imposèrentpoint par la force, mais leur autorité était liée à l'origine de la cité.
Dans La Cité antique, Fustel de Coulangesconstate : « L'autorité découla, ainsi que le dit formellement Aristote, du culte du foyer.
La religion fit le roi dans lacité comme elle avait fait le chef de famille dans la maison.
La croyance, l'indiscutable et impérieuse croyance, disaitque le prêtre héréditaire du foyer était le dépositaire des choses saintes et le gardien des dieux.
Comment hésiter àobéir à un tel homme? »On voyait dans le roi un intercesseur auprès des dieux et, la religion prescrivant que le fils succédait au père pourentretenir le foyer — dans une famille comme dans une cité — la royauté fut naturellement héréditaire.
Puis les croyances sur lesquelles ce système politique était basé s'affaiblirent.
Les hommes qui se trouvaient exclusdu système devinrent de plus en plus nombreux.
Les rois furent renversés successivement, dans les diverses citésgrecques, entre la fin du VIIIe et le Ve siècle.
Les familles royales d'ailleurs, quand elles subsistèrent, demeurèrenthonorées en raison de leur caractère sacré.On fera mention particulière de Sparte : deux rois appartenant à des familles différentes (les Agides et lesFuripontides), prétendant chacune descendre d'Héraclès, y régnaient en même temps.
Leur pouvoir héréditairepassait au fils né après l'avènement du père ou, à défaut, au plus proche parent de la branche masculine.Réunissant au début tous les pouvoirs (religieux, militaire et judiciaire), les rois de Sparte ne conservèrent par lasuite que des attributions honorifiques (la constitution de la cité, élaborée, pense-t-on, par Lycurgue au IXe siècleavant J.-C., demeura à peu près inchangée jusqu'à la domination romaine).L'époque de la royauté à Rome (753-509 avant J.-C.) demeure mal connue : l'histoire a été souvent déformée parles grandes familles romaines dans le souci de 'chausser l'éclat de leurs origines.
Après Romulus, le fondateur, Romeconnut six rois : le dernier, Tarquin le Superbe, fut chassé par le peuple et la république fut proclamée.Le roi n'était pas héréditaire mais proposé par le' sénat après consultation des dieux et élu par les comices.
Il étaitle chef de l'armée et de la diplomatie, pouvait présenter des projets de lois, condamner, sans recours possible, à laprison ou à l'amende, et il faisait les sacrifices les plus solennels.
Il circulait en char, portait toge de pourpre,couronne d'or et sceptre.
Les autres insignes de son pouvoir étaient la chaise curule, sorte de pliant démontable enivoire, et les faisceaux — verges liées autour d'une hache, symbolisant son droit de vie et de mort sur ses sujets —portés par douze licteurs ou appariteurs (le mot « fascisme » provient de ces faisceaux romains).
La tyrannie
Dans les cités grecques, après la disparition des rois, il arrivait fréquemment qu'un groupe limité de citoyens richeset puissants contrôle le pouvoir et en abuse.
Alors, pour s'en défaire, le peuple se donnait un chef que l'on appelaittyran : c'était un monarque qui tenait son autorité non d'une fonction religieuse, mais de l'élection ou de la force.L'apparition des tyrans dans la vie politique grecque illustre un principe nouveau : des hommes obéissent à un autrehomme sans que le pouvoir de celui-ci soit lié à l'exercice d'un culte.
Il y avait certainement des raisonséconomiques à la tyrannie.
Claude Mossé retient la crise agraire comme un facteur de déséquilibre dans le mondegrec du VIIe siècle avant J.-C.
: la situation dégradée des petits paysans, les bouleversements économiques etstructurels résultant du développement de la production marchande expliquent souvent le recours aux tyrans.
Ceux-ci se posent en défenseurs du peuple, mais aussi, ils se conduisent en despotes.
Un tyran de Corinthe ayantdemandé un jour des conseils sur le gouvernement à un tyran de Milet, celui-ci coupa les épis de blé qui dépassaientles autres dans un champ : ce geste signifiait qu'il fallait frapper les têtes s'élevant au-dessus du lot, l'aristocratie.Le peuple détestait souvent la société aristocratique, fondée sur les liens du sang et dont il était exclu : pour cela,il mettait en place une tyrannie qu'en général il n'aimait guère et qu'il ne conservait pas longtemps.« Le tyran, dit Aristote, n'a pour mission que de protéger le peuple contre les riches; il a toujours commencé parêtre un démagogue et il est de l'essence de la tyrannie de combattre l'aristocratie.
»Le tyran était donc l'ennemi des riches, mais contraint, pour se maintenir au pouvoir, de toujours donner auxpauvres, il se trouvait immanquablement porté à gouverner avec violence et cruauté.
Il était un homme seul, vivantdans une petite cité, au milieu de ses sujets, sans intermédiaires, et exerçant directement et personnellement tousles pouvoirs.
Pratiquement, toutes les cités grecques connurent la tyrannie à un moment de leur histoire.
Il y eut.
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