L'ART EGYPTIEN
Publié le 15/05/2020
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L'ART EGYPTIEN
Qu'est-ce que tout cela qui n'est pas éternel ? Leconte de Lisle
LE PAYS ET LES CONDITIONS HUMAINES
Corrime l'avait déjà remarqué la perspicacité
d'Hérodote, en Egypte, rien n'est comme ailleurs.
Les paysages de Grèce, d'Italie du Sud ou de
Palestine se ressemblent étonnamment.
Au bord
du Nil, c'est un autre monde.
Laissons de côté
le Delta, large plaine fertile et humide qui s'étend à
perte de vue, où les arbres perdent leurs feuilles
l'hiver et où il pleut; c'est un autre pays, le Pays du-Nord, comme l'appelaient les Egyptiens eux
mêmes.
Tout le reste n'est qu'un long ruban vert
cru, étendu autour
d'un fleuve immense dont les couleurs passent d'un vert véronèse laiteux à une
teinte brique fauve.
La terre noire y est d'une ferti
lité surprenante et inépuisable parce qu'elle est
enrichie chaque année,
ave~ une régularité
constante , par le dépôt des eaux en crue.
Mais, de
chaque côté, c'est le désert qui règne , absolu .
Les bêtes féroces y font leurs demeures : lions, loups,
hyènes.
Des esprits malfaisants le hantent et aussi
des monstres aux formes étranges et inquiétantes .
A la lisière du pays organisé ,
il représente la frange
de chaos que le dieu créateur a laissé subsister au
bord du cosmos .
Les pays étrangers montagneux
comme lui, participent aussi de sa nature hostile.
Le limon du Nil que l'on peut facilement mode
ler
ou ' mouler est un matériau tentant pour des
hommes aux mains habiles et créatrices.
Les magnifiques bancs de calcaire, grossier ou très fin , les veinc;s de granit, de schiste , de basalte, d'albâ
tre, toutes proches de la vallée, sont faciles à
exploit~r.
Seul le bois de qualité fait défaut.
Mais
des mii\es d'or permettent des échanges et l'ivoire
fourni au Sud par les chasseurs africains offre son
grain lisse au rêve plastique des artisans .
Les pierres précieuses ou semi-précieuses abondent,
parmi lesquelles les turquoises du Sinaï, où l'on
trouve aussi le cuivre qui remplacera l'outillage de
pierre en pleine époque historique , lorsque l'on
commençait à construire des pyramides .
Ce Pays du-Sud, si plein de ressources, avait conquis le Nord encore fort marécageux et s'arrogeait la pré
éminence.
Mais l'ensemble possédait une complé
mentarité prometteuse des plus grands destins.
Cependant,
dans un pareil assemblage de condi
tions géographiques,
le facteur humain était d'une
importance capitale.
Il fallait aux habitants de ce pays aimé des dieux le goût du travail , le sens de
l'organisation, de la prévoyance et de la conserva
tion des biens, pour entretenir les canaux et
les greniers.
Ainsi, les hommes et leurs richesses, à
l'abri de frontières difficilement franchissables et
faciles à défendre pouvaient disposer du temps
nécessaire à la méditation et au travail de l'esprit
et jouir d'un certain luxe, favorable à la création
d'œuvres d'art.
Une hiérarchie administrative aux •--t.itres nombreux se constitua de bonne heure, avant l'histoire, et aux périodes d'ordre et de fonc
tionnement administratif juste et fécond succèdent
des temps de faiblesse gouvernementale , accompa
gnée d'invasions, de pauvreté et même de famine.
Trois temps de grandeur et de développement :
l'Ancien Empire, qui occupe à peu près
le milieu
du III" millénaire ; le Moyen Empire dont l'apogée se place aux trois premiers siècles du Second millé
naire et le Nouvel Empire, qui dura les quatre- .
cents dernières années du même millénaire.
La
Basse époque et I'Egypte grecque et romaine
eurent une importance considérable pour l'his
toire de la civilisation .
Pour les techniques, les sciences et la pensée en général, l'Egypte passe le flambeau aux Grecs et ne s'éteindra elle-même
qu'avec la trânsformation du temple de Philae en
église sous Justinien (535).
PROCÉDÉS,
CONVENTIONS, SYMBOLES
De productions esthétiques considérables,
s'échelonnant sur près de quatre millénaires , que
nous est-il resté
? Un certain nombre de construc
tions en pierre d'autant mieux conservées qu'elles
sont plus récentes .
Les plans des monuments de
l 'Ancien Empire sont très difficiles à interpréter
parce qu'il
ne subsiste que très peu de leurs élé ments décoratifs, tandis que les temples gréco
romains, presque intacts, nous sont connus de
manière très précise.
Tout
ce qui est clayonnage de
roseaux, architecture fragile et temporaire , murs
de briques crues, dans le Delta ou dans la plaine, a
disparu ou est très difficile à analyser , alors que
dans le désert on peut mieux suivre et comprendre.
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