L'affaire du LuxembourgLa politique du «pourboire».
Publié le 17/05/2020
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La politique du «pourboire» 1866
L'écrasante victoire des Prussiens sur
les Autrichiens modifie l'équilibre euro
péen au profit de la
Prusse.
En France,
on s'inquiète: «Nous aussi, Français,
nous avons été vaincus à Sadowa», dit le maréchal Randon.
Na po léon III espè
re toutefois que sa complaisance envers
la Prusse sera récompensée par quelque
bénéfice territorial qui rassurerait l'opi
nion.
Bismarck résume crûment la situa
tion:
«Louis nous présente sa note d'au
bergiste ...
il veut un pourboire.» L'em
pereur voudrait obtenir la rive gauche
du Rhin et
le Luxembourg.
Bismarck
refuse de céder une terre allemande.
Une annexion de la Belgique est suggé
rée puis rejetée
à cause des complica
tions qu'elle entraînerait.
Napoléon III doit réduire ses ambitions
au seul Luxembourg.
Depuis 1839, le
grand-duché est indépendant mais gou
verné
par le roi des Pays-Bas.
Il est en
outre membre de l'ancienne Confédéra
tion germanique et, à ce titre, une garni
son prussienne occupe la citadelle.
La
France fait discrètement valoir au roi
des
Pays-Bas que le statut du grand
duché est source de frictions avec son
puissant voisin allemand et propose de
l'acquérir moyennant une indemnité.
La diplomatie française se fait fort d'apla
nir les difficultés âvec Berlin.
Bismarck
ne semble pas opposé
à cette transac
tion, mais il souhaite être mis devant le fait accompli afin que les nationalistes
allemands ne puissent l'accuser de fai
blesse.
Le roi des
Pays-Bas demande conseil
par courtoisie au représentant de la
Prusse à La Haye.
L'affaire est divul
guée.
L'opinion allemande s'émeut.
Ben
nigsen interpelle Bismarck au Reichstag
en s'indignant
de ce marché qui livre un «pays allemand» à la France.
Dès lors, le chancelier fait mine de se retrancher
derrière l'opinion publique.
Le roi des Pays-Bas subit des pressions et prend
peur.
La cession n'aura pas lieu.
Napoléon III a été berné.
Il songe
à la
guerre, mais l'armée n'est pas prête.
Pour sauver l'honneur, la diplomatie
française propose une ligne de repli:
puisque la France renonce au Luxem
bourg, la
Prusse doit évacuer la citadelle
qui représente une menace permanente.
L'Angleterre, l'Autriche et la Russie
soutiennent ce compromis.
Sur proposi
tion du tsar, les parties concernées se réunissent à Londres en mai 1867.
La conférence réaffirme la souveraineté de
la maison d'Orange-Nassau sur le Luxembourg et déclare le grand-duché
neutre.
En conséquence, les Prussiens évacuent la forteresse qui sera démante
lée.
Cette conclusion ne parvient pas à faire oublier, en France, la série
d'échecs qu'a valus la politique des
compensations.
Si Napoléon III s'est fait jouer par Bis marck, il récidivera plus gravement
encore, trois ans plus tard, avec l'affaire
de la dépêche d'Ems.
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