La visite de la vieille dame de Dürrenmatt (Résumé & Analyse)

« La Visite de la vieille dame (Der Besuch der alten Dame) a été créée à Zurich en 1956 et jouée pour la première foisen France l'année suivante, au théâtre Marigny, interprétée par des comédiens tels que Sylvie, Christian Marin, PaulCrauchet et Henri Virlojeux. La vieille dame revient dans sa ville natale après une longue absence et elle propose aux habitants un marché qui vaaboutir à un meurtre. Injustice et vengeanceSur la scène, le coup de théâtre survient généralement à la fin ; dans la pièce de Dürrenmatt, il éclate au début :Mme Claire Zahanassian, la vieille dame, revient dans sa ville natale, Güllen, après quarante ans d'absence.

Elle étaitpauvre, et elle est maintenant milliardaire, alors que dans la ville, tout est déchéance et ruine.

Voilà qui mérite bienun accueil digne de ce nom, aussi empressé qu'intéressé.

Mais que propose la vieille dame aux habitants de Güllen ?Cent milliards si l'on répare l'injustice dont elle fut la victime alors qu'elle avait dix-huit ans ; cinquante milliards pourla ville et cinquante milliards que se partageront tous les habitants.

Mais, « pour ce prix, précise-t-elle, je m'achètela justice.

» Pressée de s'expliquer, elle rappelle dans quelles conditions elle dut quitter Güllen : un certain Alfredl'avait séduite puis abandonnée après l'avoir mise enceinte et avait récusé sa paternité au cours d'un procès oùfurent produits de faux témoins.

Sans ressources et chassée, Claire perdit son enfant et échoua dans un bordel deHambourg. Un meurtre juste ?Le monde a fait de moi une putain ; je veux faire du monde un bordel.

» Les habitants de Güllen commencent parrefuser le marché.

« Nous préférons rester pauvres, plutôt que de nous couvrir de sang », dit le maire de la ville.

Caril s'agit bien de cela : cent milliards pour tuer Alfred III.

Mais la peur et la suspicion s'installent, et peu à peu l'idéedu meurtre s'insinue dans les esprits ; la cupidité l'emporte et le sacrifice d'un homme, le fait de tuer pour del'argent, semble désormais à la population être du ressort de la justice.

Ainsi, à partir d'une situation presque banaleet de personnages qui sont des quidams, Dürrenmatt, avec un humour noir et une ironie décapante, nous faitplonger insensiblement dans l'absurde et la cruauté.

Dans un monde bien ordonné, la vieille dame fait surgir ungrouillement souterrain de non-dits, de frustrations et de blessures jamais cicatrisées.

L'absurde devient lanormalité, et le meurtre n'est plus contraire à la justice.

Car, pour l'auteur, il s'agit d'être conscient de la folie dumonde, d'un monde dont la logique conduit parfois jusqu'au crime.. »