L'art par excellence, celui qui surpasse tous les autres, parce qu'il est incomparablement le plus expressif, c'est la poésie. (VICTOR COUSIN.)

« L'art par excellence, celui qui surpasse tous les autres, parce qu'il est incomparablement le plus expressif, c'est la poésie.

(VICTOR COUSIN.) Tous les arts, si différents par la matière, les moyens et la technique, ont ceci de commun qu'ils doivent exciter en nous un certain sentiment, fait de plaisir et d'émotion, qu'on appelle le sentiment esthétique.

Ce qui est beau, monument, tableau, poème ou symphonie, nous charme, nous touche ou nous transporte.

Il est difficile d'établir une hiérarchie entre les arts.

Mais il est bien certain que, selon le mot de Cousin, la poésie est le plus expressif de tous. I.

D'abord elle peut rivaliser avec tous les arts et emprunter leurs moyens d'expression. 1.

L'architecture : nous plaît par l'ordre et l'harmonie des différentes parties, la noblesse et la pureté des lignes, les belles proportions et la hardiesse de la construction.

Un poème doit être aussi bien composé, les différentes parties bien équilibrées et se répondre entre elles.

Exemples : L'Énéide de Virgile, L'Expiation de Hugo. 2.

Les arts plastiques : sculpture et peinture...

reproduisent les formes, les différents aspects des choses, des êtres et de la nature : le dessin, les lignes et les contours, ombres et lumières; la peinture aussi, et en plus les couleurs; la sculpture, le relief.

Ils s'adressent directement aux yeux, mais doivent atteindre l'âme : Moïse, de Michel-Ange ; tableaux de Raphaël, David, Millet. La poésie ressemble à la peinture : tableaux de genre, Lorsque l'enfant paraît, de Victor Hugo ; scènes réalistes et familières : Le Mendiant, Les pauvres gens, de Hugo; paysages : Lamartine, Hugo, etc.

; tableaux d'histoire : Waterloo, Retraite de Russie, de Hugo.

Par la pureté des lignes et la netteté des contours, quelques poètes donnent plutôt l'impression de la sculpture : Chénier, dans La Jeune Tarentine1; Leconte de Lisle, dans Les Hurleurs. 3.

La musique s'adresse à l'oreille, et, par les sons, à l'âme.

C'est le plus direct et le plus émouvant de tous les arts, elle excelle dans l'expression des sentiments : joie, tristesse, exaltation.

— La poésie aussi plaît et émeut par les sons, les rythmes, l'harmonie. Exemples : Racine, Lamartine, Hugo, Verlaine. II.

Ce qui rend la poésie plus expressive, c'est qu'elle se sert du langage : elle emploie les mots, qui sont en nombre infini et susceptibles de combinaisons infiniment variées.

Les mots sont des signes qui expriment les objets, les sentiments et les idées. Ils s'adressent à l'intelligence, mais aussi au coeur, à l'imagination et aux sens.

Le poète les choisit ou les dispose dans la phrase ou le vers, non seulement pour le sens qu'ils offrant à l'esprit, mais suivant leur physionomie, et leur valeur de sonorité ou d'évocation.

Il y a des termes vagues ou précis, colorés ou ternes, éclatants, sonores, ou doux et harmonieux.

De même le mètre et le rythme s'adaptent au mouvement de la pensée et du sentiment, tantôt amples et solennels, tantôt saccadés, tantôt caressants, tantôt emportés et véhéments.

Comme la musique, la poésie éveille en nous tout un monde de souvenirs et de sensations, de rêves et d'émotions, d'images et d'harmonies, mais c'est une musique plus précise, sinon plus expressive, une musique qui peint et une musique qui pense.

(Cf.

La Tristesse d'Olympio...

Le Lac...

Le Souvenir.) Aussi la poésie est-elle capable de colorer et d'animer même des idées abstraites.

Les allégories des peintres et des sculpteurs sont souvent froides.

Celles des poètes peuvent être plus émouvantes et plus vivantes.

Exemples : Les grandes figures du Destin et de la Déroute, dans la Retraite de Russie et Waterloo, de Hugo...

et les poèmes symboliques de Vigny, Hugo et Baudelaire.. »