Le blocus continental: Une entreprise vouée à l'échec.
Publié le 17/05/2020
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Ensemble des mesures prises par Napoléon Ier pour frapper l'Angleterre économiquement. Le Blocus continental fut, à l'origine, une réplique au blocus maritime pratiqué par le gouvernement britannique. Déjà les Anglais visitaient les bâtiments neutres et confisquaient les marchandises destinées à l'Empire français : par le décret du 16 mai 1806, l'Angleterre déclara en état de blocus les ports situés entre Brest et Hambourg. À cette mesure Napoléon répondit par le décret de Berlin (21 nov. 1806), qui interdisait tout commerce ou correspondance avec les îles Britanniques (« Tout magasin, toute marchandise et toute propriété appartenant à un sujet anglais sont déclarés de bonne prise ; le commerce des marchandises anglaises est défendu, et toute marchandise appartenant à l'Angleterre ou provenant de ses fabriques est déclarée de bonne prise ; aucun bâtiment anglais ou venu des possessions anglaises ne peut être reçu dans les ports de la France ou de ses alliés »). L'Angleterre répliqua en soumettant tout navire neutre venant d'un port français ou allié ou s'y rendant à des droits de douane s'élevant jusqu'à 30 % du montant de la cargaison. Par le décret de Fontainebleau (13 oct. 1807) et les décrets de Milan (23 nov. et 17 déc. 1807), Napoléon aggrava encore le Blocus continental : « Tout bâtiment qui se sera soumis à être visité et imposé par les Anglais est dénationalisé, devenu propriété anglaise et déclaré de bonne prise. » Le Blocus continental eut des conséquences politiques et économiques considérables. Pour le rendre effectif, Napoléon dut annexer successivement à l'Empire français la Hollande (1810), le grand-duché d'Oldenburg et les villes hanséatiques (1810/11) ; en Italie, le royaume d'Étrurie (1807) et les États pontificaux (1807/09) ; il dut intervenir au Portugal (juill./oct. 1807) et en Espagne. Le Blocus continental rencontra une hostilité générale en Europe, et la Russie, qui y avait adhéré par les accords secrets de Tilsit (juill. 1807), s'en dégagea en 1811, ce qui provoqua la campagne de Russie. Les objectifs économiques du blocus ne furent pas atteints : sans doute l'Angleterre vit ses importations de céréales descendre de 114 000 t en 1807 à 14 000 t en 1808 ; si elle connut la disette, le chômage et une crise financière qui atteignit son point critique en 1811, elle compensa largement la perte du marché européen en intensifiant son commerce avec les colonies espagnoles d'Amérique (où ses exportations passèrent de 8 500 000 livres en 1805 à 19 800 000 livres en 1809). Toute l'Europe souffrait autant que l'Angleterre des conséquences économiques du blocus qui, particulièrement en Allemagne et en Espagne, fit naître des sentiments anti-français ; en 1809, les exportations de l'Empire français avaient diminué de 27 %. Les ports français s'appauvrirent, la rareté des denrées coloniales entraîna une augmentation considérable des prix (notamment pour le sucre). Pourtant, le blocus eut quelques résultats heureux en favorisant les cultures de remplacement (betterave à sucre, lin...) et en forçant l'industrie continentale à fabriquer elle-même les produits qu'elle recevait autrefois des colonies. Mais Napoléon, dès 1809, dut atténuer la rigueur du blocus en accordant aux commerçants européens, contre certains droits, des licences pour trafiquer avec l'Angleterre (surtout pour les denrées coloniales) ; dès nov. 1811, les mesures de blocus se relâchèrent de part et d'autre.
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