Le Castrisme

« Le Castrisme Le 1er janvier 1959 à Cuba, Batista s'enfuit.

La dictature s'effondre.

Santa Clara vient de tomber aux mains du Cheet de sa colonne de guérilla.

Fidel Castro a pris Santiago.

Quelques jours plus tard, les insurgés sont dans lacapitale.

En quelques mois, cette révolution atypique affirme son cours anticapitaliste: expropriation des grandesentreprises et des gros propriétaires terriens, nationalisation de la banque, réforme agraire radicale, organisation dupouvoir populaire.

Le castrisme est né.

Mais avant d'être une doctrine, Castro et Guevara ont symbolisé laprotestation, une protestation idéaliste contre la corruption et l'injustice de la dictature.

La nécessité de forger uneidéologie n'est apparue qu'après la conquête du pouvoir.

De janvier 1959 à avril 1961, Fidel maintient sur ses projetsun flou idéologique.

Lors d'un premier voyage à New York en avril 1959, il proclame avec force: "Nous ne sommespas communistes".

La révolution cubaine est considérée comme nationaliste; elle s'est faite sous la figure légendairede José Marti, le héros de l'indépendance cubaine.

Mais le nouveau pouvoir cubain accélère les réformes.

En juillet1960, les domaines et les centrales sucrières nord-américaines sont nationalisés.

Puis les domaines confisqués sontorganisés en "fermes du peuple".

Cuba continue de nationaliser les biens américains et passe un accord de trocentre son sucre et le pétrole soviétique.

Washington s'inquiète.

Les États-Unis décrètent l'embargo économique enjuillet 1960.

Le 15 avril 1961, un commando d'exilés anti-castristes soutenu par les États-Unis débarque dans la baiedes Cochons.

L'opération échoue, Castro triomphe et proclame aussitôt "le caractère socialiste de la révolution".

Ils'est donc écoulé deux ans entre la prise de pouvoir par Castro et la proclamation du socialisme, dans laquelle lesinitiatives américaines ont joué un rôle déterminant.

Ainsi se trouve confirmée la prophétie de Che Guevara: "lerythme de la révolution sera dicté par le rythme de la contre-révolution".

Si le 16 avril 1961, Castro annonce larévolution socialiste à Cuba et adopte le marxisme-léninisme, ses rapports avec le communisme sont ambigus.

Latentative du Parti communiste de contrôler les ORI, organisations révolutionnaires intégrées, aboutit au limogeaged'Annibal Escalante, le Premier secrétaire du PC cubain.

L'ORI constitue le parti gouvernemental unique.

D'autre part,la révolution cubaine demeure originale par son refus de se donner une constitution.

La Déclaration de la Havane de1960 est adoptée par acclamation populaire.

Le système représentatif est refusé et une démocratie directeinstituée.

La révolution cubaine semble refuser les structures bureaucratiques et s'opposer aux politiquesparlementaristes des communistes pour faire le choix de la lutte armée et de la guerre révolutionnaire.

Cuba doitpourtant se rapprocher de l'URSS en 1962 au moment de la crise des Fusées.

La rupture est consommée avec lesÉtats-Unis.

Castro, qui avait jadis refusé de choisir entre communisme et capitalisme, opère un glissement de plusen plus prononcé vers le socialisme.

L'aide soviétique se révèle indispensable à la survie de Cuba, mais cette aidemassive renforce la dépendance de l'île par rapport à Moscou.

Le castrisme reste pourtant une idéologie originale.

Lerégime rêve d'une société égalitaire.

Une grande campagne d'alphabétisation est lancée en 1961.

La médecine estgratuite.

Les fermes du peuple ont pour but de supprimer le salaire et de donner naissance à la première sociétécommuniste intégrale.

Mais l'économie piétine.

De plus, le castrisme repose sur un système de pouvoir autoritaire,avec son parti unique, l'absence de liberté d'expression et la figure écrasante de Fidel, le "Lider maximo".

Mais lagrande originalité du castrisme réside dans sa doctrine du "foco", le foyer insurrectionnel accordant la priorité à lalutte armée dans les campagnes.

Ce thème castriste défend l'idée que les forces populaires peuvent gagner uneguerre contre l'armée et qu'il ne faut pas toujours attendre que soient remplies toutes les conditions pour larévolution.

Le foyer insurrectionnel peut les créer.

C'est ainsi que la révolution cubaine et la vague castristetrouvent des échos en Amérique latine, en Bolivie, Guatemala, Colombie et Venezuela.

Mais les dictatures militairesdétruisent toute forme de résistance en Amérique latine.

L'unité populaire au Chili est brutalement interrompue enseptembre 1973 par le coup d'État de Pinochet.

Cuba se trouve dans une situation de dépendance accrue vis-à-visde l'URSS.

En décembre 1970, la commission intergouvernementale soviéto-cubaine pour la coopération économique,scientifique et technique est créée.

Le 10 juillet 1972, Cuba adhère au CAEM, le marché commun des pays de l'Est.En 1976, Cuba adopte une constitution calquée sur celle de l'URSS, qui lui impose le centralisme démocratique et unsystème électoral pyramidal.

Tandis que les États-Unis s'emploient à isoler le régime castriste, Castro s'engage plusétroitement dans une alliance avec l'Union soviétique.

Castro intervient en Angola militairement et se fait à maintesreprises l'écho de la diplomatie soviétique et son relais pour l'Amérique latine.

Malgré les progrès remarquablesréalisés dans les domaines de la santé et de l'éducation, la lassitude grandit dans la population soumise aurationnement et sollicitée en permanence à se mobiliser pour défendre la révolution.

Sur le plan économique, ladésagrégation de l'URSS et la dissolution du CAEM ont encore précarisé la situation de l'île.

Le castrisme s'est vucontraint d'aggraver les mesures d'austérité de plus en plus mal supportées par la population.. »