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Le BalcondeCharle BAUDELAIRE

Publié le 02/12/2021

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Le poème « Le Balcon«, écrit par Charles Baudelaire, fait partie de la section Spleen et Idéal du recueil Les Fleurs du Mal, publié en 1857. Le poète, annonçant le symbolisme, esquisse le souvenir d’une femme aimée. Elle nous est introduite à travers un portrait multiple et un chant de réminiscences spleeniennes. Réalisant son impuissance face au Maitre de la Fuite, Baudelaire tente d’enfermer le Temps dans le cadre spatial de l’Idéal tant recherché, non seulement pour revivre la quintessence de la relation amoureuse désunie, mais essentiellement pour « l’art d’évoquer «.
Dans ce poème, Baudelaire représente la femme comme universelle, un être supérieur à toute description. Il élucide avec une complaisance tenace les liens secrets de la mère et de la maitresse d’où la seconde reçoit sa lumière et sa signification de la première. Il accentue ses « attraits « envers elle jusqu'à en faire une véritable icône. Une femme unique et éminente, qui domine tout le capital sentimental du poète. Elle incarne l’Amour dans l’absolue, identifié à travers le chiasme des deux premiers vers («  Mère des souvenirs, maîtresse des maîtresses, Ô toi, tous mes plaisirs ! Ô toi, tous mes devoirs! «), qui, de plus, marque le rapport antithétique de la figure de la femme. Il signifie que la diversité de celle-ci (qui détient tous les rôles) n’est que l’essence de l’harmonie qu’elle possède en elle et qui nous semble antagonique. L’usage du singulier pour parler de la femme est mis en valeur par les pluriels qui le contrebalance («Mère «, « maîtresse «, « reine «, « ton sein «, puis « souvenirs «, « maitresses «, « les soleils sont beaux «, « tes prunelles «, « tes beautés langoureuses «).L’antonymie rend justice à son éclatement, faisant d’elle l’origine et l’aboutissement. Elle est simultanément l’une et l’autre. Ainsi l’antithèse du vers 8 « Ô douceur ! Ô poison ! « reflète implacablement le statut oppositionnel de la femme baudelairienne, qui tend à être ange et démon à la fois. Cette ambivalence, énoncée clairement dés le début du poème, la place dans une zone d’ombre amplifiée par le jeu de lumière. Cette perception du poète nous est transmite à travers une représentation en « clair-obscur « (« Les soirs illuminés par l'ardeur du charbon «, « les soleils rajeunis […] « des mers profondes «) qui met en valeur la magnitude de la lumière qu’inspire une femme au poète. C’est une représentation en éclats mais l’unité ne lui manque pas. Les temps verbaux (future, imparfait, passé composé, passe simple et présent) envoient en morceau la structure du poème en chainons reliés fermement. Le temps lui échappe mais son imagination lui sert de complice fidèle puisqu’elle s’engage à recréer tout un univers fantastique dans « une cloison « poétique. En répétant le premier vers à la fin de chaque strophe, la dichotomie qui régit l’ensemble de l’identité poétique de la femme est scellée.

 Bien que la femme aimée soit au cœur du poème, elle n’est en principe que le déclencheur de l’alchimie poétique. Cette ampleur féminine est le travail du poète s’inspirant d’une identité provocatrice.

Tout comme un peintre peut donner vie à un corps inerte, Baudelaire rétablit le souvenir d’une femme aimée a travers des voiles et des ombres. Elle n’est plus une femme charnelle ou sensuelle, elle est « mère des souvenirs « et «maîtresse des maîtresses «. Il s’agit implacablement de sa Mémoire en premier lieu et puis de son Imagination, l’éternelle maitresse qui manœuvre le poète à revivre ses sensations du passé, et à préfigurer un instant futur (« Tu te rappelleras la beauté des caresses «, « Renaîtront-ils d'un gouffre «). Le poète aperçoit le passe et le futur d’une clairvoyance (« […] mes yeux dans le noir devinaient […]) qui le transporte à travers les lamelles du temps indomptable pour revivre un souvenir intemporellement. Il est capable d’enfermer le temps en faisant usage au vers 23 de l’infinitif « Car à quoi bon chercher tes beautés langoureuses « dans les cotes de la femme (« Ailleurs qu'en ton cher corps et qu'en ton cœur si doux ? «)Ainsi dit, la femme n’est plus qu’un moyen pour accéder à quelque chose. Il en fait usage pour cheminer sa mémoire et alimenter son imagination pour dominer le temps. Il sublime la femme et la situe dans un cadre mythique (« reine des adorées «). De toute évidence, la femme chez Baudelaire est une muse dans tous ses états. Une source, en effet, mais cesse d’être l’aboutissement. Le charnel, dissipé avec le temps, il ne laisse que « d’impérissables choses « dites « au balcon «, symbole de l’ici et de l’ailleurs conjointement. L’amour, muté en paroles omniprésentes, sort de l’axe du temps et donc devient impérissable « […] revis mon passé [...] «. Il est même capable par le biais de l’évocation de ressusciter la femme corps et âme. A la cinquième strophe, le poète est en contact charnel avec l’être aimée grâce à « l’art d’évoquer «. Conséquemment, la poésie s’établit sur des hauteurs inaccessibles à la mort même.
La femme, ayant la fonction de catalyseur, donne au poète la substance qui l’aide à recréer par le pouvoir des mots.
Le poète est alors synonyme de magicien. A l’oreille, la répétition du premier vers de chaque strophe semble comme une espèce de refrain énigmatique voire même hypnotisant. Il conviendrait de dire que Baudelaire répète ce vers comme un écho, laissant penser a un endroit vide, sans meuble, immense mais clos. Chaque premier vers est minutieusement recopié à la fin de chaque strophe, sauf la dernière, où des bouches laissent échapper le temps non pas obliquement aux mots mais entre les orifices des « Ô « qui remplacent le démonstratif « Ces « du vers 26. Le poète est certes capable de recréer mais ne serai-ce que la durée d’un poème. C’est la science de la magie poétique de laquelle Baudelaire dira si ponctuellement « Manier savamment une langue, c’est pratiquer une espèce de magie évocatoire. «.
Charles Baudelaire est célèbre pour son approche moderne de la poésie, sa conception du poète maudit, victime de l'incompréhension de ceux qui l'entourent, allant du spleen, à l'Idéal, l’aspiration vers un ailleurs meilleur. Sa maitrise du langage et son art démiurgique émanent d’un génie qui souffre. Ce poète nous communique de l’au-delà un savoir faire consolant. Sa poésie restera un élixir aux âmes expirantes.

* Références Internet :
* Litteratura.com : http://baudelaire.litteratura.com/
* Wikipedia, l’encyclopédie libre : Charles Baudelaire : http://fr.wikipedia.org/wiki/Baudelaire
* Références (encyclopédiques) :
* Cours sur Charles Baudelaire- 2010
* Encyclopedia Universalis
* Le nouveau dictionnaire des œuvres de tous les temps et de tous les pays


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