L'accord entre les hommes est-il un critère suffisant de la vérité ?
Publié le 15/05/2020
Extrait du document
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Définition des termes du sujet:
VéritéLa vérité concerne l'ordre du discours, et il faut en cela la distinguer de la réalité.
Elle se définit traditionnellementcomme l'adéquation entre le réel et le discours.Qualité d'une proposition en accord avec son objet.
La vérité formelle, en logique, en mathématiques c'est l'accordde l'esprit avec ses propres conventions.
La vérité expérimentale c'est la non-contradiction de mes jugements,l'accord et l'identification de mes énoncés à propos d'un donné matériel.
On distinguera soigneusement la réalité quiconcerne un objet (ce cahier, cette lampe sont réels) et la vérité qui est une valeur qui concerne un jugement.Ainsi le jugement : « ce cahier est vert » est un jugement vrai ou bien un jugement faux.
La vérité ou la faussetéqualifient donc non l'objet lui-même mais la valeur de mon assertion.La philosophie, parce qu'elle recherche la vérité, pose le problème de ses conditions d'accès et des critères dujugement vrai.
Critère: du grec kritêrion, ce qui sert à juger.
C'est une norme qui permet de reconnaître les valeurs de bien ou de mal, de vrai ou de faux.
Accord: état qui résulte d'une communauté ou d'une conformité de pensées, de sentiments; c'est une entente. Être d'accord, c'est être du même avis, partager la même idée.
[Introduction]
Classiquement, la vérité consiste à réaliser l'accord de la pensée et du réel.
La notion de vérité renvoie au problèmede la connaissance.
Mais la définition de la vérité ne s'impose pas de manière évidente à l'esprit : elle n'est pasobservable, mesurable.
Peut-on trouver un critère universel de la vérité, applicable à tous les domaines –scientifique, mathématique, moral, philosophique, historique ? Ce critère serait-il l'accord entre les hommes ?
[I.
S'accorder, est-ce un critère de vérité ?]
On peut s'accorder sur des objets dont la démonstrations répond aux critères logiques de la pensée.
Il est aisé des'accorder sur des propositions mathématiques, par exemple : il suffit de procéder par ordre et clarté, de suivre lesrègles.
Si nous suivons les mêmes normes de raisonnement, nous nous accordons sur le théorème de Pythagore, oula relativité d'Einstein.
La vérité mathématique est une vérité formelle sur laquelle les hommes s'accordent.
D'ailleurs,Descartes ne dit pas autre chose dans le Discours de la méthode : les quatre règles de sa méthode permettent deparvenir à une idée claire, distincte, évidente et donc à une idée vraie.Après avoir discuté, argumenté, on peut aussi s'accorder sur des domaines non vérifiables scientifiquement, commela politique, la vision du monde, etc.
Mais ces domaines étant de l'ordre de la subjectivité, il est impossible d'affirmerleur vérité.
Car il s'agit ici d'une vérité éprouvée dans l'intimité de mon être, même si elle est partagée par desmillions d'autres hommes.
C'est le cas des croyances religieuses, par exemple.N'oublions pas qu'il existe également des techniques sophistiquées de persuasion, voire de manipulation.
Dans cecas, l'accord entre les hommes peut être le résultat de cette manipulation.
Le langage est un instrument dedomination.
Un bon rhéteur n'est pas nécessairementquelqu'un qui dit la vérité.
Les discours des sophistes prouvent qu'il est possible de défendre n'importe quelle cause,de soutenir n'importe quelle thèse, à condition de manier l'art oratoire et les règles de la rhétorique.
[II.
S'accorder, est-ce un critère nécessaire de la vérité?]
Ce qui est clair c'est que, pour progresser, il est nécessaire de s'accorder.
Il faut donc obtenir un consensus : quece soit par la preuve logico-mathématique, l'argumentation, la persuasion, l'échange, etc., il est nécessaire des'accorder pour que nos connaissances progressent, se développent.
Il est par exemple nécessaire de s'accorder surla définition des mots si l'on veut communiquer. Platon démontre dans ses Dialogues la nécessité de rencontrer la pensée de l'autre pours'élever vers la vérité.
Il est indispensable de confronter ses opinions avec celles desautres pour les approfondir, les critiquer, les remplacer par d'autres mieux fondées.
Ledialogue stimule les esprits et ouvre de nouveaux horizons.
Les scientifiques neprogressent que de cette façon.
La vérité qu'ils découvrent est le résultat deconfrontations, de vérifications, pour aboutir à une vérité admise par tous, jusqu'à cequ'elle soit à son tour dépassée.
Car toute vérité scientifique est une opinion partagéepar tous les spécialistes.L'accord avec autrui est donc un critère nécessaire de vérité : penser, c'est toujourscommuniquer sa pensée à autrui.
La vérité ne peut donc se fonder que sur lacommunication et la reconnaissance de cette vérité par tous.
En effet : ou le vrai estquelque chose d'indicible, d'incommunicable, et dans ce cas il n'y a rien à en dire, nipersonne à convaincre ; ou le vrai est ce qui se démontre et se discute, ce dont onpeut rendre raison grâce à l'argumentation, et alors il peut être l'objet d'une élaborationcommune, d'un consensus.
[III.
L'accord entre les hommes n'est pas un critère suffisant de vérité].
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