L’attente au cinéma
Publié le 01/05/2021
Extrait du document
«
INTRODUCTION :
Qu’est-ce que l’attente au cinéma ?
La notion d’attente
D’après le dictionnaire de la langue française Lexis , l’attente se définit avant tout comme « l’action
de rester jusqu’à l’arrivée de quelqu’un ou de quelque chose », ou bien comme « le temps pendant
lequel on demeure ainsi ».
C’est ainsi « l’action de demeurer en un lieu jusqu'à ce que quelqu'un ou
quelque chose arrive ».
Exemple : on attend la fin du confinement.
De ces quelques approches du mot « attente », il faut retenir deux choses : la première est que
l’aspect temporel de l’action d’attendre est liée à une dimension spatiale.
Attendre ne peut se faire,
semble-t-il, que dans l’immobilité et la fixité.
Attendre en mouvement ne serait plus vraiment
attendre.
La seconde c’est que l’objet de l’attente est à chaque fois défini de manière très imprécise :
on attend « quelqu’un » ou, plus vaguement encore, « quelque chose ».
Mais l’attente n’est pas simplement une action paradoxale, qui suggère l’absence (du mouvement
ou de la personne) ce sont aussi des sentiments.
L’attente nous renvoie à la durée, au temps ressenti
comme différent du temps « normal », comme plus long, plus intense ou plus ennuyeux.
C’est une
preuve de l’élasticité du temps.
Exemple : on attend qu’un cours interminable se termine.
L’attente est ainsi rarement connotée positivement, elle sera plutôt angoissée, anxieuse, cruelle,
désespérée, ennuyeuse, énervante, exaspérante, fébrile, fiévreuse .
La notion d’attente entraîne
souvent un choix d’adjectifs péjoratifs, et l’attente ne serait donc que rarement souhaitable ou
désirable.
L’attente serait le plus souvent un état dans lequel on se trouve plongé malgré soi.
Et au cinéma ?
L’attente semble être à première vue totalement anti-cinématographique.
En effet, alors que l’attente
renvoie à l’absence d’action, l’absence de mouvement, et n’est que la permanence d’un état, le
cinéma, pour sa part, a précisément vocation à représenter le mouvement (le cinématographe,
étymologiquement, est ce qui permet d’« écrire le mouvement ») : il est donc associé à l’action, au
dynamisme, au changement, au défilement.
En 1936, l’écrivain Georges Polti recense les trente-six situations dramatiques possibles au théâtre,
dans un livre judicieusement appelé 36 situations dramatiques .
Marie-France Briselance reprend
cette liste, dans son ouvrage intitulé Leçons de scénario , et montre qu’elles s’appliquent aussi
parfaitement au scénario de cinéma.
Et alors que des verbes comme « sauver », « implorer », « se
révolter », « détruire », « obtenir » ou « conquérir » font partie de sa liste, « attendre », lui, n’y
figure pas.
Alors quel serait l’intérêt d’attendre au cinéma ? C’est-à-dire de faire attendre les personnages, et
par identification, les spectateurs ? Car on doit distinguer deux niveaux d’attente, qui sont pourtant
intimement liés.
D’un côté, le sentiment d’attente du spectateur ; de l’autre, la représentation même,
dans le récit cinématographique, de l’action d’attendre..
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