L'art baroque
Publié le 16/05/2020
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L'art baroque
A la fin du XVIe siècle, l'art italien est encore marqué par une sensibilité maniériste, qui recourt à un langagesophistiqué et intellectualisant, riche en symboles et en allégories souvent obscures, compréhensibles uniquementpar un public assez restreint et cultivé.
Au cours du XVIIe siècle s'épanouit une nouvelle sensibilité figurative, quimarque une évolution par rapport au maniérisme, dont elle se distingue par ses caractères moins élitaires : elle seraappelée péjorativement baroque par les théoriciens de l'art.
L'Eglise de Rome, sortie depuis peu de la Contre-Réforme, appuie cette nouvelle expression artistique en mesure de s'adresser à un vaste public, en lui confiant latâche d'exprimer sous des formes grandioses aux tonalités triomphales les valeurs politiques et religieuses quilégitiment son pouvoir.
C'est donc à Rome que l'on trouve les premières manifestations importantes de l'art baroque,grâce à l'activité de Gian Lorenzo Bernini, Francesco Borromini et Pierre de Cortone.
Par la suite, le baroque rayonnedans toute l'Europe; d'autres centres deviennent importants, surtout là où princes, électeurs et rois veulentrelancer l'image de leur ville-capitale, en lançant des opérations de rénovation dans l'aménagement urbain etarchitectural.
C'est ainsi que Turin, Munich, Berlin, Würzbourg, Dresde, Prague, Vienne, Saint-Pétersbourg, etnaturellement Paris deviennent des centres de l'art baroque.
Une conséquence de cette activité bouillonnante est ledéplacement permanent d'une ville à l'autre d'architectes et de peintres, d'artisans décorateurs, stucateurs,quadraturistes.
Il faut tenir compte de ces déplacements des artistes si l'on veut comprendre pleinement lacomplexité du phénomène baroque en Europe, car ses résultats peuvent sembler très différents les uns des autres,en raison de l'enchevêtrement de cultures et de traditions hétérogènes et, dans bien des cas, de la persistance deformes baroques jusqu'à l'aube du néoclassicisme, en plein XVIIIe siècle.
Un des thèmes fondamentaux de lapoétique baroque est la représentation dynamique et illusionniste de l'espace.
On peut le percevoir nettement enarchitecture (colonnade de la place Saint-Pierre, par le Bernin; église de Saint-Yves-à-la-Sapience, de Borromini),où l'édifice apparaît de façon tout à fait différente selon l'angle d'observation choisi; un édifice aux espaces entrompe-l'oeil, aux lignes dynamiques toujours mouvantes qui se dilatent et se resserrent constamment.
A Venise,Baldassare Longhena règne en maître: ses ouvrages dénotent un sens consommé de la mise en scène et une grandesensibilité dans le dosage de la lumière du paysage lagunaire.
Le modénais Guarino Guarini travaille à Milan, où ilinaugure une époque extraordinaire pour l'architecture piémontaise, qui se poursuivra au XVIIIe siècle avec Juvara.Dans ses ouvrages (chapelle du Saint-Suaire, église Saint-Laurent), une place importante est accordée à lacoupole: allégée de ses surfaces murales, elle est constituée d'une unique ordonnance de côtes s'élançant vers lehaut, comme pour évoquer la dimension raréfiée et mystérieuse de l'infini.
Après une phase marquée par unearchitecture linéaire et sévère (Alonso Cano), l'Espagne développe le style churrigueresque, type de décorationsomptueuse et foisonnante qui, appliquée aux édifices, n'en altère pas pour autant la structure.
Le baroqueespagnol, très décoratif, présente des analogies avec celui de Lecce, dans les Pouilles (Giuseppe Zimbalo).
EnFrance, le baroque s'oriente vers des formes plus équilibrées, exprimant la sensibilité classique, basée sur larégularité, la symétrie et le sens pratique.
