La yéchiva : la maison d'étudeEsquissons maintenant une petite visite dans la maison d'étude.

« La yéchiva : la maison d’étude Esquissons maintenant une petite visite dans la maison d’étude.

Elle se nomme en hébreu Bèt-haMidrach ou Yéchiva.

Lorsque l’on est habitué au silence religieux des bibliothèques de lecture, on est immédiatement surpris en entrant dans le Bèt-haMidrach, car on est accueilli par une ambiance étonnante de bruits et mouvements : désordre, brouhaha, allées et venues incessantes… La maison d’étude, qui sert aussi de synagogue et très souvent de salle de fêtes ou tout simplement de salle à manger, est le noyau de la vie intellectuelle et spirituelle.

Certaines maisons d’étude accueillent plusieurs centaines d’étudiants dans la même salle, et tous étudient à haute voix, en même temps ! Les étudiants du Talmud n’ont pas la quiétude du moine.

Le silence n’est pas la règle ; sur les tables rarement alignées foisonnent pêle-mêle toutes sortes de livres de toutes tailles, livres ouverts, fermés, empilés les uns sur les autres. Les étudiants — assis, debout, un genou sur le banc ou sur la chaise —, sont penchés sur les textes du Talmud ; l’un à côté de l’autre mais le plus souvent face à face, ils lisent à haute voix, se balançant d’avant en arrière, de gauche à droite, ponctuant les articulations difficiles du raisonnement avec de larges gestes du pouce, frappant impétueusement les livres ou la table, voire l’épaule du compagnon d’étude que l’on appelle un Havère, feuilletant avec fébrilité les pages d’un livre de commentaire pris et remis rapidement dans les rayons de l’immense bibliothèque qui fait le tour de la salle.

Les protagonistes de cette « guerre du sens » essaient de comprendre, d’interpréter et d’expliquer.

Rarement d’accord, heureusement, sur le sens du passage étudié, ils vont consulter le maître qui écoute, explique, prend position sur les thèses proposées et calme, pour quelque temps, le combat passionné des consultants. Sur une table un peu plus loin, un étudiant s’est endormi, les bras croisés sur son texte du Talmud ; à côté de lui, un autre sirote un café et fume une cigarette en prenant un air méditatif, concentration nécessaire à la suite de l’étude.

Tout bouge, le Bèt-haMidrach connaît une effervescence ininterrompue où, de jour comme de nuit, résonnent les voix et le bruissement infini de l’étude…. »