Le capitalisme à l'assaut du sommeil, Crary Jonathan (analyse)
Publié le 23/12/2021
Extrait du document
«
CRARY Jonathan, 24/7 : Le capitalisme l'assaut du sommeil, Paris, ditions La Dcouverte, 2016.
Synopsis Trs marqu par la philosophie franaise du XXe sicle, Jonathan Crary nous livre ici une critique approfondie de la socit moderne sous lÕangle novateur de la destruction du sommeil.
Il en explore les raisons Ð savoir le besoin du capitalisme de coloniser toujours de nouveaux pans de lÕexistence humaine Ð, les modalits technologiques, les implications thiques, anthropologiques et historiques.
Mais il garde une esprance, celle que le rve, assig de partout, mais indestructible, dynamite enfin le ralisme dralisant de la technologie. 1.
Introduction DÕaucuns pourraient penser que le sommeil est un invariant humain quÕil ne conviendrait mme pas de questionner.
Certes, tout homme a toujours eu besoin de dormir, mais les conditions historiques du sommeil, sa comprhension, la valeur quÕon lui accorde, la place quÕon lui octroie ont considrablement vari au cours des sicles, singulirement au cours des temps modernes.
Indissociable du dveloppement du capitalisme, lÕradication du sommeil est une caractristique constante des socits modernes, qui ne le comprennent plus que comme un temps de rgnration de lÕhomme-machine.
Commence ds le temps des premires filatures industrielles anglaises (tableau Les filatures de coton dÕArkwright), cette lutte contre la nuit atteint aujourdÕhui, cÕest--dire depuis que la chute de lÕURSS a ouvert la voie la mondialisation nolibrale, une ampleur inoue.
Elle va de pair avec la gnralisation des crans et, en gnral, des appareils et des techniques dont le fonctionnement est permanent, ce quÕindique bien lÕexpression Ç vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept È (ou 24/7).
Ces appareils, prsents comme autant de progrs, sont, en ralit, les instruments de la soumission des rythmes humains la cadence de la machine.
Ils produisent lÕacclration de tout, lÕimmdiatet, la mise disposition permanente ; et dtruisent lÕattente, la rflexion, lÕabsence, le repos, pour finir le sommeil, que lÕon en vient devoir acheter sous la forme de pilules.
2.
LÕradication du sommeil Les chiffres sont loquents.
LÕAmricain moyen, nous dit Crary, est pass de dix heures de sommeil par jour, au dbut du XXe sicle, huit heures, aprs la Deuxime Guerre mondiale.
AujourdÕhui, il ne dort plus que six heures et demie.
Et ceci est une moyenne : il est des excs quÕon peine sÕimaginer.
Pourquoi une telle chute ? Ë cela une raison : le sommeil est improductif.
Il nÕest allou ni au travail ni aux loisirs.
CÕest un morceau de vie quÕon ne peut pas vendre.
Il est perdu.
Il fait enrager les gouvernements.
Alors, on part en guerre contre lui.
Tout dÕabord, il y a la lampe Ð ptrole, puis lectricit Ð, qui bouleverse compltement les rythmes naturels, mais sans pouvoir les radiquer.
Constatation qui donne Crary, soit dit en passant, lÕoccasion de donner de la modernit une dfinition dÕune grande finesse : elle serait non pas le monde de la technique, mais le monde de la dissonance entre la technique, qui a ses propres lois, et la nature, qui nÕa que faire de ces lois.
Illustration : cette toile de Wright of Derby, de 1782, intitule La.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Analyse tableau sommeil d'endymion
- Dans son étude sur Albert Camus, Robert de Luppé écrit: «L'Etranger est une « oeuvre absurde » mais qui n'a pas la force de l'être jusqu'au bout: Meursault se réveille du lourd sommeil quotidien en faisant éclater sa révolte. » Par l'analyse précise de L'Etranger, essayez d'apprécier la justesse de cette affirmation.
- Préparation à l’oral du baccalauréat de français Analyse linéaire n°4 - Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, 1990 (épilogue)
- Objet d'étude : La poésie du XIX et du XX siècle. Parcours complémentaire : Alchimie poétique : réinventer le monde. Analyse linéaire 2/2 « Le Pain », Francis Ponge, Le Parti pris des choses, 1942
- Britannicus, analyse de la scène 1 acte I