La construction résidentielle jouit d'une grande ferveur, aussi bien en ville(hôtels particuliers) qu'à la campagne (châteaux).
Parmi les réalisations les plus importantes, il faut retenir le Louvre(Louis Le Vau) et, naturellement, Versailles (Jules Hardouin-Mansart).
Vienne est elle aussi particulièrement activedans la construction d'édifices résidentiels.
Deux personnalités en particulier sont à signaler: Fischer von Erlach, quia édifié, sur le modèle de Versailles, le château de Schönbrunn, résidence des Habsbourgs sur le modèle deVersailles, et Lucas von Hildebrandt, auquel on doit le château du Belvédère destiné au prince Eugène de Savoie.Parmi les édifices religieux, figure la magnifique abbaye de Melk (Jacob Prandtauer), perchée sur une colline etdominant la vallée.
En Allemagne, parmi les personnalités importantes, il convient de signaler Balthasar Neumann(résidence impériale à Wurtzbourg).
En Bohême, Andrea Spezza (palais Waldstein) et d'autres architectes italiensconstruisent des résidences pour l'aristocratie praguoise, en introduisant le baroque italien; toujours en Bohême, lafamille allemande des Dientzenhofer est active, en particulier dans le domaine de l'architecture religieuse.
Enfin, enAngleterre, les architectes Inigo Jones et Christopher Wren (cathédrale Saint-Paul à Londres) sont les principauxreprésentants d'un style plus mesuré, débiteur de l'Antiquité classique autant que du classicisme français.
Ensculpture également, la recherche s'oriente vers un profond dynamisme des formes.
Francesco Mochi en est unprécurseur (monument à Alexandre Farnèse): dans ses oeuvres, c'est la lumière qui traduit la véhémence dumouvement et anime les figures.
Le Bernin travaille avec la même approche : on lui doit un grand nombre de chefs-d'oeuvre de virtuosité et de poésie, tels que la statue d'Apollon et Daphné, admirable interprétation du thèmeovidien de la Métamorphose.
Les jalons nécessaires à l'épanouissement de la peinture baroque sont posés parCaravage et Annibal Carrache.
Tous deux hostiles au maniérisme, ils établissent comme principe de leur artl'approche directe de la réalité.
Mais l'aboutissement de leurs recherches est différent.
Caravage approfondit sonanalyse de la réalité jusqu'à en représenter les aspects les plus crus et les plus dramatiques (Martyre de saintMatthieu).
Carrache, quant à lui, est moins radical dans son réalisme, qui devient le point de départ d'unereprésentation équilibrée et rationnelle (Fuite en Egypte).
Cette même idéalisation d'empreinte classique fait l'objetde recherches des Français Nicolas Poussin et Claude Lorrain.
Mais le réalisme dramatique du Caravage influenceégalement de nombreux artistes: les Français Louis le Nain, qui choisit comme sujet le monde paysan, et Georges deLa Tour.
C'est encore de Caravage que s'inspirent les Espagnols, Jusepe de Ribera, qui séjourne longuement enItalie, Francisco de Zurbarán, qui privilégie les sujets religieux traduits dans une spiritualité austère et dramatique,et enfin Vélasquez, dont les oeuvres (au réalisme qualifié d'"impassible", en tant que contemplation supérieure de laréalité) annoncent la sensibilité moderne par ses qualités chromatiques et sa touche picturale (Vénus au miroir).Caravage inspire aussi les Hollandais Vermeer et Rembrandt.
Ce dernier s'oriente de plus en plus vers unereprésentation intériorisée de la réalité, dont il tente d'exprimer la vérité, loin de toute convention artistique et detout conditionnement de la société contemporaine.
Au début du XVIIIe siècle se répand une nouvelle tendanceconnue sous le nom de rococo.
Le style rococo entend opposer au foisonnement des formes et au faste du baroquel'agrément et la grâce facile de l'ornement.
Le foyer principal de l'élaboration et de la diffusion du rococo est la.
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